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Si j'étais roi” by Adolphe Adam libretto (French)

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Contents: Personnages; Acte I; Acte II; Acte III
Acte III

Une cabane de pêcheur.

Scène première.
Zélide, seule, travaillant aux filets de son frère.

Récitatif.
C'est moi qui chaque jour levée avec l'aurore,
Éveille par mes chants mon frère paresseux;
Mais, j'ai beau ce matin chanter, chanter encore,
L'obstiné ne veut pas ouvrir enfin les yeux.
Mais il est un air qu'il adore,
Et que je n'ai pas dit encore,
C'est celui de l'oiseau-moqueur;
Chantons à l'obstiné dormeur
La chanson de l'oiseau-moqueur.

Premier couplet.
Entends-tu, sous les bambous,
L'oiseau moqueur qui bavarde?
On dirait qu'il est jaloux,
Jaloux de nos chants si doux.
Ne montrons pas de courroux,
Feignons de n'y prendre garde:
C'est le moyen le meilleur
De nous moquer du moqueur.
Cet-oiseau,
Vil moineau,
Est vraiment
Ignorant.
Il n'entend
Rien au chant.
Raillons-nous
Du jaloux;
Et sans peur
Du moqueur,
Poursuivons
Nos chansons.
Ah! ah! ah! ah! etc.

Deuxième couplet.
Pour nous venger du jaloux
Que notre chant toujours choque,
Mon fiancé, faisons-nous;
Dans le silence aimons-nous.
Mais, hélas! sous les bambous,
De nos baisers il se moque;
Ah! puisqu'il raille toujours,
Il n'entend rien aux amours.
Ce moqueur
Est sans cœur!
Il ne sait
Ce que c'est
Que d'aimer
Et charmer.
Au mépris
De ses cris,
Aimons-nous,
C'est si doux;
Et chantons
Nos chansons.
Ah! ah! ah! ah! etc.
Entr'ouvrant la porte de la chambre où est Zéphoris.
Il dort toujours ... Ah! par exemple, voilà qui est singulier ... Cette course qu'il a faite en mer l'a donc beaucoup fatigué? il faut qu'il en soit ainsi, car, lorsque hier soir, en revenant de la plage, où j'avais espéré le voir débarquer, je le trouvai ici, il était déjà endormi; et je n'ai pas pu lui dire tout ce qui s'est passé pendant son absence ... Et Piféar que je n'ai pas vu hier soir, que je ne vois pas ce matin, et qui lui aussi ignore tout ... Va-t-il être joyeux! ... Eh mais, c'est lui! ...

Scène II.
Zélide, Piféar.
ZÉLIDE.
Bonjour, Piféar.
PIFÉAR, accablé.
Bonjour, Zélide, bonjour.
ZÉLIDE.
Qu'avez-vous donc, mon ami? je vous trouve un air singulier!
PIFÉAR, tragiquement.
Zélide!
ZÉLIDE.
Eh bien?
PIFÉAR.
Je ne suis pas content.
ZÉLIDE.
Ça se voit, vous avez la figure toute bouleversée.
PIFÉAR.
J'ai perdu de mes agréments physiques, hein! Ah! damo! les cachots, ça chance un jeune homme.
ZÉLIDE.
Les cachots!
PIFÉAR.
On m'y a plongé hier matin, je n'en ai été déplongé que tout à l'heure.
ZÉLIDE.
Mais pourquoi?
PIFÉAR.
C'est sur l'ordre du roi.
ZÉLIDE.
Du roi!
PIFÉAR.
Mais je n'ai rien fait! je suis innocent comme l'enfant ... qui va naître!
ZÉLIDE.
Pauvre Piféar!
PIFÉAR.
Ah! oui, pauvre est le mot! ... Imaginez- vous que je suis ruiné.
ZÉLIDE.
Ruiné? Oh! quel bonheur!
PIFÉAR.
Hein? c'est comme ça que vous me plaignez?
ZÉLIDE.
Oh! c'est que vous ne savez pas? ...
PIFÉAR.
Je sais qu'on a coulé ma barque.
ZÉLIDE.
Qui donc?
PIFÉAR.
Les gens de justice, et toujours par ordre du roi! Mais qu'est-ce qu'il a, mais qu'est-ce qu'il me veut le roi? ... c'est peut-être parce que j'ai un peu d'esprit et de beauté qu'il me persécute.
ZÉLIDE.
Comment! vous croyez? ...
PIFÉAR, avec conviction.
Il est jaloux ... Le roi ... me jalouse! voilà pourquoi il me jette dans les fers et fait couler ma barque.
ZÉLIDE.
Consolez-vous, nous en acheterons une autre.
PIFÉAR.
Et avec quoi?
ZÉLIDE, ouvrant un petit meuble.
Avec ça.
PIFÉAR.
De l'or! ... Tout ça est à vous?
ZÉLIDE, tendrement.
A nous.
PIFÉAR, joyeux.
A nous! à nous! ... Changeant de ton. Zélide!
ZÉLIDE.
Eh bien! qu'est-ce qui vous prend?
PIFÉAR.
Zélide! Zélide!

Duo bouffe.
PIFÉAR.
Tant d'or, à vous, ô ciel!
Zélide!
Ce n'est pas naturel,
Zélide!
Ce serait trop cruel,
Zélide,
Si vous étiez perfide,
Zélide.
ZÉLIDE.
L'odieux soupçon!
Sans autre façon,
Comme sans raison,
Il me croit parjure.
Je le punirai,
Je me vengerai
Et ne lui dirai
Rien de l'aventure.
PIFÉAR.
Si votre cœur est pur,
Zélide,
Faites que j'en sois sûr,
Zélide;
Car cela m'est bien dur,
Zélide,
De vous croire perfide,
Zélide.

Ensemble.
ZÉLIDE.
L'odieux soupçon!
Sans autre façon,
Comme sans raison,
Il me croit parjure.
Je le punirai,
Je me vengerai
Et ne lui dirai
Rien de l'aventure.
PIFÉAR.
Quel affreux soupçon!
Moi qui suis si bon,
Me trahirait-on?
J'en ai peur, je jure.
Ah! je le saurai,
Et d'elle à mon gré
Je me vengerai
En cas de parjure,
PIFÉAR.
Qui vous donna cet or?
D'où vous vient ce trésor?
ZÉLIDE, riant de lui.
Devinez ... devinez, je vous le donne en mille.
PIFÉAR.
Vous savez que je n'ai jamais rien deviné.
ZÉLIDE.
Vous êtes donc ...
PIFÉAR, avec exaltation.
Je suis ... Je ne suis pas tranquille,
Voilà ce que je suis ... Vous m'avez chagriné.
Et je sens qu'aux alarmes
Vont succéder les larmes,
Oui, voilà que ça vient.
ZÉLIDE.
Chacun son tour, c'est bien.
PIFÉAR.
Ah! ah! ah! ah!
Quel poids j'ai là!
Soupçon d'amour, supplice atroce!
Ah! ah! ah! ah!
Qui croirait ça!
Elle m'oublie ... avant la noce!
Ah! ah! ah! ah!
Voilà, voilà,
Où devait aboutir nos flammes!
Ah! ah! ah! ah!
Quel tort on a
De tomber amoureux des femmes!
Les meilleures, à mon avis,
Ne valent jamais leurs maris.
ZÉLIDE.
Vous êtes trop aimable,
Oui, trop aimable, en vérité,
D'oser me croire ici coupable
D'un manque de fidélité ...
Ah! je sens qu'aux alarmes
Vont succéder les larmes;
Oui, voilà que ça vient.
PIFÉAR.
Chacun son tour, c'est bien
ZÉLIDE.
Ah! ah! ah! ah!
Ce mari-là,
Vraiment est jaloux comme un tigre.
Ah! ah! ah! ah!
Qui croirait ça?
C'est mon futur qui me dénigre.
Ah! ah! ah! ah!
Après cela,
Fiez-vous, fiez-vous aux hommes!
Ah! ah! ah! ah!
On voit par là,
Que bien meilleures qu'eux nous sommes.
Les moins bonnes, à mon avis,
Valent bien mieux que leurs maris.
PIFÉAR.
Voyons, ne pleurez plus, car cela me fait peine;
Je ne suis plus jaloux, essuyez vos beaux yeux.
Dans ces affreux soupçons c'est mon cœur qui m'entraîne:
Si je vous aimais moins, je serais plus joyeux
ZÉLIDE.
Vous voilà plus gentil, et je veux tout vous dire.
PIFÉAR.
Je ne veux rien savoir.
ZÉLIDE.
Apprenez ...
Silence.
PIFÉAR.
Eh bien, quoi?
ZÉLIDE.
Toutes ces pièces d'or que vous voyez reluire
Je les tiens ...
Silence.
PIFÉAR.
De qui donc?
ZÉLIDE, riant.
Devinez.
PIFÉAR.
Quel martyre!
ZÉLIDE.
Je les tiens.
PIFÉAR.
Mais de qui?
ZÉLIDE.
Du roi.
PIFÉAR.
Du roi?
ZÉLIDE.
Du roi.
Comme la fille la plus sage
De toutes celles du village.
PIFÉAR.
La plus sage! la plus sage!

Ensemble.
PIFÉAR.
Ah! c'est bien différent;
Mon bonheur est d'autant
Plus grand.
La chose est neuve,
L'or que j'ai vu
N'est qu'une preuve
De sa vertu.
Ah! c'est bien différent;
Mon bonheur est d'autant
Plus grand.
ZÉLIDE.
Pour lui c'est différent;
Son bonheur est d'autant
Plus grand.
Oui, chose neuve,
L'or qu'il a vu
N'est qu'une preuve
De ma vertu.
Ah! c'est bien différent;
Son bonheur est d'autant
Plus grand.
PIFÉAR.
Et Zéphoris?
ZÉLIDE.
Il dort encore.
PIFÉAR.
En ce cas, il faut que vous me prêtiez sa barque pour quelques heures.
ZÉLIDE.
Oh! vous ne pêcherez pas aujourd'hui.
PIFÉAR.
Pêcher? ah! bien, oui! ... il s'agit de ce paquet qui renferme une lettre ... une lettre d'amour, vous savez bien, je vous en ai parlé l'autre jour; je n'ai pas pu la porter hier, parce qu'on m'a incarcéré, mais je veux la porter ce matin pour ...
ZÉLIDE.
Pour gagner l'argent qu'on vous donne.
PIFÉAR.
Du tout, l'argent je n'y tiens pas; d'ailleurs je l'ai touché d'avance; mais le seigneur en question a parlé de me faire trancher la tête, et ma tête ... c'est différent, j'y tiens.
ZÉLIDE.
Prenez donc notre barque.
PIFÉAR.
Et les avirons?
ZÉLIDE.
Prenez les avirons.
PIFÉAR.
Et la voile?
ZÉLIDE.
Prenez tout ce que vous voudrez.
PIFÉAR, avec intention.
Tout ... ce que ... je vou drai ... ô Zélide! ... avec force. tout ce que je voudrai ...
Il veut l'embrasser.
ZÉLIDE. Finissez donc! se dégageant.
Mais c'est pour ma sagesse qu'on me donne cent pièces d'or.
PIFÉAR.
Bah! c'est comme moi pour la lettre! vous êtes payée d'avance ... ainsi ...
Il l'embrasse.
ZÉLIDE.
C'est affreux!
PIFÉAR.
Mais non, c'est très-agréable. Au revoir, ma chère, sage et riche future.
Il sort.
ZÉLIDE, allant à la porte du fond.
Allez vite et revenez de même.

Scène III.
Zélide, Zéphoris.
ZÉPHORIS, sortant de sa chambre, vêtu comme au premier acte.
Qu'est-ce que cela veut dire ... Une cabane ... d'humbles vêtements ...
ZÉLIDE.
Ah! te voilà éveillé, mon frère.
ZÉPHORIS.
Je veux mon palais, mes esclaves, mes ministres! je veux la voir, elle ... Oh! oui, c'est elle, elle surtout que je veux voir ...
ZÉLIDE.
Tes ministres, ton palais? ... mais qui crois- tu donc être?
ZÉPHORIS.
Qui je suis? ... je suis le roi.
ZÉLIDE.
Le roi! Oh! je devine, c'est ton amour qui t'a donné quelques heures d'un bonheur éphémère, c'est ton amour qui a fait naître un songe doré qui te tient encore sous son empire.
ZÉPHORIS.
Un songe ... je l'ai cru d'abord; oui, là- bas, dans ce palais, je croyais rêver ... mais j'ai bien vu, j'ai bien senti que j'étais éveillé ... et cependant ... je me retrouve ici, près de toi ... sous ces habits ... et je la perds, je la perds pour toujours, elle ... elle que j'aime tant ... Oh! je suis malheureux, bien malheureux, ma sœur ...
Il pleure.
ZÉLIDE, allant à lui et lui prenant la main.
Ta sœur ... tu l'as dit, Zéphoris, ce mot ne doit-il pas suffire pour te rappeler à toi-même ... est-ce que je puis être la sœur d'un roi?
ZÉPHORIS, accablé.
C'est vrai ...
ZÉLIDE.
Est-ce que cette demeure n'est pas celle qui nous vit naître?
ZÉPHORIS.
C'est vrai!
ZÉLIDE.
Est-ce que ce n'est pas ici, mon frère, que nous avons grandi, pauvres orphelins, en pleurant, en priant ensemble?
ZÉPHORIS.
C'est vrai, c'est vrai! Ma royauté, son amour, mon bonheur, avec force tout cela n'était donc qu'une vision ... une illusion du sommeil ... un songe, un songe. Ah! cependant ...
ZÉLIDE, se jetant à son cou.
Frère!
ZÉPHORIS, doucement.
Non ... je n'y veux plus penser ... jamais ... jamais ... Parlons de toi, petite sœur, de ton fiancé, de ton avenir ... de ton mariage ... Je veux oublier ce qui me touche; mais toi, du moins, je veux que tu sois heureuse, ma sœur.
ZÉLIDE.
Le ciel a déjà fait beaucoup pour accomplir ce vœu là.
ZÉPHORIS.
Vraiment? ... Assieds-toi et conte-moi cela.
ZÉLIDE.
Eh bien, hier ... tandis que tu étais en mer.
ZÉPHORIS.
En mer? ... moi! ... mais ...
ZÉLIDE, suppliante.
Oh! ... et ta promesse? ...
ZÉPHORIS.
Oui, oui! ... soit donc! tandis ... tandis que j'étais en mer? ...
ZÉLIDE.
Il m'est survenu ...
ZÉPHORIS.
Quoi donc?
ZÉLIDE.
Un grand bonheur ... j'ai reçu de la part du roi cent pièces d'or pour ma dot. Zéphoris se lève tout droit et demeure immobile. Qu'as-tu donc?
ZÉPHORIS.
Cent pièces d'or ... pour ta dot! ... C'est moi, Zélide, moi, qui te les ai fait donner quand j'étais roi.
ZÉLIDE.
Encore! Alors c'est toi aussi qui a fait emprisonner Piféar.
ZÉPHORIS.
Piféar!
ZÉLIDE.
C'est toi qui as fait couler sa barque?
ZÉPHORIS.
Oui, oui! ... la prison, la barque coulée, tout cela est mon ouvrage ... Ah! je le savais bien. Merci, Brahma! C'eût été trop cruel de ne me donner l'amour de Némea qu'en songe. Zélide! elle est à moi, elle est à moi. Je suis le roi.
ZÉLIDE.
O mon Dieu! ... sa raison est perdue ...

Scène IV.

Morceau d'ensemble.
Les mêmes, les pêcheurs.
CHOEUR.
Honneur à la plus sage
Des filles du village,
A qui le roi, dit-on,
D'une dot a fait don.
ZÉPHORIS.
Envers elle il fut juste.
LE CHOEUR.
Envers nous il fut bon,
Car ce monarque auguste
A nous aussi fit don . ...
ZÉPHORIS, vivement
De dix pièces d'or?
LE CHOEUR.
Tu sais donc
Combien l'on nous donna,
Toi qui n'étais pas là?
ZÉPHORIS.
Je le sais, car c'est moi qui vous fis ce don-là.
LE CHOEUR.
Que dit-il donc?
ZÉPHORIS.
Depuis hier, grâce à Brahma,
Je suis souverain de Goa.
LES PÊCHEURS, hommes et femmes.
Il est fou, des plus fous!
Quel accident terrible!
Sa tête, c'est visible,
Est sens dessus dessous.
Il est fou, des plus fous,
Il est fou, des plus fous!
ZÉLIDE, à Zéphoris.
Hélas! ce n'est qu'un songe
Qui survit
A la nuit;
Dans l'erreur il te plonge,
Mon pauvre Zéphoris.
LE CHOEUR.
Rappelle tes esprits.
ZÉPHORIS.
Que penser de leurs cris?
Tout me revient à la mémoire
Et pourtant nul ne veut me croire;
N'ai-je donc plus, en effet, mes esprit?
Il tombe accablé.
LES PÊCHEURS.
Mais qui vient là? – C'est Zizel.

Scène V.
Les mêmes, Zizel.
ZIZEL, entrant et ne pouvant marcher que sur la pointe des pieds.
C'est moi-même.
Aie! aie! aie! aie! aie! aie! hélas! douleur extrême!
Aie! aie! aie! aie! aie! aie! ô tourment sans égal!
On lui donne un siége.
LE CHOEUR.
Qu'avez-vous? qu'avez-vous?
ZIZEL.
Aux talons j'ai bien mal.
ZÉPHORIS, se levant radieux.
Il a mal aux talons. C'est bien ça! c'est ça même
Sous la plante des pieds c'est moi qui lui fis don,
Pour prix de tous ses vols, de cent coups de bâton.
Vous voyez, mes amis, que j'ai bien ma raison.
ZIZEL, se levant.
Ah! c'est toi misérable ...
Il marche sur lui.
Aie! aie! aie! ah! c'est toi! misérable! c'est toi!
Toi qui m'as dénoncé.
ZÉPHORIS.
Qui, moi?
Te dénoncer? à qui? pourquoi?
Je te savais coupable,
Je t'ai puni, c'était mon droit.
Ne suis-je pas le roi,
LES PÊCHEURS.
Il est fou, des plus fous, etc.
ZIZEL.
Il est fou, des plus fous.
Quel accident terrible, etc.
ZIZEL, aux pêcheurs.
Le roi m'ayant, hier au soir,
Fait l'honneur de me recevoir,
Mouvement de Zéphoris.
M'a commandé, dans sa bonté suprême,
De vous rendre à tous votre argent;
Et je viens, encore souffrant,
Exécuter son ordre à l'instant même.
ZÉPHORIS, vivement.
Tu n'as pas vu le roi,
Non, non, c'est impossible!
Je ne t'ai pas vu, moi;
Tu n'as pas vu le roi.
ZIZEL, parodiant sa phrase.
Je n'ai pas vu le roi,
Ah! la chose est risible!
Si fait, j'ai vu le roi
Tout comme je te voi!
LES PÊCHEURS.
Comme nous.
ZÉPHORIS.
Comme vous?
ZÉLIDE.
Comme moi.
ZÉPHORIS.
Comme toi?
Mais alors ce n'est donc pas moi,
Ce n'est pas moi qui suis le roi.
Ah! laissez-moi seul, laissez-moi.
ZIZEL.
J'ai votre argent.
Il se lève.
Aie! aie! Allons, suivez-moi tous.
Aie! aie! Allons! aie! aie! Allons, suivez-moi tous.
ZÉLIDE.
Sans bruit, sans bruit, éloignons-nous.
Un peu de repos, je l'espère,
Saura calmer mon pauvre frère
Et dissipera sa chimère.
Sans bruit, éloignons-nous.

Reprise de l'ensemble, à demi-voix.
Zizel, les Pêcheurs et Zélide sortent.

Scène VI.
Zéphoris, seul.
Ah! ma tête est perdue! ... Ils disent vrai, je suis fou! je suis fou ... Ma raison va du rêve à la réalité, et dans cette lutte horrible ... ma tête se brise. Oh! c'est la folie! c'est la folie! Némea, c'est toi seule que je regrette; Némea, ne te reverrai-je jamais? ... Némea!

Scène VII.
Némea, Zéphoris.
NÉMEA.
Me voilà.
ZÉPHORIS.
O ciel! est-ce encore une vision? Vous ici, près de moi? ...
NÉMEA.
Oui, moi, qui suis bien coupable envers vous, et qui viens vous faire l'aveu de ma faute.
ZÉPHORIS.
Que signifie?
NÉMEA.
Cessez de craindre pour votre raison, Zéphoris, vous n'avez pas fait un rêve insensé ... Zéphoris, vous avez été roi.
ZÉPHORIS, avec chaleur.
Ah! c'est bien vrai, n'est- ce pas ... j'ai été roi, et ma main a rencontré la vôtre?
NÉMEA.
Oui.
ZÉPHORIS.
Et je vous ai parlé de mon amour?
NÉMEA, confuse.
Oui.
ZÉPHORIS.
Et votre bouche a répondu: Mon cœur est à celui qui m'a sauvé la vie?
NÉMEA.
Oui, oui. Vivement. Mais en parlant ainsi j'obéissais ... au véritable roi.
ZÉPHORIS.
Au véritable roi?
NÉMEA.
A celui qui, trouvant endormi sur la plage un pêcheur qui rêvait au trône, le fit plonger dans un sommeil léthargique duquel il n'est sorti ...
ZÉPHORIS.
Je comprends ... je comprends tout! Plus tard, ils m'ont plongé de nouveau dans ce profond sommeil! Ils m'ont rendu à ma pauvreté, à mon isolement ... sans penser que ce bonheur d'un jour ferait le désespoir de ma vie entière. Et c'est vous, Némea, qui vous êtes prêtée à ce jeu cruel! Vous, qui avez déchiré, sans pitié, ce pauvre cœur qui vous aimait tant!
NÉMEA.
Ah! ne m'accablez pas! j'ignorais que vous m'aviez sauvée au péril de vos jours. J'ignorais de quel amour vous m'aimiez!
ZÉPHORIS.
D'un pur et saint amour! croyez-le. Jamais prince ou roi ne vous aimera comme vous aimait le pauvre pêcheur.
NÉMEA.
Zéphoris!
ZÉPHORIS.
Vous êtes venue pour raffermir ma raison chancelante ... Mieux eût valu me laisser devenir fou tout à fait ... Je ne comprendrais plus, du moins, tout ce que je perds en perdant votre amour.
NÉMEA.
Oh! taisez-vous! Par pitié, taisez-vous.
ZÉPHORIS.
C'est la dernière fois, sans doute, qu'il m'est permis de vous voir ... Reprenez cet anneau ... je l'ai bien souvent pressé sur mes lèvres, je l'ai bien souvent arrosé de mes pleurs! ... reprenez- le, Némea, pour qu'aucun lien ne reste entre nous ... reprenez-le ... c'est peut-être l'anneau de fiançailles que vous donnerez à un autre ...
NÉMEA.
Oh! taisez-vous ... taisez-vous ...

Duo.
NÉMEA.
Je fus cruelle et Dieu se venge,
Ici je reconnais son bras.
Il fait de vous, vous, mon bon ange,
L'ange vengeur des cœurs ingrats.
Votre colère doit m'atteindre,
Accablez-moi de vos mépris;
Puisque vous souffrez, Zéphoris,
J'ai perdu le droit de me plaindre.
Elle se détourne pour essuyer une larme.
ZÉPHORIS, l'observant.
Qu'avez-vous, princesse, et pourquoi
Détournez-vous vos yeux de moi?
Il surprend ses larmes.
Ah! quelles soudaines alarmes
Viennent remplir vos yeux de pleurs!
Ange, une seule de vos larmes
M'a payé de tous mes malheurs.
Mon ressentiment doit s'éteindre,
Tout courroux doit expirer là.
Puisque vous pleurez, Némea,
J'ai perdu le droit de me plaindre.
NÉMEA.
J'ai bien des torts envers vous.
Que votre âme grande et bonne
A cette heure me pardonne;
Je vous implore à genoux.
Elle tombe à genoux.
ZÉPHORIS.
Némea, relevez-vous.
Avec solennité.
Je vous pardonne, allez, ô noble femme,
Heureuse et fière, aux bras d'un autre époux.
Je vous pardonne, et c'est du fond de l'âme;
Vivez en paix, je prîrai Dieu pour vous.

Ensemble.
Je vous pardonne, allez, ô noble femme, etc.
NÉMEA.
Malgré l'amour qui me trouble et m'enflamme,
Loin de ces lieux à fuir je me résous.
A Zéphoris je dois fermer mon âme,
Car il ne peut devenir mon époux.
TOUS DEUX.
Pour vous je prîrai Dieu
O mon sauveur, adieu!
Noble princesse, adieu!
Némea va s'éloigner, elle aperçoit Kadoor au loin. Elle rentre vivement.
O ciel! c'est Kadoor, c'est lui-même,
S'il me trouvait ici, chez vous!
Il est puissant! il est jaloux!
ZÉPHORIS.
Et cependant c'est lui qu'on aime.
NÉMEA.
Le voilà! le voilà!
ZÉPHORIS.
Eh bien! sortez par là.
C'est la chambre de Zélide.
Au dehors elle ouvre aussi.
Il va ouvrir la porte.
NÉMEA.
Kadoor! que vient-il faire ici?
ZÉPHORIS.
Partez, et que Brahma vous guide.
NÉMEA.
Zéphoris, que Brahma vous guide.
Elle sort.

Scène VIII.
Zéphoris, Kadoor. Kadoor paraît, il fait signe à quatre esclaves armés qui l'accompagnent de l'attendre au fond, en dehors de la cabane.
ZÉPHORIS.
Quoi! le prince Kadoor chez un pauvre pêcheur?
KADOOR, ironiquement.
Mais non pas, Majesté; c'est un puissant monarque
A qui je rends visite.
ZÉPHORIS.
Assez, assez, seigneur.
Ma place est dans ma barque,
La vôtre est à la cour.
Souffrez que je ...
Il va s'éloigner; Kadoor lui saisit le bras.
KADOOR, avec force.
Restez.
Reprenant le ton ironique.
J'espère qu'en ce jour,
Vous qui savez si bien rendre à tous la justice,
Vous saurez appliquer la loi dans sa rigueur
A certain Zéphoris qui, parjure à l'honneur
Et traître à son serment, a vendu son seigneur.
ZÉPHORIS.
Mais vous oubliez donc?
KADOOR.
Je demande justice,
Gracieux souverain, car je suis le seigneur,
Victime de ce traître. Il faut qu'on le punisse.
C'est à vous, Majesté, de décider son sort;
Vous qui savez si bien rendre à tous la justice,
Vous direz comme moi qu'il mérite la mort.
N'est-ce pas votre avis?
ZÉPHORIS, regardant au fond.
Oh! je crains de comprendre.
Il fait un pas vers le fond; Kadoor l'arrête encore.
KADOOR.
Cet arrêt, Majesté, vous venez de le rendre,
Pour épargner au condamné
Les angoisses d'un long supplice,
Avec moi tantôt j'amenai
Les serviteurs de la justice.
J'ai tout prévu, tout ordonné.
ZÉPHORIS.
D'un crime vous seriez capable?
KADOOR, changeant de ton.
Non pas, je punis un coupable.
Appelant.
Esclaves ..
Il remonte. – Némea s'élance de la chambre de Zélide et lui barre le passage.

Scène IX.
Les mêmes, Némea.

Trio.
NÉMEA.
Arrêtez! arrêtez!
KADOOR, reculant de terreur.
Némea!
NÉMEA, froidement.
Moi-même, prince.
KADOOR, atterré.
Elle était là.
NÉMEA.
Noble prince Kadoor, cela vous déconcerte,
Vous sentez, n'est-ce pas, que ces gens qui, dehors,
N'attendent qu'un signal pour consommer sa perte,
N'arriveront à lui qu'en passant sur mon corps.
KADOOR.
Eh quoi! vous prétendez? ...
NÉMEA.
Le sauver! – Car je l'aime!
KADOOR.
O ciel!
ZÉPHORIS.
Qu'ai-je entendu?
KADOOR.
Vous l'aimez?
NÉMEA, avec émotion.
Oui, je l'aime!
Emportant mon secret j'allais quitter ce lieu,
Mais le danger qu'il court à ce moment suprême,
En blessant mon amour, m'en arrache l'aveu

Ensemble.
NÉMEA.
Je voulais me taire ...
KADOOR.
O fureur!
ZÉPHORIS.
O bonheur!
NÉMEA.
Mais plus de mystère ..
KADOOR.
O terreur!
ZÉPHORIS.
O douceur!
NÉMEA.
Dans cette rencontre ..
KADOOR.
O douleur!
ZÉPHORIS.
O faveur!
NÉMEA.
A moi Dieu se montre.
KADOOR.
O terreur!
ZÉPHORIS.
O douceur!
NÉMEA.
Il dicte lui-même ...
KADOOR.
O fureur!
ZÉPHORIS.
O faveur!
NÉMEA.
Mon aveu suprême.
KADOOR.
O douleur!
ZÉPHORIS.
O bonheur!
KADOOR.
Cet aveu si doux et si tendre,
Vous l'osez faire devant moi!
NÉMEA.
Je l'eusse fait devant le roi.
Mon cœur ne pouvait plus attendre.
ZÉPHORIS, aux pieds de Némea.
Oh! c'est trop de bonheur pour moi.
KADOOR.
A votre main, à votre foi,
Un vil pécheur peut-il prétendre?
NÉMEA.
S'il ne peut monter jusqu'à moi,
Jusqu'à lui je saurai descendre.
ZÉPHORIS.
Oh! c'est trop de bonheur pour moi.

Reprise de l'ensemble.
NÉMEA.
Je voulais me taire, etc.
KADOOR.
Ah! c'est son arrêt de mort que vous venez de prononcer ... A moi, mes esclaves malais, à moi!
Le roi paraît.
NÉMEA ET KADOOR.
Le roi.

Scène X.
Les mêmes, le roi et douze seigneurs.
LE ROI.
Némea! ... Kadoor en ces lieuz!
NÉMEA.
Que Votre Majesté daigne empêcher un crime. ... Le prince ordonne la mort de Zéphoris.
LE ROI.
Le prince n'a fait, peut-être, que devancer mes ordres.
NÉMEA.
Vos ordres? ...
KADOOR, à part.
Comment?
LE ROI.
Oui, cet homme n'a pas craint d'abuser de notre signature royale ... il a osé, au mépris de notre volonté, faire partir secrètement l'ordre qui devait ramener l'armée ... Et l'armée est aux portes de Goa!
KADOOR, à part.
Grand Dieu! Haut. Il a fait cela?
ZÉPHORIS.
Je l'ai fait!
LE ROI.
Et qui t'a suggéré cette pensée? Pourquoi as-tu envoyé cette dépêche, puisque le prince nous en avait fait comprendre le danger ...
ZÉPHORIS.
Parce que je n'ai pas cru le prince sur parole ...
KADOOR.
Malheureux! ...
ZÉPHORIS.
Parce que je savais qu'un pêcheur portait réellement des messages aux Portugais qui observent la côte.
KADOOR.
Tu mens! ...
LE ROI.
La preuve! la preuve! ... ce pêcheur, quel est-il?

Scène XI.
Les mêmes, Piféar, Zélide.
PIFÉAR, entrant.
Zéphoris!
ZÉLIDE, de même.
Mou frère! ciel!
ZÉPHORIS.
Ce pêcheur, le voilà, Majesté.
PIFÉAR ET ZÉLIDE.
Le roi!
LE ROI.
Lui!
KADOOR.
Je suis perdu!
LE ROI.
Est-il vrai que tu aies porté des messages ...
PIFÉAR.
En pleine mer? oui. Non; – je ne sais pas.
LE ROI.
Comment?
PIFÉAR, tremblant.
Maj ... Majesté, qu'est-ce qu'on me fera si c'est oui?
LE ROI.
Tu mourras, si tu mens.
PIFÉAR.
En ce cas, j'ai porté trois messages ...
KADOOR, lui faisant un signe.
C'est faux!
PIFÉAR.
C'est juste! pardon, seigneur, je ne vous voyais pas. Le seigneur a raison, j'en ai porté quatre ... le seigneur le sait bien, car c'est lui qui m'envoyait.
LE ROI.
Lui!
KADOOR, à part.
Oh! le misérable!
LE ROI.
Achève.
PIFÉAR.
Enfin, en sortant de prison, ce matin, je porte mon quatrième message ... Mais à peine mon homme le tenait-il, à peine l'avait-il lu, que le voilà qui hisse à son mât le pavillon portugais, et au même moment, je vois déboucher de la pointe de l'île, six forts navires portugais ... aussi!
Il se met à l'écart avec Zélide.
ZÉPHORIS.
Six mille Portugais qui aborderont ici dans une heure, Majesté.
LE ROI.
Mais qui trouveront, pour les recevoir, l'armée que tu as fait revenir.
ZÉPHORIS.
Sans doute, nous ne tarderons pas à entendre les gongs sacrés du Grand-Temple.
LE ROI.
Que dis-tu?
ZÉPHORIS.
Hier, j'ai donné cet ordre en prévision du danger qui nous menace.
Il va écouter à la porte du fond.
NÉMEA.
Majesté, il a sauvé l'État comme il m'avait sauvée moi-même.
LE ROI.
Lui! Ah! je te récompenserai.
ZÉPHORIS.
Que Votre Majesté me donne une arme et me permette de combattre à ses côtés, elle sera quitte envers moi.
LE ROI.
Une arme! Donnez la vôtre, prince Kadoor; il est temps qu'une main loyale la purifie des souillures de la trahison.
KADOOR, donnant son sabre au Roi.
Majesté, j'ai mérité la mort, vengez-vous.
LE ROI.
Le même sang coule dans nos veines. Par tez, vous êtes libre!
KADOOR, très ému.
Vous me pardonnez! Oh! Majesté, je vous jure que cette mort que vous me refusez, j'irai la chercher en face de vos ennemis. Adieu!
On entend tinter les gongs. Kadoor s'élance par le fond.

Scène XII.
Les mêmes, moins Kadoor.
LE ROI.
Voici le signal! Partons.

Finale.
LE ROI, ZÉPHORISE ET NÉMEA.

Ensemble.
Toi qui présides aux batailles,
Entends nos vœux, entends nos cris,
Et fais, au pied de nos murailles,
Tomber nos lâches ennemis.
LE ROI.
O Dieu, dans ta grâce profonde
Referme le chemin de l'onde
A ces farouches conquérants,
Qui, dans leur course vagabonde,
Ne voudraient envahir le monde
Que pour en être les tyrans.
Reprise de l'ensemble, auquel se joignent les huit Conseillers du Roi formant sa suite.
ZÉPHORIS.
Tout homme affronte le danger
Et sans pâlir donne sa vie,
Lorsqu'il faut chasser l'étranger
Du sol sacré de la patrie!
TOUS.
O patrie! en volant au combat
Tes enfants sont exempts d'alarmes;
Ils n'ont qu'un cri: Sauvons l'État.
Aux armes! aux armes! aux armes!
Ils sortent tous par le fond, Zélide entraîne Némea par la droite Changement à vue. Pendant ce court entr'acte, on entend gronder au loin la bataille.

Dernier tableau.
Une place de la ville de Goa, des soldats et des citoyens débouchen de tous côtés.
CHOEUR.
Victoire! victoire!
Les Portugais
Sont défaits.
Victoire! victoire!
Nos ennemis
Sont enfuis;
Jour de mémoire
Et jour de gloire!
Pour les vainqueurs
Jour d'allégresse
Et jour d'ivresse
Pour tous les cœurs.
Victoire! victoire!
Les Portugais
Sont défaits.
Victoire! victoire!
Nos ennemis
Sont enfuis.
Le Roi entre avec sa suite, Zéphoris marche à sa droite Némea paraît du côté opposé.
LE ROI.
Noble princesse, approchez-vous.
Zéphoris s'est couvert de gloire,
Et je vous ramène un époux
Que ma faveur et la victoire
Ont fait digne de vous.

Trio.
LE ROI.
Soyez époux, le roi l'ordonne;
Pêcheur hier et soldat en ce jour
Zéphoris sauva ma couronne;
Et je m'acquitte en sauvant son amour.
ZÉPHORIS.
Elle est à moi, le roi l'ordonne.
O Majesté, votre main en ce jour.
Me donne plus qu'une couronne,
Elle me fait digne de son amour.
NÉMEA.
Soyons unis, le roi l'ordonne.
Pêcheur hier et soldat en ce jour,
Zéphoris sauva la couronne;
Le roi s'acquitte en sauvant notre amour.
Pendant que Zéphoris se jette aux pieds de Némea, on voit apparaîtra le cortége des Brahmes.
LES BRAHMES.
Peuple, réjouis-toi! Chante, cité superbe!
Ils sont encor debout tes courageux enfants.
On ne cherchera pas parmi la cendre et l'herbe
Les portiques sacrés de tes saints monuments.
LE ROI.
Approchez, pieux Brahmes.
Montrant Zéphoris et Némea.
Venez bénir leurs flammes.
Les Brahmes s'approchent. – Au peuple.
Et vous, chantez encor la victoire et la paix.
Reprise du choeur.
Victoire! victoire!
Les Portugais
Sont défaits.
Victoire! victoire!
Nos ennemis
Sont enfuis, etc.

Fin.
libretto by Adolphe d'Ennery, Jules-Henri Brésil 
Contents: Personnages; Acte I; Acte II; Acte III

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