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Si j'étais roi” by Adolphe Adam libretto (French)

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Contents: Personnages; Acte I; Acte II; Acte III
Acte II

La salle du trône dans le palais de Moussoul.
Scène première.
Le roi, Kadoor, Némea, Issalim, le grand adigar du palais, Atar, seigneurs et serviteurs.
LE ROI.
Écoutez-moi tous. Je vous ai fait appeler afin de vous prescrire mes ordres souverains. Tout le monde s'incline. Cet homme qui est endormi là, dans notre propre chambre ... nous voulons qu'à son réveil chacun le salue du nom de roi! ... et lui obéisse comme à nous-même.
KADOOR.
Quoi! Votre Majesté? ...
NÉMEA.
Mais ne comprenez-vous pas, seigneur Kadoor, que le roi veut nous donner une journée de plaisir et de folie?
LE ROI.
Qui sait, Némea? il y a peut-être là autre chose qu'une fantaisie, un passe-temps royal.
NÉMEA.
Comment?
LE ROI.
Cet homme du peuple, cet obscur pêcheur doit connaître bien des abus que nous ignorons. Il a entendu, sans doute, bien des plaintes qu'on empêche de monter jusqu'à nous; il a vu couler bien des larmes que l'on nous cache, et nous pensons que si, de temps en temps, et pour un jour, nous prêtions notre pouvoir à quelque humble sujet, les affaires de l'État n'en iraient peut-être pas plus mal.
KADOOR.
Le roi est aujourd'hui en veine de haute philosophie.
LE ROI.
Le roi ordonne et veut être obéi.
Tout le monde s'incline encore.
KADOOR.
Pour ma part, c'est avec joie que je remplirai le rôle qu'il plairaà Votre Majesté de me donner dans cette comédie, et je brûle de connaître notre roi d'un jour!
LE ROI.
Eh! mais! c'est vrai, vous ne l'avez pas encore vu! Le grand adigar de mon palais vous informera de ce que j'attends de chacun de vous.
NÉMEA.
Pour moi, je réclame la faveur de choisir moi-même mon emploi.
LE ROI.
Comment?
NÉMEA.
Que Votre Majesté me permette de tourner la tête au nouveau roi.
LE ROI.
Je vous l'abandonne, belle cousine. Maintenant, seigneurs, éloignez-vous; le roi va s'éveiller.
Tout le monde s'incline et s'éloigne.
KADOOR, regardant le Roi.
Pauvre fou! c'est peut- être son dernier jour de royauté, et il le donne.
Némea et Kadoor saluent le Roi et sortent.

Scène II.
Le roi, l'adigar, le médecin, esclaves et jeunes filles.
LE MÉDECIN.
Majesté, le pêcheur ouvre les yeux.
LE ROI, à haute voix.
Le lever du roi!
L'ADIGAR, au fond du théâtre.
Le lever du roi!
UNE VOIX, au lointain.
Le lever du roi!
Entrent des Esclaves portant des cassolettes embrasées, des Jeunes Filles qui jouent de la vîna, espèce de lyre indienne.
ZÉPHORIS, dans la chambre du roi.
Zélide! Piféar! ...

Scène III.
Les mêmes, Zéphoris.
ZÉPHORIS entre en scène comme effaré; tous les assistants se prosternent devant lui.
Où suis-je? ... En croirai-je mes yeux ... je rêve sans doute ... où suis-je? ... ô ciel! où suis-je?
Les Jeunes Filles chantent.
CHOEUR.
O roi! ton peuple qui t'adore,
Incliné devant ta grandeur,
A ton lever croit voir l'aurore
Dans son immortelle splendeur.
Sans ta sagesse qui l'éclaire,
Sans ton amour qui le conduit,
Déshérité de la lumière,
Ce peuple vivrait dans la nuit.
O roi! etc.
ZÉPHORIS, immobile, dans son extase.
Oh! c'est un rêve qui m'enchante,
C'est un mensonge du sommeil.
Mais chante encor, troupe charmante,
Trop tôt me viendra le reveil.
LE CHOEUR.
O roi! etc.
ZÉPHORIS.
Ce n'est pas un rêve! je vois, je mar che ... Non, non, je ne dors pas, mais pourtant! ... ces riches habits dont je suis vêtu ... ce palais ...
Le roi le salue, Zéphoris s'incline.
LE ROI.
Votre Majesté a-t-elle fait des songes heureux?
ZÉPHORIS.
Ma ... ma majesté? A qui croyez-vous parler?
LE ROI.
Mais ... je parle au roi.
ZÉPHORIS.
Qui, le roi?
LE ROI.
Votre Majesté, dont j'ai l'honneur d'être le premier ministre.
ZÉPHORIS.
Mon premier ministre! ... ah! je le disais bien c'est un songe!
LE ROI.
Daignez rappeler vos souvenirs ... Voilà dix ans que vous portez la couronne.
ZÉPHORIS.
Dix ans!
LE ROI.
Il est vrai qu'à la suite d'une longue maladie ... Votre Majesté a été ... privée de sa raison.
ZÉPHORIS.
Moi?
LE ROI.
Dans certaines heures d'égarement Votre Majesté s'imaginai être un pauvre pêcheur du nom de Zéphoris.
ZÉPHORIS.
Oui, certes, je suis Zéphoris, c'est moi!
LE ROI.
Hélas! voilà que le roi retombe dans un de ses accès de fièvre. Le médecin du roi!
ZÉPHORIS.
Un médecin! Non, non, c'est inutile ... ça va bien! ça va très-bien! ... J'ai horreur des méde cins.
LE ROI.
Alors Votre Majesté va prendre son repas du matin.
ZÉPHORIS.
Un repas! A part. Oh! quelle idée! Haut. Oui, je veux déjeuner ... je veux déjeuner.
LE ROI.
Le déjeuner du roi!
Des esclaves apportent à Zéphoris des plateaux chargés de fruits et de flacons.

Duo.
ZÉPHORIS.
On ne peut pas manger et rêver à la fois;
Voyons donc si je rêve.
Il prend un fruit et le porte à sa bouche.
Eh! mais ... eh! mais ... je mange.
Après avoir tendu sa coupe à un esclave.
Eh! mais ... eh! mais je bois,
Oui, je bois ... et je mange!
LE ROI.
Versez, versez encor
De ce vin couleur d'or.
Il boit.
ZÉPHORIS.
Songe heureux! rêve étrange,
Est-ce à toi que je dois
Le bon vin que je bois?
Ils disent vrai, peut-être;
C'est moi qui suis le roi.
LE ROI.
Oui, vous êtes le roi.
LE CHOEUR.
Notre roi! notre roi!
ZÉPHORIS.
Non! non! cela ne peut pas être.
Que l'on jette par la fenêtre
Celui qui le premier m'appellera le roi.
Silence.
Les voilà qui soudain restent muets d'effroi.

Ensemble.
ZÉPHORIS.
Oh! la surprenante aventure,
Je suis pêcheur, tout me l'assure,
Cependant l'on me traite en roi,
Et chacun tremble devant moi.
LE ROI.
Pour lui l'étonnante aventure!
Il ne sait déjà plus, je le jure,
S'il est pêcheur ou s'il est roi,
Allons, tout ira bien, je croi.
ZÉPHORIS, au Roi.
Vous n'osez plus rien dire maintenant.
LE ROI.
J'ai peur pour mes jours.
ZÉPHORIS.
Vous? comment?
LE ROI.
Après l'ordre donné, je craindrais, ô mon maître,
Qu'on me jetât par la fenêtre.
ZÉPHORIS.
Le feraient-ils?
LE ROI.
Je le crois bien.
ZÉPHORIS.
Pour moi, je n'en crois rien.
LE ROI.
Tentez l'épreuve à l'instant même
Sur cet esclave que voilà.
ZÉPHORIS.
Oui, vous avez raison, je verrai bien par là
Si j'ai la puissance suprême.
Approche, l'esclave, et dis-moi
Qui je suis.
L'ESCLAVE, tremblant.
Vous êtes le roi.
À l'instant même, les autres esclaves s'emparent de leur camarade; ils l'élèvent au-dessus de leurs têtes et vont le jeter par la fenêtre.
ZÉPHORIS.
Arrêtez, je vous croi, je vous croi, je vous croi!
Les esclaves s'arrêtent.
Ah! la surprenante aventure!
Je suis pêcheur, tout me l'assure.
Pourtant on m'obéit, ma foi,
Tout comme si j'étais le roi.
LE ROI.
Pour lui, l'étonnante aventure, etc., etc.
ZÉPHORIS.
Viens ça, viens ça, mon pauvre esclave noir;
Pour adoucir tes maux que n'ai-je en mon pouvoir
Quelques pièces d'argent.
Il porte machinalement la main à sa poche.
Juste ciel! dans ma poche
J'entends sonner ...
Il se fouille.
LE ROI.
Il va vider ma poche.
ZÉPHORIS.
Eh! eh! l'esclave, approche,
Prends-moi cela.
Il tire une pièce.
Quoi! c'est de l'or?
Il se fouille.
De l'or toujours.
Même jeu.
De l'or encor!
Même jeu.
Toujours de l'or! toujours de l'or!
Il le sème à terre.

Reprise de l'ensemble.
Ah! la surprenante aventure!
Je suis pêcheur, tout me l'assure,
Et pourtant je trouve sur moi
Autant d'or que si j'étais roi.
LE ROI.
Pour lui l'étonnante aventure!
Il croit déjà, la chose est sûre,
Qu'il n'est pas pêcheur, mais bien roi;
Allons, tout va bien, je le voi.
LES ESCLAVES, ramassant les pièces d'or.
Merci, grand roi,
Honneur à toi.
Merci, grand roi,
Honneur à toi.
ZÉPHORIS.
Qui me dira,
Qui m'apprendra
Où tout cela
S'arrêtera?
LE ROI.
Tant qu'il sera
Comme cela,
On aimera
Ce bon roi-là.
Sur un signe du Roi les esclaves s'éloignent.

Scène IV.
Les mêmes, Némea.
NÉMEA.
Majesté, daignez recevoir tous les vœux que mon cœur forme pour vous.
ZÉPHORIS.
O ciel! c'est elle! c'est bien elle!
NÉMEA.
Votre Majesté paraît émue.
ZÉPHORIS.
Oh! je suis si heureux qu'il n'est pas de mots pour exprimer ce que je ressens.
NÉMEA, à Zéphoris.
Le roi ne m'en a jamais dit autant.
LE ROI.
Le roi a eu tort!
NÉMEA, à Zéphoris.
Ce n'est pourtant pas la première fois que je me trouve en sa présence.
ZÉPHORIS.
Non, non, ce n'est pas la première fois ...
Il lui prend la main.
NÉMEA, un peu troublée.
Mais ...
ZÉPHORIS, l'enlaçant dans ses bras.
Oh! ne me fuyez pas; restez, si vous ne voulez qu'en ce riche palais, au milieu des splendeurs qui m'environnent, je ne regrette mon humble cabane de pêcheur.
NÉMEA, se dégageant.
Majesté! Bas, au Roi. Mon rôle est plus embarrassant que je ne pensais.
LE ROI, bas et en contenant son rire.
Courage! ... il faut le convaincre tout à fait ... mettez en œuvre tous vos moyens de séduction.
NÉMEA.
Vous le voulez ... Allons!

Air.

Récitatif.
De vos nobles aïeux et de votre couronne,
O mon royal cousin, daignez vous souvenir.
Rejetez ces transports qu'un long rêve vous donne;
Rien ne doit plus troubler vos jours à l'avenir.

Cantabile.
Des souverains des rivages d'Asie
Notre monarque est le plus fortuné;
Grâce et courage, esprit et poésie,
Avec grand cœur le ciel a tout donné.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Quand l'univers entier proclame ta grandeur,
O roi! refuses-tu de sourire au bonheur?

Allégro.
Dis un seul mot, soudain ta cour
Va devenir le doux séjour
De la folie et de l'amour,
Des plaisirs et de l'ivresse.
Souriant tous au ciel d'azur,
Nul n'attendra que l'âge mur
Vienne effeuiller d'un souffle impur
Les roses de la jeunesse.
La fleur d'amour
Ne vit qu'un jour;
Hélas! à peine un jour.
Ah! dis un mot, soudain ta cour
Va devenir le doux séjour, etc., etc.
ZÉPHORIS.
Je vous écoute avec transport, avec ravissement; je voudrais vous croire, mais, hélas! je ne le puis. Je sens bien que je suis Zéphoris le pêcheur, et, à moins d'un miracle ...
NÉMEA.
Un miracle!
ZÉPHORIS.
J'y songe. A lui-même. Hier, lorsque pensant à elle, je me suis endormi sur la plage, je demandais au ciel de me faire roi ... le ciel m'aurait- il exaucé ... Puisque je suis auprès d'elle, libre de lui parler, de la voir, de l'entendre, n'est-ce pas un miracle de Brahma? Oh! oui, plus de doute, c'est un miracle. Haut. Je crois à ma royauté!
LE ROI, riant.
Il y croit! ...
NÉMEA.
A la bonne heure!
ZÉPHORIS.
Oui, j'y crois, Némea, et si l'avenir que le ciel m'a préparé doit effacer de mon esprit bien des choses du passé, il en est une qui défiera tous les enivrements de la gloire et de la richesse ... c'est le souvenir du jour où je vous vis pour la première fois ...
NÉMEA.
Que voulez-vous dire?
ZÉPHORIS.
Ce jour-là, c'était ...
LE ROI.
Prince Kadoor, arrivez donc.
ZÉPHORIS à part.
Kadoor! oh! je me souviens! c'est à cet homme que j'ai juré ...
NÉMEA.
Achevez ...
ZÉPHORIS.
Je ne le puis ... A part. Roi ou pêcheur, je dois tenir mon serment.
NÉMEA.
Qu'allait-il m'apprendre?

Scène V.
Les mêmes, Kadoor, puis le conseil.
LE ROI.
Venez donc présenter votre hommage au roi.
KADOOR, très-gaiement.
Majesté, je viens annoncer le Conseil ... Regardant Zéphoris O ciel! mon pêcheur ... ici, près d'elle!
ZÉPHORIS.
Ah! vous me reconnaissez, vous?
LE ROI, bas.
Comment?
KADOOR, de même. J'ai eu besoin
de ses services ... de sa discrétion ...
LE ROI.
Prenez garde ...
ZÉPHORIS, à Kadoor.
Eh bien?
KADOOR, avec contrainte.
Qui de nous ... ne connaît ... Votre Majesté ...
ZÉPHORIS.
Lui aussi? ... Comment! vous ne vous souvenez pas? ...
KADOOR, vivement.
Voici le Conseil ...
Six ministres se présentent.
ZÉPHORIS.
Le Conseil attendra.
KADOOR.
Impossible! ... il y a, dit-on, de graves affaires à traiter ... Venez, venez, princesse ...
ZÉPHORIS.
Mais ...
NÉMEA.
Les femmes, vous le savez, ne peuvent assister aux déliberations d'État!
ZÉPHORIS.
Du moins, je vous reverrai? ... Prince Kadoor, j'aurai à vous parler ... c'est vous qui ramenerez ici la princesse.
KADOOR.
Moi ... que je ... Mouvement du Roi. Oui ... oui ... Majesté ... A part. Oh! j'empêcherai qu'il ne la revoie ...
LE ROI.
Le roi veut-il prendre la place sur son trône?
ZÉPHORIS.
Mon trône! Ma foi, puisque Brahma me le donne, ne fût-ce que pour un jour, pour une heure, mon devoir est de l'occuper dignement, d'être juste envers tous et de consoler ceux qui souffrent ...
Il monte au trône.
NÉMEA, bas.
Eh! mais, c'est fort bien dit, cela.
KADOOR, riant.
Oui, le pauvre garçon prend son règne au sérieux!
LE ROI.
Ne riez plus, prince Kadoor! il parle de réparer des injustices, de calmer des douleurs et d'essuyer des larmes! En ce moment, il est véritablement roi.
KADOOR, avec ironie.
Soit! venez, princesse.
Tout le monde sort, excepté les six conseillers, le Roi et Zéphoris.

Scène VI.
Le roi; Zéphoris, les conseillers, puis Atar.
LE ROI, à Zéphoris.
Le Conseil est ouvert! Voici le rapport de votre ministre de justice et de grâce ... »Tous les employés de l'État remplissent dignement le mandat que Votre Majesté leur a confié.«
ZÉPHORIS.
Ce rapport-là n'a pas le sens commun!
TOUS.
Comment?
ZÉPHORIS.
Il est un magistrat, du nom de Zizel, qui vend la justice.
LE ROI.
Ah! ah! nous ignorions cela!
ZÉPHORIS.
Qu'on l'arrête ... qu'on lui applique cent coups de bâton sous la plante des pieds . ... et de plus qu'il soit privé de sa charge.
LE ROI.
Fort bien! Au secrétaire. Écrivez. Lisant. »Tous les sujets de Votre Majesté la bénissent, et vivent heureux sous son règne.«
ZÉPHORIS.
Hein! qui dit cela?
LE ROI.
Votre troisième ministre.
ZÉPHORIS.
Le troisième n'en sait pas plus long que le second.
LE ROI, riant.
Vous entendez ... ministre? A Zéphoris. Cependant, tout le monde chérit le roi?
ZÉPHORIS.
Ah! vous croyez cela, vous?
LE ROI.
Oui, certes!
ZÉPHORIS.
Eh bien! vous vous trompez.
LE ROI, déconcerté.
Et qui donc ne l'aimerait pas?
ZÉPHORIS.
Qui? ... ceux qu'il néglige de protéger.
Il descend du trône.
TOUS.
Comment!
ZÉPHORIS.
Il y a au village de Nessir toute une population de pauvres pêcheurs que pressure ce Zizel ... Il leur prend chaque jour les trois quarts de leur gain.
LE ROI.
C'est affreux! ... Et j'ignorais encore cela!
ZÉPHORIS.
Bah! Vous en ignorez bien d'autres.
LE ROI.
Vous croyez?
ZÉPHORIS.
Oui, oui, oui.
LE ROI, à part.
Allons, décidément, la leçon est bonne.
ZÉPHORIS.
On me fera venir ces pêcheurs, et l'on comptera dix pièces d'or à chacun d'eux.
LE ROI, au secrétaire.
Écrivez, écrivez encore.
ZÉPHORIS.
Allons, continuons.
LE ROI, lisant.
Voici le rapport du quatrième ministre: »Les jeunes filles les plus sages de chaque province ont été mariées et dotées par le roi.«
ZÉPHORIS.
Les plus sages? ... Et Zélide, la plus vertueuse fille de Nessir, est-ce qu'on l'a dotée ... celle-là?
LE ROI, souriant.
Votre Majesté veut-elle qu'on lui donne cinquante pièces d'or?
ZÉPHORIS.
C'est cent pièces d'or que je voudrais lui donner!
LE ROI, au secrétaire.
Écrivez. Cent pièces d'or.
ZÉPHORIS.
Ma bonne Zélide, qu'on la fasse venir.
LE ROI.
Vous serez obéi. Passons aux affaires politiques. Zéphoris remonte sur le trône. Atar entre. Justement, voici le seigneur Atar. A Atar. Vous avez la parole.
ATAR.
Mais, c'est que j'apporte de graves nouvelles ...
LE ROI.
Qu est-ce done?
ATAR.
Le roi, d'après le conseil du prince Kadoor, a fait partir hier son armée pour châtier les peuples de Visapour. Mais on assure que depuis quelques jours on a vu croiser au sud-ouest de l'île une escadre portugaise.
LE ROI, vivement.
Parlez-vous sérieusement?
ATAR.
On ajoute qu'un homme de la côte s'est éloigné plusieurs fois au delà des bancs que ne dépassent jamais nos pêcheurs.
ZÉPHORIS, à part.
C'est Piféar!
ATAR.
Et qu'on l'a vu communiquer avec des gens montant une barque qui vient du large et s'éloigne aussitôt – peut-être après un échange de lettres ...
ZÉPHORIS, à part.
C'est bien cela.
ATAR.
Qu'ordonne le roi?
Mouvement du Roi.
ZÉPHORIS, vivement.
Le roi ordonne que l'armée rentre à Goa en toute diligence.
LE ROI, à Atar.
Il a raison! ... Aux ministres. Qu'il soit fait ainsi.
Il donne l'ordre d'écrire.
ZÉPHORIS.
J'ordonne encore qu'on s'empare d'un pêcheur du village de Nessir, le nommé Piféar; qu'on l'emprisonne et que l'on coule sa barque. A part. Il ne portera pas la lettre.
LE ROI, au secrétaire.
Donnez. Il faut que je signe, afin que le commandant de nos armées sache bien que l'ordre de son rappel a été délibéré dans le conseil.
Le Roi va expédier la dépêche, Zéphoris s'en empare; mouvement du Roi, auquel l'entrée de Kadoor vient faire diversion.

Scène VII.
Les mêmes, Kadoor.
KADOOR, qui a entendu ces dernières paroles.
Rappeler l'armée ... Gardez-vous-en bien!
ZÉPHORIS, au Roi.
Pourquoi?
KADOOR.
J'ai pris, comme c'était mon devoir, de sérieuses informations sur les bâtiments qu'on a pu voir au large.
LE ROI vivement.
Eh bien?
KADOOR.
Ce sont des bâtiments marchands qui, surpris par les vents furieux du nord-ouest, restent en vue de nos attérissages.
LE ROI, rassuré.
A la bonne heure! Mais ce pêcheur ...
KADOOR, riant.
Pure invention! Depuis bien des années pas une barque de pêcheur n'a dépassé les bancs du Sud. Le Roi fait un geste. Je l'atteste!
LE ROI.
A merveille!
ZÉPHORIS, à part.
Mais Piféar! Piféar est allé trois fois au delà de ces bancs.
KADOOR.
Le roi peut donc être rassuré et laisser l'armée achever son œuvre.
LE ROI.
Allons, c'est aussi mon avis.
TOUS LES MINISTRES.
C'est le nôtre!
ZÉPHORIS, à part.
Ce n'est pas le mien; mais agis sons prudemment. Haut. Que l'armée continue sa route. Il serre la dépêche dans son sein. Ah! respirons un peu.
Il fait signe à un esclave de venir.
LE ROI, au milieu des ministres.
J'entends que ses volontés soient ponctuellement accomplies! ... Grand adigar!
ZÉPHORIS, à l'esclave noir de la deuxième scène.
Tu sais comment on exécute mes ordres ... Prends cet écrit, et porte-le de l'autre côté du détroit au chef de l'armée. Sois diligent et fidèle; il y va de ta vie.
L'esclave sort.
KADOOR, à part.
J'ai bien fait d'arriver.
LE ROI, aux ministres.
C'est moi qui recevrai les gens qu'il a fait appeler. Vous m'entendez ...
ZÉPHORIS.
L'esclave est parti. Voyant entrer Némea. Némea! ... maintenant songeons à mon amour.
LE ROI, allant à Zéphoris.
Votre Majesté n'a pas de nouveaux ordres à donner?
ZÉPHORIS.
Si fait! ... Prince Kadoor!
Il lui fait signe d'approcher.
KADOOR.
Que me veut Votre Majesté?
ZÉPHORIS.
Je suis véritablement le roi, n'est-ce pas?
KADOOR, à qui le Roi fait un signe.
Oui, oui, certes.
ZÉPHORIS.
Vous ne m'avez donc pas connu simple pêcheur?
KADOOR.
Moi ... je ...
LE ROI, qui est passé près de Kadoor.
Ne balbutiez pas.
KADOOR, à Zéphoris.
Jamais, jamais, Majesté.
ZÉPHORIS, joyeux.
Je ne vous ai donc fait aucune promesse, aucun serment?
LE ROI, passant entre eux.
Aucun. N'est-il pas vrai, Kadoor?
KADOOR, avec contrainte.
Aucun, aucun ...
ZÉPHORIS, vivement.
C'est dit! Je suis libre alors, à Némea et je puis tout vous dire ...
KADOOR.
Grand Dieu!
NÉMEA.
Que signifie?
ZÉPHORIS, au Roi.
Qu'on nous laisse.
LE ROI.
Plaît-il?
ZÉPHORIS.
Sortez.
LE ROI.
Vous ... vous me renvoyez?
ZÉPHORIS.
Vous, et tous les autres.
LE ROI, à part, en riant.
C'est parfait! Haut. Seigneurs, le roi nous congédie.
KADOOR.
Mais ...
LE ROI, riant.
Faites comme moi, prince ... Obéissez! obéissez.
Ils sortent Kadoor veut emmener Némea, Zéphoris l'arrête et lui ordonne de partir seul.
Scène VIII.
Zéphoris, Némea.
ZÉPHORIS. Nous voilà seuls, enfin!
NÉMEA. Votre Majesté m'a demandé un entretien ... et je me rends à ses ordres.
ZÉPHORIS. Mes ordres! ... ordonner? moi qui vous aurais sacrifié ma vie sur un mot, sur un signe, et qui le ferais encore? moi, qui vous aime?
NÉMEA, riant. Vous m'aimez?

Duo.
NÉMEA.
Vous m'aimez, dites-vous? Ah! Votre Majesté
Veut se jouer ici de ma crédulité,
ZÉPHORIS.
Non, aussi vrai que je respire,
D'amour mon cœur est éperdu.
NÉMEA.
Facilement ce cœur soupire,
Car cet amour ne m'est pas dû.
ZÉPHORIS.
Et qui donc plus que vous mérite
D'être aimée à l'égal de Dieu?
NÉMEA.
L'amour ne vient pas aussi vite.
O roi! vous vous faites un jeu.
ZÉPHORIS.
Que dites-vous, hélas! un jeu?
. . . . . . . . . . . . . . . . . .
Non, non; depuis des jours sans nombre
Je vous adore et sans espoir;
Comme l'étoile du ciel sombre
Qu'on voit, mais qui ne peut nous voir.
NÉMEA.
Eh quoi! depuis des jours sans nombre
Sur lui j'exerce un doux pouvoir?
Hélas! j'ai fait de loin, dans l'ombre,
Un malheureux sans le savoir.

Ensemble.
ZÉPHORIS.
Cet amour ne vient pas de naître,
Croyez-en l'aveu de mon cœur;
A vous ma vie, à vous mon être;
A moi la joie et le bonheur.
NÉMEA.
Malgré moi sa voix me pénètre;
Je voudrais sourire et j'ai peur.
Hélas! il me dit vrai, peut-être;
Quel trouble s'élève en mon cœur!
NÉMEA.
Et depuis quand donc, Majesté,
Cet amour est-il de ce monde?
ZÉPHORIS.
Depuis que par un soir d'été,
Un pêcheur vous sauva de l'onde.
NÉMEA.
Un pêcheur! ah! que dites-vous?
ZÉPHORIS.
Et ce pêcheur est devant vous.
NÉMEA.
Qu'osez-vous dire? ... y pensez-vous?
ZÉPHORIS.
Contre moi soyez sans courroux;
Si j'avais promis le silence,
Je puis le rompre maintenant,
Car le prince, en votre présence,
M'a relevé de mon serment.
NÉMEA.
Et quel serment?
ZÉPHORIS.
Le serment de me taillé,
Qu'hier le prince exigea du pêcheur,
Et dont aujourd'hui le seigneur
Dégage son roi.
NÉMEA, à part.
Quel mystère!
Je tremble de l'approndir
Le prince aurait pu s'avilir
Jusju'à mentir.
ZÉPHORIS
Je vous cherchais n'ayant pour guides
Que votre image et ce modeste anneau,
Qui glissa de vos doigts humides,
Et que je veux garder jusqu'au tombeau.
NÉMEA.
Mon anneau! c'est mon anneau même,
Je le croyais au fond des eaux.
ZÉPHORIS.
Il m'a consolé de mes maux,
Il fut mon talisman suprême.
NÉMEA, à elle-même.
Oh! le prince est un imposteur,
Haut.
Et voilà, voilà mon sauveur!

Ensemble.
NÉMEA.
Il m'aime! il m'aime!
Lui, mon sauveur!
Quel trouble extrême
Naît dans mon cœur!
Mon sang bouillonne
Dans sa fierté,
Mais tout l'ordonne,
Qu'il soit dompté!
ZÉPHORIS.
O toi que j'aime,
Vois mon bonheur.
Le ciel lui-même,
Jour enchanteur,
Le ciel me donne
En sa bonté,
Une couronne
Et ta beauté.
ZÉPHORIS.
Obscure flamme,
Dont je mourrais.
Fleur de mon âme,
Renais, renais!
Vision sombre
De mon amour,
Sortez de l'ombre,
Voici le jour!
NÉMEA.
Hélas! je tremble,
Mais dans mon cœur
Rien ne ressemble
A la frayeux.
Coquetterie,
En ce moment,
Ah! je t'expie
Cruellement.

Ensemble.
NÉMEA.
Il m'aime! etc.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . .
J'ai souffert qu'il fût mon sauveur,
Je dois souffrir aussi l'ardeur
D'un amour dont je suis l'auteur.
ZÉPHORIS.
O toi que j'aime, etc.
. . . . . . . . . . . . . . .
O Némea! jour enchanteur,
Tout me sourit, vois mon bonheur,
J'ai la couronne et j'ai ton cœur.

Scène IX.
Les mêmes, le roi, Kadoor.
ZÉPHORIS.
Qui vient là? Ne peut-on me laisser en paix?
LE ROI.
Excusez-moi, Majesté! mais je ne puis contenir le prince Kadoor.
ZÉPHORIS.
Que signifie?
KADOOR, au Roi.
Le roi ne m'a-t-il pas fiancé à la princesse?
ZÉPHORIS.
Elle! ... votre fiancée!
LE ROI.
Votre Majesté l'a-t-elle oublié?
ZÉPHORIS, au Roi.
Quand vous m'avez dit que ma raison m'avait abandonné, je ne vous ai pas cru. Mais je sens maintenant que si j'ai ordonné ce mariage ... c'est que j'étais fou! Si j'ai promis le plus beau joyau de ma couronne, c'est que j'étais fou! Si j'ai pensé que la femme la plus accomplie du royaume pût appartenir à un autre qu'au roi, c'est que j'étais fou! Princesse Némea, c'est moi qui serai votre époux ...
LE ROI.
A moins que la princesse ne préfère le sujet au roi ...
ZÉPHORIS.
Que dit-il?
LE ROI.
Prononcez-vous, Némea, dites-nous qui vous aimez.
NÉMEA, avec ironie.
Pourquoi cette question? ... Mon cœur ne doit-il pas appartenir à l'homme généreux qui a sauvé ma vie au péril de la sienne ...
KADOOR.
Il a tout dit!
ZÉPHORIS, à part.
O bonheur! ...
LE ROI, bas à Kadoor.
Mais tombez donc à ses genoux, prince Kadoor, vous voilà le plus heureux des amants ...
KADOOR.
Oui, oui ... le plus heureux des ... A part. Oh! la fureur m'étouffe.
ZÉPHORIS.
Holà! Des esclaves paraissent.
LE ROI.
Que va-t-il faire?
ZÉPHORIS.
Que l'on prépare un brillant festin et qu'on appelle en ces lieux tous les seigneurs de ma cour ... Je veux leur annoncer ...
LE ROI.
Quoi donc, Majesté?
ZÉPHORIS, brusquement.
Vous l'entendrez ... A l'esclave. Ah! un dernier ordre.
Il lui parle bas, l'esclave sort.
KADOOR.
Mais c'est son mariage qu'il veut annoncer à la cour.
LE ROI.
Eh bien! elle se trouvera réunie pour apprendre le vôtre.
ZÉPHORIS, à Némea.
Oh! combien je suis heureux!
NÉMEA.
Sa joie me fait mal ... je me repens du rôle que j'ai joué.

Finale.
ZÉPHORIS.
Accourez à ma voix, beaux seigneurs de ma cour.
Par vos chants d'allégresse
Fêtez et ma maîtresse
Et mon amour.
Chantez, chantez, je me marie.
Pour moi, quel fortuné destin!
Chantez, seigneurs, je vous convie,
Je vous convie au nuptial festin.
LE COEUR.
Ah! de grâce! grand roi, nommez-nous, nommez-nous
Celle dont vous allez être l'heureux époux.
ZÉPHORIS, au milieu d'un groupe.
Ce trésor de jeunesse,
De grâce et de tendresse,
Cette belle maîtresse
Que le ciel m'envoya;
Cette fleur parfumée,
Cet ange, cette almée,
Ne l'ai-je pas nommée?
Seigneurs, c'est Némea.
LE CHOEUR.
C'est Némea! c'est Némea!
Célébrons en ce jour,
Par nos chants d'allégresse,
Et sa maîtresse
Et son amour.
Pendant ce chœur, les esclaves ont dressé, derrière les personnages descendus à l'avant-scène, les tables du festin.
LE ROI.
Pour le royal banquet tout est prêt, Majesté.
ZÉPHORIS.
A merveille! venez, venez, fleur de beauté.
Il prend la main de Némea. Ils se placent à table, ainsi que toute la cour.
Choeur.
Ah! que de vins! ah! que de mets!
Vive à jamais,
Vive à jamais
L'excellent roi, dont les banquets
Sont des bienfaits
Pour ses sujets.
ZÉPHORIS.
Je bois à notre reine,
La belle Némea.
LE CHOEUR.
A notre souveraine
La reine de Goa.
ZÉPHORIS.
Charmante Némea, chantez-nous, je vous prie,
Quelque douce chanson, quelque air de la patrie.
NÉMEA.
Je n'oserais, veuillez m'en dispenser.
ZÉPHORIS.
C'est donc à moi de commencer.
Romance.
L'air caresse la branche,
Le papillon les fleurs,
L'aurore la pervenche,
Et le jour les couleurs.
La source qui murmure
Sous de riants berceaux,
Caresse la verdure
Qui caresse ses eaux.
Puisque aimer est la loi suprême,
Laisse-moi te dire: Je t'aime!
Je t'aime! je t'aime! je t'aime!
KADOOR, au Roi, d'un air suppliant.
Majesté! Majesté!
LE ROI.
Après avoir chanté,
Dans sa douce romance,
L'amour de la beauté,
Le roi permet, je pense,
Qu'en ce joyeux festin
L'on chante aussi l'amou du vin.
ZÉPHORIS.
Chantez, chantez ce gai refrain.

Chanson bachique.
LE ROI.

Premier couplet.
La fleur boit la rosée,
La mer boit les vapeurs,
Et la terre épuisée
Boit le nuage en pleurs.
Pour toute la nature,
Quand boire a tant d'appas,
Pourquoi la créature
Ne boirait-elle pas?
TOUS.
Aimons et buvons tour à tour.
Fêtons et l'ivresse et l'amour.
Aimons!
Buvons!

Deuxième couplet.
Du jour l'astre suprême
Boit l'onde à son réveil,
Et la lune, elle-même,
Boit, dit-on, le soleil.
Pour toute la nature,
Quand boire a tant d'appas
Pourquoi la créature
Ne boirait-elle pas?
TOUS.
Aimons et buvons tour à tour.
Fêtons et l'ivresse et l'amour.
Aimons!
Buvons!
Des Bayadères arrivent en foule, et dansent devant Zéphoris.

Ballet.
Au bruit des gongs sacrés, les danseuses s'arrêtent, puis elles disparaissent sur un geste du Roi.
LE ROI.
Mais qui vient là?
ZÉPHORIS.
Ce sont peut-être
Les pontifes sacrés du temple des élus
Se rendant en ces lieux à l'appel de leur maître.
Il se désigne.
TOUS.
Les pontifes sacrés!
ZÉPHORIS.
Qu'ils soient les bienvenus
Quatre brahmes se présentent.

Quatuor.
Dans tes desseins, ô roi! que Brahma te seconde!
Pour sceller à jamais le pacte solennel
Qui doit unir deux cœurs dans ce terrestre monde,
Voici venir vers toi les ministres du ciel!
ZÉPHORIS.
Venez, brahmes sacrés, m'unir à la princesse,
Selon l'antique usage, à table, unissez-nous.
Kadoor s'approche du Roi; il semble le supplier.
LE ROI.
Oui, vous avez raison, il faut que ce jeu cesse.
Il fait signe au médecin qui vient prendre ses ordres.
ZÉPHORIS.
Venez, brahmes sacrés, j'attends! dépêchez-vous,
LE ROI.
Mais, avant tout, vidons une coupe dernière,
C'est un usage populaire,
Par les rois même respecté.
Le médecin tend une coupe à Zéphoris.
LE ROI.
Je bois à la santé
De Votre Majesté.
CHOEUR.
Dans tes desseins, ô roi, que Brahma te seconde!
Pour sceller à jamais le pacte solennel
Qui doit unir deux cœurs dans ce terrestre monde,
Voici venir vers toi les ministres du ciel.
Zéphoris a vidé la coupe, on le voit faire de vains efforts pour se tenir debout, il tombe sur un siége, tous les convives et les brahmes l'observent.
ZÉPHORIS.
Qu'ai-je donc? Je me meurs!
NÉMEA.
O ciel!
LE ROI, à Némea.
Mais quel effroi!
Il se rendort.
NÉMEA.
Hélas!
ZÉPHORIS, douloureusement.
Je meurs.
On entend le motif de la cavatine.
Et j'étais roi!
Et j'étais roi.
Sa tête retombe sur sa poitrine. Chacun l'observe en silence.
NÉMEA.
Il dort!
LE ROI.
Il dort!
KADOOR.
Il dort!
LE CHOEUR.
Il dort, il n'est plus roi.
KADOOR, prenant la main de Némea.
Et maintenant, brahmes, unissez-nous.
NÉMEA, se dêgageant.
Jamais!
TOUS.
Que dites-vous?
NÉMEA.
Non! le prince, jamais, ne sera mon époux.

Ensemble.
LE CHOEUR.
O mortelle injure
Que le prince endure!
Némea lui jure
De fuir son hymen.
A l'amant fidèle
Pourquoi la cruelle
Ici reprend-elle
Son cœur et sa main?
KADOOR.
O mortelle injure!
Funeste aventure!
Némea me jure
De fuir mon hymen.
Quand je suis fidèle
Pourquoi la cruelle
Me refuse-t-elle
Son cœur et sa main?
NÉMEA.
Pareille imposture
Et pareil parjure
Voulaient qu'une injure
Rompît cet hymen.
A ruse cruelle
Réponse nouvelle;
Sans être infidèle
Je reprends ma main.
LE ROI.
O mortelle injure!
Funeste aventure!
Néméa lui jure
De fuir son hymen.
Quand il est fidèle,
Pourquoi la cruelle
Lui refuse-t-elle
Son cœur et sa main?
LE ROI, à Némea.
Mais que vous a-t-il fait?
NÉMEA.
Par égard pour moi-même
Ne le demandez pas.
KADOOR, à Némea.
Ma douleur est extrême.
NÉMEA.
Entre nous, plus d'hymen.
Au Roi.
Jamais il n'eût mon cœur, il n'aura pas ma main.
Reprise de l'ensemble précédent.
O mortelle injure! etc.
TOUS.
Plus d'hymen, plus d'amours,
Séparés ... pour toujours.
 

libretto by Adolphe d'Ennery, Jules-Henri Brésil 
Contents: Personnages; Acte I; Acte II; Acte III

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