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Le nozze di Figaro” by Wolfgang Amadeus Mozart libretto (French)

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Contents: Personnages; Premier Acte; Deuxième Acte; Troisième Acte; Quatrième Acte
TROISIÈME ACTE

Une salle magnifique avec deux trônes, et préparée
pour la cérémonie nuptiale.


LE COMTE (Il va et vient.)
Quel imbroglio!
Une lettre anonyme...
la camériste enfermée dans le cabinet de toilette.
la Comtesse troublée.un homme qui saute
du balcon dans le jardin.puis un autre
qui prétend que ce fut lui.
que dois-je en penser.Peut-être
que l'un de mes vassaux.il y a de la révolte
dans l'air.Mais la Comtesse.
non, le doute serait déjà une offense.
elle a trop de respect pour elle-même;
et mon honneur.mon honneur.
où donc m'a mené la faiblesse humaine?
(La Comtesse et Susanna entrent et restent au
fond, le Comte ne les aperçoit pas.)


LA COMTESSE
Du courage; dis-lui
qu'il t'attende au jardin.

LE COMTE (toujours en soi-même)
Je vais savoir
si Cherubino est à Séville.

C'est pourquoi j'y ai envoyé Basilio...

SUSANNA
Ciel! Et Figaro...

LA COMTESSE
A lui pas un mot.
C'est moi qui viendrai à ta place.

LE COMTE
Vers le soir il devrait être de retour.

SUSANNA
Seigneur! Je n'ose pas.

LA COMTESSE
Songe que mon bonheur est entre tes mains.
(Elle se cache.)

LE COMTE
Et Susanna? Qui sait
si elle n'a pas trahi mon secret.
Si elle l'a fait, il épousera la vieille.

SUSANNA (à part)
Marcellina!
(au Comte)
Monseigneur

LE COMTE
Que voulez-vous?

SUSANNA
Vous êtes en colère, il me semble!

LE COMTE
Vous voulez quelque chose?

SUSANNA
Monseigneur...Madame
a la migraine et vous prie
de me remettre le flacon de sels.

LE COMTE
Voici.

SUSANNA
Je vous le rapporte à l'instant.

LE COMTE
Mais non, vous pouvez
le garder pour vous.

SUSANNA
Pour moi?
Ce ne sont point là les maux
des femmes de mon état.

LE COMTE
Une fiancée qui perd son amoureux
le jour même de ses noces.

SUSANNA
Mais si je payais Marcellina
avec la dot que vous m'avez promise

LE COMTE
Que je vous ai promise? Quand?

SUSANNA
J'avais cru comprendre.

LE COMTE
Qui, assurément,
si vous aviez voulu m'écouter,

SUSANNA
C'est bien mon devoir.
Et la volonté de votre Excellence sera la mienne.

N°16 : Duo

COMTE
Cruelle ! Pourquoi m'avoir fait
languir ainsi jusqu'à maintenant ?

SUSANNA
Monsieur, une femme a toujours
tout son temps pour dire oui.

COMTE
Tu viendras donc dans le jardin ?

SUSANNA
Si vous le voulez, je viendrai !

COMTE
Et tu n'y manqueras pas ?

SUSANNA
Non, je n'y manquerai pas !

COMTE
Tu viendras ?

SUSANNA
Oui.

COMTE
Tu n'y manqueras pas ?

SUSANNA
Non.

COMTE
Tu n'y manqueras pas ?

SUSANNA
Non, je n'y manquerai pas.

COMTE
Je sens mon cœur
qui se gonfle de joie !

SUSANNA
Pardonnez-moi si je mens,
vous qui comprenez l'amour !

COMTE
Tu viendras donc dans le jardin ?

SUSANNA
Si vous le voulez, je viendrai !

COMTE
Et tu n’y manqueras pas ?

SUSANNA
Non, je n'y manquerai pas !

COMTE
Tu viendras ?

SUSANNA
Oui.

COMTE
Tu n'y manqueras pas ?

SUSANNA
Non.

COMTE
Tu viendras ?

SUSANNA
Non !

COMTE
Non ?

SUSANNA
Si vous le voulez, je viendrai.

COMTE
Tu n'y manqueras pas ?

SUSANNA
Non !

COMTE
Tu viendras ?

SUSANNA
Oui !

COMTE
Tu n'y manqueras pas ?

SUSANNA
Oui !

COMTE
Oui ?

SUSANNA
Non, je n'y manquerai pas.

COMTE
Je sens mon cœur, etc.

SUSANNA
Pardonnez-moi, etc.

LE COMTE
Et pourquoi ce matin
m'avoir traité si durement?

SUSANNA
Avec le page caché.

LE COMTE
Et envers Basilio,
qui te parlait en mon nom.

SUSANNA
Pourquoi aurions-nous besoin
d'un Basilio entre nous.

LE COMTE
Voici qui est très juste, assurément.
Et maintenant tu me promets.
mais si tu ne viens pas, mon cœur...
Vite, la Comtesse
attend le flacon.

SUSANNA
Mais ce n'était qu'un prétexte.
Autrement, je ne pouvais pas vous aborder.

LE COMTE (la prenant par la main)
Ma très chère!

SUSANNA
Il vient du monde.

LE COMTE (à part)
Elle m'appartiendra centainement.

SUSANNA (à part)
Léchez-vous les babines, rusé petit comte.
(Elle veut partir, mais près de la porte elle rencontre Figaro.)

FIGARO
Eh, Susanna, où vas-tu?

SUSANNA
Tais-toi. Tu as gagné la cause
sans avoir besoin d'avocat.

(Elle sort.)

FIGARO
Que s'est-il passé?
(Il la suit.)

N° 17 : Récitatif et Air

COMTE
Tu as déjà gagné ton procès ? Qu'est-ce que
j'entends ? Dans quel piège allais-je tomber ?
Traîtres ! Je veux... je veux une punition
exemplaire ! La sentence ne dépend que de moi.
Mais s'il payait la vieille plaignante ! La payer ?
Comment ? Et puis, il y a Antonio qui refuse de
donner sa nièce en mariage à un inconnue comme
Figaro. En flattant l'orgueil de ce sot... Tout vient
seconder ma ruse ! Le sort en est jeté.
Verrai-je alors que je soupire
un de mes serviteurs comblé ?
Et faudra-t-il qu'il possède
un bien que je désire en vain ?
Verrai-je unie à un vil coquin
par la main de l'amour
celle qui en moi a éveillé une affection
qu'elle ne ressent pas pour moi !
Verrai-je cela ? Le verrai-je ? etc.
Ah, non ! je ne veux pas te laisser
jouir en paix de ce bonheur !
Tu n'es pas né, audacieux,
pour me persécuter
et pour rire peut-être, en outre,
pour rire de ma douleur !
Désormais la seule espérance

de parvenir à me venger
réconforte mon âme
et me fait jubiler !
Ah, je ne veux pas te laisser, etc.
(Figaro revient, suivi de Curzio, Marcellina et Bartolo.)

DON CURZIO
Le débat est tranché,
« Paye-la ou épouse la », sans réplique!

MARCELLINA
Je respire.

FIGARO
Et moi, je meurs.

MARCELLINA (à part)
Epouser enfin un homme que j'adore.

FIGARO (au Comte)
Excellence, je fais appel.

LE COMTE
La sentence est juste.
« Paye-la ou épouse la ». C'est bien, Don Curzio.

DON CURZIO
Vous êtes trop bon, Excellence.

BARTOLO
Quelle superbe sentence!

FIGARO
Pourquoi superbe?

BARTOLO
Nous sommes tous vengés.

FIGARO
Je ne l'épouserai pas.

BARTOLO
Tu l'épouseras.

DON CURZIO
«Paye-la ou épouse-la», Elle t'a prêté
deux mille écus.

FIGARO
Je suis un gentilhomme, et sans
l'accord de mes nobles parents.

LE COMTE
Où sont-ils? Qui sont-ils?

FIGARO
Donnez-moi du temps pour les retrouver,
dans dix ans, je pense, cela sera fait.

BARTOLO
Un enfant trouvé?.

FIGARO
Non, perdu, Docteur, plutôt volé.

LE COMTE
Comment?

MARCELLINA
Quoi?

BARTOLO
Prouve-le.

DON CURZIO
Le témoin?

FIGARO
L'or, les bijoux et les étoffes brodées
que les ravisseurs trouvèrent
avec l'enfant que je fus,
ce sont des témoins honorables
de ma noble naissance, et surtout
ces marques tatouées sur mon bras.

MARCELLINA
Une spatule sur le bras droit?

FIGARO
Qui vous l'a dit?

MARCELLINA
Mon Dieu!
C'est lui.

FIGARO
C'est vrai, c'est moï.

DON CURZIO
Qui?

LE COMTE
Qui?

BARTOLO
Qui?

MARCELLINA
Raphaël.

BARTOLO
Des ravisseurs t'ont enlevé?

FIGARO
Près d'un château.

BARTOLO
Voici ta mère.

FIGARO
Nourrice?...

BARTOLO
Non, ta mère.

LE COMTE ET DON CURZIO
Sa mère!

FIGARO
Qu'est-ce que j'entends!

MARCELLINA
Et voilà ton père!

N° 18 : Sextuor

MARCELLINA (étreignant Figaro)
Reconnais à cette étreinte
une mère, mon fils chéri !

FIGARO (à Bartolo)
Mon père, faites-en autant,
ne me faites plus rougir !

BARTOLO (étreignant Figaro)
Ma conscience m'interdit
de m'opposer à ton désir !
(Figaro étreint ses parents.)

CURZIO
Lui son père ? Elle sa mère ?
Le mariage ne peut se faire !

COMTE
Je suis éperdu, abasourdi,
il vaut encore mieux partir !

MARCELLINA, BARTOLO
Fils bien-aimé !

FIGARO
Parents bien-aimés !
(Susanna paraît.)

SUSANNA
Halte-là, Monsieur le Comte,
j'ai mille piastres toutes prêtes !
Je viens payer pour Figaro
et lui rendre sa liberté.

MARCELLINA, BARTOLO
Fils bien-aimé !

CURZIO, COMTE
Nous ne sommes pas au fait de l'affaire,
voyez-donc un peu par là !

FIGARO
Parents bien-aimés !

SUSANNA
(voit Figaro embrasser Marcellina)
Il s'est déjà entendu avec son épouse ?
Grands Dieux ! Quel infidèle !
(Elle veut partir. Figaro la retient.)
Laisse-moi, misérable !

FIGARO
Non, arrête !
Écoute, ma mie, écoute !

SUSANNA (le souffletant)
Et toi, prends ça !

MARCELLINA, BARTOLO, FIGARO
C'est son bon cœur qui la pousse,
elle n'obéit qu'à l'amour.

SUSANNA (bas)
Je frémis, je bous de colère,
une vieille se joue de moi !

COMTE, CURZIO
Je frémis/il frémit, je bous/il bout de colère,

le destin se joue de moi/lui !

MARCELLINA (à Susanna)
Calmez votre courroux,
ma chère enfant,
embrassez sa mère
qui est désormais la vôtre !

SUSANNA (à Bartolo)
Sa mère?

BARTOLO
Sa mère !

SUSANNA (au Comte)
Sa mère !

COMTE
Sa mère !

SUSANNA (à Curzio)
Sa mère ?

CURZIO
Sa mère !

SUSANNA (à Marcellina)
Sa mère ?

MARCELLINA
Sa mère !

MARCELLINA, CURZIO, COMTE, BARTOLO
Sa mère !

SUSANNA (à Figaro)
Ta mère ?

FIGARO
Et voici mon père
qui te le dira !

SUSANNA (à Bartolo)
Son père ?

BARTOLO
Son père !

SUSANNA (au Comte)
Son père ?

COMTE
Son père !

SUSANNA (à Curzio)
Son père ?

CURZIO
Son père!

SUSANNA (à Marcellina)
Son père ?

MARCELLINA
Son père !

MARCELLINA, CURZIO, COMTE, BARTOLO
Son père !

SUSANNA (à Figaro)
Ton père ?

FIGARO
Et voici ma mère
qui te le dira ! etc.

CURZIO, COMTE
En pareil instant,
mon/son âme, à grand peine,
parvient à endurer
son cruel tourment.

SUSANNA, MARCELLINA, BARTOLO, FIGARO
En pareil instant,
mon âme, à grand peine,
parvient à goûter
son doux contentement !
(Le Comte et Don Curzio sortent.)

MARCELLINA (à Bartolo)
Voyez, mon cher ami, le doux fruit
de notre vieil amour.

BARTOLO
Ne parlons pas maintenant
du passé: il est mon fils,
et vous ma compagne;
nous nous marierons quand vous voudrez.

MARCELLINA
Aujourd'hui; il y aura deux mariages.
(Elle donne le reçu à Figaro.)
Prends, ceci est le reçu
des dettes que tu avais envers moi. C'est ta dot.

SUSANNA
(jetant la bourse par terre)
Et prends cette bourse aussi.

BARTOLO (faisant de même)
Et puis celle-ci.

FIGARO
Excellent. Jetez toujours, je ramasse.

SUSANNA
Il faut maintenant tout raconter
à Madame et à notre oncle.
Qui donc est aussi heureuse que moi?

FIGARO
Moi.

BARTOLO
Moi.

MARCELLINA
Moi.

TOUS
Que Monseigneur le Comte enrage de notre bonheur!

(Ils partent en se donnant le bras. Barbarina et
Cherubino entrent.)


BARBARINA
Partons chez moi, mon beau page,
tu trouveras
les plus jolies filles du château

et ce sera toi certainement le plus beau.

CHERUBINO
Malheureux que je suis si le Comte me trouve.
Tu sais bien
qu'il me croit à Séville.

BARBARINA
Quelle merveille, et s'il te trouve
ce ne sera pas nouveau.
Ecoute! Nous allons t'habiller comme nous,
puis nous irons ensemble
présenter des fleurs à ma maîtresse.
fais confiance, Cherubino, à Barbarina.
(Ils partent. La Comtesse paraît.)

N° 19 : Récitatif et Air

COMTESSE
Et Susanna qui ne revient pas ! J'ai hâte de savoir
comment le Comte a pris la chose ! Que mon
projet me semble donc hardi ! Avec un époux aussi
vif et jaloux ! Mais, quel mal y a-t-il ? En changeant
de vêtements avec Susanna à la faveur de
l'obscurité... Oh, ciel ! À quel humble état suis-je
réduite par cet époux cruel qui, après m'avoir,
avec un mélange inouï d'infidélité, de jalousie et
de mépris, d'abord aimée, puis outragée et
finalement trahie, m'oblige désormais à rechercher
l'appui de ma suivante !
Où s'en sont-ils allés, les beaux instants
de douceur et de plaisir ?
Où sont partis les serments

de cette bouche mensongère ?
Pourquoi donc, si en pleurs et en chagrin
tout s'est transformé pour moi,
le souvenir de mon bonheur
ne s'est-il pas effacé de mon cœur ?
Où s'en sont-ils allés, etc.
Ah ! si du moins ma constance
qui me fait languir, toujours amoureuse,
m'apportait la moindre espérance
de changer ce cœur ingrat !
Ah, si du moins ma constance, etc.
(Elle part. Entrent le Comte et Antonio)

ANTONIO
(un chapeau à la main)
Je vous informe, Monseigneur,
que Cherubino est encore au château;
en voilà le preuve: son chapeau.

LE COMTE
Comment cela? A l'heure qu'il est,
il devrait déjà être à Séville.

ANTONIO
Je vous demande bien pardon, c'est ma maison
qui lui tient lieu de Séville aujourd'hui.
Il y a mis une robe et laissé ses autres habits.

LE COMTE
Les perfides!

ANTONIO
Venez, je vous montrerai.
(Ils partent. Entrent la Comtesse et Susanna.)

LA COMTESSE
A ne pas croire!
Et qu'en dit le Comte?

SUSANNA
Sur son front j'ai pu lire
le dépit et la colère.

LA COMTESSE
C'est le moment de le dompter.
Où lui as-tu proposé
ce rendez-vous avec toi?

SUSANNA
Au jardin.

LA COMTESSE
Il faut préciser un endroit. Ecris!

SUSANNA
Que j'écrive...mais...Madame...

LA COMTESSE
Ecris, te dis-je.
Je prends tout sur moi.
(Susanna s'assied et écrit.)

N° 20 : Duettino

SUSANNA (écrivant)
Sur l'air !

COMTESSE
Quel doux petit zéphyre...

SUSANNA
Petit zéphyre...

COMTESSE
Soufflera ce soir...

SUSANNA
Soufflera ce soir...

COMTESSE
Sous les pins du bosquet !

SUSANNA
Sous les pins ?

COMTESSE
Sous les pins du bosquet.

SUSANNA
Sous les pins du bosquet.

COMTESSE
Il comprendra le reste.

SUSANNA
Il le comprendra, c'est certain.

COMTESSE
Il comprendra le reste.

COMTESSE
Chanson sur l'air, etc.

SUSANNA
Quel doux petit zéphyre, etc.

(Ensemble, elles relisent la lettre. Puis, Susanna
la plie.)


SUSANNA
Le billet est plié...mais comment le cacheter?

LA COMTESSE
(Elle tire une épingle de sa robe et la lui tend.)
Voici...prends une épingle.
Elle te servira à le cacheter. Attends...ajoute
au dos de la feuille:
« Renvoyez le cachet. »

SUSANNA
Cette histoire de cachet
est encore meilleure que celle du brevet.

LA COMTESSE
Vite, cache la lettre...J'entends venir des gens.
(Susanna glisse le billet dans son corsage. Entrent
Cherubino, déguisé en paysanne, Barbarina et
d'autres paysannes, toutes vêtues de même,
apportant des bouquets.)


N° 21 : Chœur

LES PAYSANNES
Acceptez, chère maîtresse,
ces roses et ces fleurs
que nous avons cueillies, ce matin
en gage de notre amour !
Nous ne sommes que des paysannes
et nous ne sommes pas riches,

mais le peu que nous avons
nous vous le donnons de bon cœur !

BARBARINA
Voilà, Madame,
les jeunes filles du pays.
Elles vous apportent le peu qu'elles ont,
et vous prient de pardonner leur audace.

LA COMTESSE
Vous êtes gentilles! Je vous dis merci!

SUSANNA
Comme elles sont jolies!

LA COMTESSE (montrant Cherubino)
Et qui donc, dis-moi,
est cette charmante jeune fille
a l'air si timide?

BARBARINA
C'est ma cousine, qui est arrivée
pour les noces, hier soir.

LA COMTESSE
Honorons la belle étrangère.
(à Cherubino)
Venez ici.Donnez-moi vos fleurs.
(Cherubino lui donne son bouquet et reçoit un
baiser au front, bas)

Comme elle rougit .
(à Susanna)
Susanna, tu ne trouves pas.
qu'elle ressemble à quelqu'un? ...

SUSANNA
C'est le moins qu'on puisse dire.
(Entrent le Comte et Antonio Antonio avance
doucement, le chapeau du page à la main. Il enlève
à Cherubino la coiffe et lui met le chapeau.)


ANTONIO
Eh sacrebleu! Voilà Monsieur l'officier.

LA COMTESSE (à part)
O ciel!

SUSANNA (à part)
Le filou!

LE COMTE (à la Comtesse)
Eh bien, ma chère.

LA COMTESSE
Je suis confuse et interdite
tout autant que vous.

LE COMTE
Mais ce matin?

LA COMTESSE
Ce matin.
nous voulions le déguiser
comme il l'est maintenant
pour la fête de ce soir.

LE COMTE (à Cherubino)
Pourquoi n'es-tu pas parti?

CHERUBINO
(enlevant vivement son chapeau)
Monseigneur!.

LE COMTE
Je saurai punir
ta désobéissance.

BARBARINA
Excellence, Excellence,
ne m'avez-vous pas dit souvent,
lorsque vous m'embrassiez:
« Barbarina, si tu m'aimes,
je te donne tout ce que tu voudras. »

LE COMTE
Moi, j'ai dit cela?

BARBARINA
Vous-même.
Alors, Monseigneur,
donnez-moi Cherubino pour mari,
et je vous aimerai autant que mon petit chat.

LA COMTESSE (au Comte)
Eh bien, ceci vous concerne.

ANTONIO (à Barbarina)
Excellent, ma fille!
On voit que tu as eu de bons maîtres.

LE COMTE (à part)
Je ne sais quel homme, démon ou dieu,
me fait manquer tout ce que j'entreprends!

(Entre Figaro.)

FIGARO
Monseigneur...si vous retenez ici
toutes ces jolies jeunes filles,
adieu, fêtes.adieu, danses.

LE COMTE
Quoi, tu voudrais danser
avec une cheville foulée?

FIGARO
(Il essaye quelques mouvements avec son pied, puis
se met à danser.)

Je ne la sens plus guère.
(Il appelle les jeunes filles et veut se retirer, mais le
Comte le rappelle.)

Venez, belles demoiselles...

LA COMTESSE (à Susanna)
Comment se tirera-t-il de cet embarras?

SUSANNA (à la Comtesse)
Laissez-le-faire.

LE COMTE
Heureusement que les pots de fleurs
n'étaient qu'en terre.

FIGARO
Sans aucun doute,
mais partons maintenant, il est temps.
(Il veut partir, mais Antonio le rappelle.)

ANTONIO
Et pendant ce temps le page
galopait vers Séville, n'est-ce pas?

FIGARO
Galopait ou trottait, bon voyage.
Venez, belle jeunesse.
(Il veut partir.)

LE COMTE
(Lui barrant le chemin)
Et son brevet d'officier
resta dans ta poche.

FIGARO
Bien sûr,
mais pourquoi ces questions?

ANTONIO
(à Susanna, qui fait des signes à Figaro)
Tes gestes sont inutiles, il ne te comprend pas.
(prenant Cherubino par la main et le montrant à
Figaro)

Et quelqu'un prétend
que Monsieur mon neveu n'est qu'un menteur.

FIGARO
Cherubino!

ANTONIO
Le voilà.

FIGARO (au Comte)
Que diable chante-t-il?

LE COMTE
Non, il ne chante pas, mais il affirme
que ce matin il a sauté sur les fleurs .

FIGARO
Il l'affirme! .pourquoi pas?
Puisque j'ai bien sauté du balcon,
pourquoi n'en aurait-il pas fait autant?

LE COMTE
Lui aussi?

FIGARO
Pourquoi pas?
Je n'affirme jamais ce que je ne sais pas.

N° 22 : Finale
(On entend au loin une marche.)

FIGARO
Voici la marche ! Partons ! À vos postes, mes
belles, à vos postes ! Susanna, donne-moi le bras !

SUSANNA (Figaro prend Susanna par le bras.)
Voilà !
(Tout le monde sort sauf le Comte et la Comtesse.)

COMTE
Insolents !

COMTESSE
Je suis de glace !

COMTE
Comtesse !

COMTESSE
Ne parlons pas, maintenant ! voici les deux
noces ! Nous devons les accueillir. Après tout, il
s'agit d'une de vos servantes ! Asseyons-nous.

COMTE
Asseyons-nous !
(bas)
Et songeons à nous venger !
(Ils s'assoient. Des chasseurs font leur entrée, le
fusil sur l'épaule, puis des magistrats, des paysans
et paysannes, deux jeunes filles qui portent le
chapeau de mariée à plumes blanches, deux autres
avec un voile blanc et deux autres avec les gants et
le bouquet de fleurs. Viennent ensuite Figaro et
Marcellina et Bartolo avec Susanna. Bartolo conduit
Susanna devant le Comte et elle s'agenouille pour
recevoir de lui le chapeau, etc. Figaro conduit
Marcellina à la Comtesse qui fait de même.)


DEUX JEUNES FILLES
Constantes amantes,
suivantes de l'amour,
chantez et louez
ce juste seigneur !
Renonçant à un droit
qui outrage et offense
il vous rend chastes
à vos amoureux !

CHŒUR
Chantons et louons ce juste seigneur !
(Susanna qui est restée à genoux tire le Comte par
la manche et lui montre son billet, puis elle porte la
main à sa tête et tandis que le Comte fait semblant
de lui ajuster son chapeau elle lui donne le billet. Le
Comte le glisse furtivement sur son sein. Susanna
se lève et lui fait une révérence. Figaro vient la
chercher. On danse le fandango. Marcellina se lève
peu après et Bartolo vient la recevoir des mains de
la Comtesse.)


COMTE
(sort le billet et se pique le doigt ; il le secoue, le
presse, le suce et s'apercevant que le billet est
cacheté par une épingle, il dit en jetant l'épingle à terre :)

Ah, toujours cette vieille habitude ! Les femmes
mettent des épingles partout ! Ah, ah ! Je
comprends la ruse !

FIGARO (à Susanna)
C'est un billet-doux qu'une donzelle lui aura remis
en passant ! Il était cacheté d'une épingle avec
laquelle il s'est piqué le doigt. Voilà notre Narcisse
qui la cherche ! Oh ! quel étourdi !

COMTE
Allez, mes amis ! Et que la cérémonie nuptiale soit
préparée pour ce soir avec la plus riche pompe !
Je veux que la fête soit splendide ! Avec des
chants et des feux, un grand dîner et un grand
bal ! Et que chacun apprenne comment je traite
ceux qui me sont chers !

CHŒUR
Constantes amantes, etc.


 
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