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Lucia di Lammermoor” by Gaetano Donizetti libretto (French)

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Contents: Personnages; Premier Acte; Deuxième Acte; Troisième Acte
La version française Lucie de Lammermoor, fut créée le 10 août 1839, au Théâtre de la Renaissance à Paris, dans laquelle le compositeur ainsi que les librettistes Alphonse Royer et Gustave Vaëz ont apporté d'importants changements.
DEUXIÈME ACTE

Scène 1

Les appartements de Lord Ashton
(Enrico et Normanno sont assis à une table.)

NORMANNO
Lucia va paraître.

ENRICO
Je l'attends en tremblant.
Notre illustre famille
est arrivée au château
pour célébrer
le brillant mariage.
Arturo sera bientôt là...
Et si elle s'obstine à refuser ?

NORMANNO
Ne craignez rien : la longue absence
de votre ennemi, les lettres
que nous avons interceptées,
et la fausse nouvelle de son infidélité
tueront un aveugle amour
dans le cœur de Lucia.

ENRICO
La voici ! Donne-moi
la lettre...
(Normanno lui donne une lettre.)
Et va sur la route qui conduit
à la reine des villes d'Écosse,
ramène Arturo.
Et qu'on l'accueille avec transport.

(Normanno sort. Lucia s'arrête sur le seuil. La pâleur de
son visage, son regard éteint, tout annonce sa
souffrance et les premiers signes de sa folie.)


ENRICO
Approche Lucia.
Je voudrais te voir plus joyeuse en ce jour,
ce jour où les torches de l'hymen brûlent
pour toi. Pourquoi me regarder sans rien dire ?

LUCIA
Cette visible pâleur
qui paraît sur mon visage
te reproche silencieusement
mes tourments...mon chagrin.
Que Dieu te pardonne
ta rigueur inhumaine,
que Dieu te pardonne,
etc.

...et ma peine.

ENRICO
L'amour honteux qui te consume
m'a justement fait inhumain.
Ne parlons plus du passé
je suis toujours ton frère.
La colère en mon cœur s'éteint,
que s'éteigne aussi ton amour insensé,
la colère en mon cœur,
etc.

Un noble époux...

LUCIA
Arrête ! Arrête !

ENRICO
Quoi !

LUCIA
Je suis promise à un autre.

ENRICO
(en furie)
Tu n'avais pas le droit...

LUCIA
Enrico !

ENRICO
(en furie)
Tu n'avais pas le droit !

LUCIA
J'ai juré fidélité à un autre !

ENRICO
Assez !

(lui tenant la lettre que Normanno lui a remise)
Cette lettre t'apprendra
quelle canaille tu aimais.
Lis !

LUCIA
(Lucia lit : la surprise et la douleur se peignent
successivement sur les traits de Lucia. Elle tremble de
tous ses membres.)

Ah ! mon cœur se brise !

ENRICO
(courant à elle)
Tu t'évanouis !

LUCIA
Jour infortuné !
Ah ! la foudre me frappe !
J'ai souffert dans les larmes...attendu dans l'affliction ;
j'avais mis toute ma foi en son cœur,
toute ma vie ! L'heure de la mort est venue,
ce cœur infidèle s'est donné à une autre.

ENRICO
Un perfide amour t'a envoûtée ;
tu as trahi ton sang pour un vil séducteur.

LUCIA
Oh ! Dieu !

ENRICO
Le ciel dans sa clémence t'a pardonnée.
Ce cœur infidèle s'est donné à une autre.

LUCIA
Hélas!
L'instant terrible est arrivé pour moi.
Ce cœur infidèle s'est donné à une autre.,
etc

ENRICO
Un perfide amour t'a envoûtée,
etc.
Ce cœur infidèle s'est donné à une autre,
etc.
(On entend au loin des cris de joie et d'accueil chaleureux.)

LUCIA
Quel est ce bruit ?

ENRICO
Entends-tu
l'accueil heureux ?

LUCIA
Pour qui ?

ENRICO
L'époux arrive.

LUCIA
Mon sang se glace.

ENRICO
On prépare la couche nuptiale.

LUCIA
On prépare ma tombe.

ENRICO
Voici l'heure fatale !

LUCIA
Mon regard se voile !

ENRICO
Écoute-moi :
William est mort ; nous verrons
Marie accéder au trône...
La faction que j'ai suivie
sera précipitée dans la poussière...

LUCIA
Ah ! je tremble !

ENRICO
Arturo peut seul me sauver
du désastre, lui seul !

LUCIA
Et moi ! Et moi !

ENRICO
Tu dois m'aider !

LUCIA
Enrico !

ENRICO
Allons au-devant de ton époux !

LUCIA
Je suis promise à un autre !

ENRICO
Tu dois m'aider !

LUCIA
Mais...

ENRICO
Il le faut !

LUCIA
Oh ! Ciel ! Ciel !...

ENRICO
Si tu m'abandonnes
mon destin est écrit ;
tu me prives de l'honneur et de la vie,

tu fais tomber la hache sur ma tête.
Tu me verras dans tes rêves
ombre outragée et menaçante ;
la hache sanglante
sera toujours devant tes yeux,
etc.

LUCIA
(levant au ciel des yeux remplis de larmes)
Toi qui vois mes pleurs,
toi qui lis dans mon cœur,
si mon malheur n'est pas dédaigné
du ciel comme il est de la terre,
ôte-moi, Dieu éternel,
cette vie de désespoir,
la mort sera la joie
d'une telle infortune,
etc.

ENRICO
La hache sanglante
sera toujours devant tes yeux,
etc.

Scène 2

La grande salle du château
(Tout est prêt pour la réception dArturo. Au centre, une
porte. Enrico, Arturo et Normanno, des cavaliers, des
dames, parents de Ashton, des pages, des soldats, des
habitants de Lammermoor, des domestiques.)


LE CHŒUR
Cette fête est en votre honneur.
Pour vous nous nous réjouissons,
par vous nous voyons
une aube nouvelle d'espoir.
L'amitié vous guide,
l'amour vous accompagne,

Pour vous nous nous réjouissons,
l'amour vous accompagne,
comme une étoile dans un ciel sombre
vous éclairez nos chagrins
comme une étoile,
etc.

ARTURO
Ce ne fut que pour un moment
que votre étoile s'est obscurcie,
je lui rendrai son éclat
plus brillant encore et plus beau.
Donnez-moi votre main, Enrico,
serrez-moi sur votre cœur :
je viens à vous en ami,
en frère, en défenseur !

LE CHŒUR
Ah !...Cette fête est en votre honneur,
etc.

ARTURO
Je viens à vous en ami, en frère,
etc.

... en frère, en défenseur,
etc.

LE CHŒUR
... comme une étoile dans la nuit sombre,
etc.

... frère et défenseur,
etc.

ARTURO
Où est Lucia ?

ENRICO
Nous la verrons bientôt...
(doucement à Arturo)
Si elle paraît trop triste,

ne vous en inquiétez pas ;
oppressée et vaincue par le chagrin,
elle pleure la mort de sa mère.

ARTURO
C'est ce que l'on m'a dit.

ENRICO
Trop oppressée par le chagrin,
elle pleure sur sa mère.

ARTURO
Vous dissipez mes doutes :
on disait qu'Edgardo
avait osé
jeter les yeux sur elle.
Quelle présomption !

ENRICO
C'est vrai : cet insensé a osé, mais...

ARTURO
Ah !

LE CHŒUR
Voici Lucia ! Lucia s'avance !

ENRICO
(à Arturo)
Elle pleure sa mère morte...
(Lucia, soutenue par Raimondo et Alisa,
paraît éplorée.)


ENRICO
(présentant Arturo à Lucia)

Voici votre époux...

(Lucia fait un mouvement de recul. Enrico lui parle
bas.)
Dominez-vous ! Voulez-vous donc ma ruine ?

LUCIA
(à part)

Grand Dieu !

ARTURO
Daignez accepter
l'hommage de mon tendre amour.

ENRICO
(s'approchant de la table sur laquelle est placé le
contrat de mariage et coupant la parole à Arturo; à
Lucia)

Dominez-vous !

(à Arturo)
La cérémonie va commencer.

LUCIA
(Grand Dieu !)

ENRICO (à Arturo)
Approchez !

ARTURO
Oh ! douce invitation !
(Il signe le contrat, Enrico signe à son tour, tandis que
Raimondo et Alisa conduisent Lucia, défaillante, vers la

table.)

LUCIA (à part)
Je vais au sacrifice ! Oh ! Malheur !

ENRICO
(à Lucia)
Venez...Signez !

RAIMONDO
(à part)

Dieu miséricordieux, ayez pitié de cette malheureuse !

ENRICO
Signez !
(Lucia signe le contrat.)

LUCIA
(à part)
J'ai signé ma condamnation !

ENRICO
(à part)
Je respire !

LUCIA
(à part)
Je grelotte et je brûle, je me meurs !
(On perçoit le bruit que fait quelqu'un qui chercherait à
entrer de force.)

TOUS
Quel est ce bruit ? Qui va là ?...
(Edgardo entre, enroulé dans une cape.)

EDGARDO
Edgardo !

TOUS
Edgardo ! Oh ! Terreur !

LUCIA
Edgardo ! Ciel !

EDGARDO
(à part)

(Qu'est-ce qui m'arrête en un pareil moment ?
Qu'est-ce qui retient le flot de ma colère ?
Sa douleur, sa crainte
sont la preuve de sa culpabilité.
Mais, comme une rose fanée,
elle est plus morte que vive...
Je suis vaincu...je suis ému.
Je l'aime...Je l'aime encore !

ENRICO
(à part)
Qu'est-ce qui domine ma colère
et la main qui sauve sur ma rapière ?
Dans mon cœur s'élève un cri
pour plaindre la malheureuse.
Elle est de mon sang et je l'ai trahie !
Elle est plus morte que vive.
Ah ! que ne puis-je chasser
le remords de mon cœur !

LUCIA
(à part)
J'espérais que mes angoisses
me feraient mourir,
mais la mort ne veut pas de moi,
et la vie est une torture !
Le voile est tombé de mes yeux.
Le ciel et la terre m'ont trahie !
Je veux pleurer, je ne le puis...
Les larmes mêmes m'abandonnent !

RAIMONDO
(à part)
Terrible moment
que je ne puis exprimer !
Un impénétrable nuage de crainte
semble obscurcir les rayons du soleil.

Comme une rose fanée,
elle se tient plus morte que vive.
Celui qu'elle n'émeut pas
a, dans la poitrine, un cœur de roc.

ENRICO
Elle est de mon sang et je l'ai trahie,
etc.

EDGARDO
Qu'est-ce qui me retient en un tel moment ?
etc.

ALISA, CHŒUR
Comme une rose fanée,
etc.

ARTURO
Quel terrible moment,
etc.

ENRICO
Ah, elle est de mon sang,
etc.

LUCIA
Je voudrais pleurer... et ne le puis,
etc.

RAIMONDO
Celui qu'elle n'émeut pas,
etc.

EDGARDO
Ah, je suis vaincu, je suis ému,
etc.

ARTURO et ENRICO
Arrière, misérable !
(tirant leurs épées)
Ou ton sang va couler !

LE CHŒUR
Arrière, misérable !

EDGARDO
(tirant son epée)
Je mourrai, mais un autre sang
coulera avec le mien !

RAIMONDO
(intervenant avec autorité)

Respectez en moi
le ministre de Dieu.
En son nom je vous adjure
de rengainer vos armes et vos colères.
Paix...Paix...Il abhorre
le meurtre et il est écrit :
« Celui qui tire le fer
périra par le fer. »
(Tous rengainent leurs armes.)
Paix !...Paix !...

ENRICO
(s'approchant d'Edgardo)

Insensé ! Qui t'a poussé vers cette maison ?

EDGARDO
Ma destinée, et mon droit.

ENRICO
Misérable !

EDGARDO
Oui, Lucia m'a juré sa foi.

RAIMONDO
Oublie ce tragique amour
elle est à un autre, maintenant !

EDGARDO
A un autre ? Non !

RAIMONDO
(lui montrant l'acte de mariage)
Tiens !...

EDGARDO
(après avoir lu, dévisageant Lucia)
Vous tremblez !...Vous voilà confondue !
Est-ce votre signature ? Répondez-moi !
(lui montrant sa signature)
Est-ce votre signature ? Répondez !

LUCIA

Oui...

EDGARDO
(étouffant de rage, tend sa bague à Lucia.)
Reprenez votre gage, cœur infidèle !

LUCIA
Ah !

EDGARDO
Et rendez-moi le mien !

LUCIA
Au moins...

EDGARDO
Allons ! Donnez !

LUCIA
Edgardo ! Edgardo !
(Très agitée, elle lui tend la bague.)

EDGARDO
Vous avez trahi le ciel et l'amour.
Maudit soit l'instant
où je vous ai aimée !
Odieuse maison,
j'aurai dû la fuir !
Odieuse maison, maison maudite !
J'aurais dû la fuir !

LUCIA
Ah !

EDGARDO
Ah ! qu'elle tombe en poussière !

ENRICO
Impudence ! Folie ! calmez-vous !

RAIMONDO
Impudence ! Folie ! Calmez-vous !

LE CHŒUR
Impudence ! Folie !

ARTURO, ENRICO et le CHŒUR
Fuyez ! La rage qui m'enflamme
retient ses coups pour un instant encore...
Mais bientôt ils redoubleront de force
et s'abattront plus furieux sur votre tête abhorrée,
mais bientôt,
etc.

RAIMONDO
Malheureux ! Fuis ! Fuis vite !
Respecte ta vie et sa situation...

Vis, et peut-être ton chagrin s'estompera :
le temps guérit tous les maux.

LUCIA
(tombant à genoux)
Que Dieu le sauve, en ce moment fier
écoute les prières d'une malheureuse.
Cette prière sortie d'une immense douleur
qui n'a plus d'espoir sur la terre :
c'est la dernière requête de mon cœur
qui vient mourir sur mes lèvres,
c'est la dernire requête,
etc.

EDGARDO
(jetant l'épée)

Tuez-moi et la misérable qui a trahi mon cœur
sera témoin que la tradition se poursuit.
Le seuil ensanglanté
sera un doux souvenir pour l'impie.
Elle ira plus heureuse à l'autel
en passant sur mon corps inanimé,
elle ira plus heureuse,
etc.

ENRICO, ARTURO et le CHŒUR
Allez ! La souillure d'un si noir outrage
ne peut se laver que dans le sang.
Allez ! La rage qui m'enflamme
retient ses coups pour un instant encore...
Mais bientôt ils redoubleront de force
et s'abattront plus furieux encore
sur votre tête abhorrée.

ALISA, RAIMONDO et le CHŒUR
Ah ! Fuyez, malheureux !
Fuyez...Vite !
Respectez votre vie et sa condition.

Vivez et peut-être votre chagrin s'estompera ;
le temps guérit tous les maux.
Souvent un jour de tristesse
est suivi de mille joies !
(Raimondo soutient Lucia dont la douleur a atteint son
comble. Alisa et ses femmes l'entourent. Les autres
poussent Edgardo vers la porte tandis que le rideau
tombe.)


libretto by Alphonse Royer, Gustave Vaëz 
Contents: Personnages; Premier Acte; Deuxième Acte; Troisième Acte

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