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Turandot” by Giacomo Puccini libretto (German Swap French)

 Print-frendly
Personen

Turandot, Chinesische Prinzessin (Sopran)
Altoum, Kaiser von China (Tenor)
Timur, entthronter Tatarenkönig (Bass)
Kalaf, sein Sohn, Prinz (Tenor)
Liù, Sklavin (Sopran)
Ping, Kanzler (Bariton)
Pang, Marschall (Tenor)
Pong, Küchenmeister (Tenor)
Ein Mandarin (Bariton)
Prinz von Persien (Tenor)
Henker (stumme Rolle)
Wachen, Gehilfen des Henkers, Knaben, Priester, Mandarine, die acht Weisen, Kammerfrauen, Diener, Soldaten, die Menge etc. (Chor)

Personnages

La princesse Turandot (soprano dramatique) : Rosa Raisa
Altoum, empereur de Chine, son père (ténor)
Timur, roi de Tartarie en exil (basse) : Carlo Walter
Calaf, le « prince inconnu », son fils (ténor lyrique) : Miguel Fleta
Liú, jeune esclave, guide de Timur (soprano lyrique) : Maria Zamboni
Ping, Grand Chancelier de Chine (baryton)
Pang, Grand Maître des provisions (ténor)
Pong, Grand Maître de la cuisine impériale (ténor)
Un mandarin (baryton)
Le Bourreau (basse)
Le jeune prince de Perse (ténor)
Un enfant (rôle muet)

ERSTER AKT

Die Mauern der Kaiserstadt
(Die massigen Zinnen umschließen fast die ganze
Szene. Rechts wird der Kreis durchbrochen von einem
Laubengang voller Skulpturen und Schnitzereien, die
Ungeheuer, Einhörner, Phönixe darstellen, während die
Laubenpfeiler auf dem Rücken gewaltiger Schildkröten
ruhen. Zu Füßen des Laubenganges ein gewaltiger
bronzener Gong. Auf den Zinnen sieht man Pfähle, auf
die die Köpfe der Hingerichteten gespießt sind. Links
und im Hintergrund drei riesige Tore in der Mauer.
Wenn sich der Vorhang hebt, geht die Sonne gerade
unter. Das sich in der Ferne verlierende Peking glänzt
wie in Gold gehüllt. Der Platz ist voll von malerischem
chinesischem Volk, das bewegungslos den Worten
eines Mandarins lauscht. Dieser verliest, auf einer
hohen Brustwehr stehend und von roten und
schwarzen tatarischen Wachen umgeben, einen Erlaß.)


MANDARIN
Höre, o Volk von Peking!
Die Satzung lautet:
Turandot, die Reine, eh’licht
den Mann von königlichem Blut,
der die drei Rätsel löst,
die sie ihm aufgibt.
Doch wer die Probe sucht
und nicht besteht,

PREMIER ACTE

Les murs de la grande Cité Violette
(La Ville Impériale. De massifs remparts ferment
presque toute la scène en demi-cercle. Seulement sur
la droite ceux-ci sont rompus par une grande loggia
sculptée et ajourée représentant des monstres, des
licornes, des phénix, avec des pilastres soutenus par de
lourdes tortues. Au pied de la loggia, soutenu par deux
arcs, se trouve un gong de bronze très sonore. Sur les
remparts, des pieux sur lesquels sont fichées les têtes
des suppliciés. À gauche et dans le fond, trois portes
gigantesques s’ouvrent dans les murs. Lorsque le rideau
se lève, le crépuscule en est à sa phase la plus
éclatante. Pékin, dont les lointains s’étagent, scintille
d’une lumière dorée. Le palais est rempli d’une
pittoresque foule chinoise, immobile, qui écoute les
paroles d’un mandarin. Du haut du rempart où la garde
tartare rouge et noire lui fait escorte, celui-ci lit un
tragique décret.)


UN MANDARIN
Peuple de Pékin !
Voici la loi.
Turandot, la pure, sera l’épouse
De celui – pourvu qu’il soit de sang royal –
Qui résoudra les trois énigmes
Qu’elle lui proposera.
Mais celui qui, ayant affronté le combat,
Y sera vaincu,

soll fallen von der Hand
des Henkers!

DIE MENGE
Oh! Oh!

MANDARIN
Der Prinz von Persien
konnte die Rätsel nicht lösen:
bei Mondesaufgang wird er
durch die Hand des Henkers
sterben!

DIE MENGE
Recht so! Er sterbe!
Wir wollen nach dem Henker rufen!
Schnell, schnell!
Er sterbe, er sterbe!
Auf zur Hinrichtung!
Wenn du nicht kommst,
so wecken wir dich auf!
Pu-Tin-Pao! Pu-Tin-Pao!
Zum Palaste, zum Palaste!

DIE WACHEN
(stoßen die Menge zurück. Viele Menschen fallen im
Gedränge.)
Zurück, ihr Hunde!

DIE MENGE
Oh, grausam!
Haltet ein!

DIE WACHEN
Zurück ihr Hunde!

Verra tomber sa tête fière
Sous la hache du bourreau.

LA FOULE
Ah ! Ah !

LE MANDARIN
Le Prince de Perse
Eut le sort contre lui ;
Au lever de la lune
Il doit mourir
De la main du bourreau !

LA FOULE
Qu’il meure, oui, qu’il meure !
Nous voulons le bourreau !
Vite, vite !
À mort, à mort !
Au supplice !
Si tu ne te montres pas
Nous te réveillerons !
Pu-Tin-Pao ! Pu-Tin-Pao !
Au palais ! Au palais !

LES GARDES
(repoussent la foule. Sous le heurt, beaucoup de gens tombent.)
Arrière, chiens !

LA FOULE
Oh ! barbares !
Arrêtez, au nom du Ciel !

LES GARDES
Arrière, chiens !

DIE MENGE
O Mutter!
Ach, meine Kinder!
Ihr Grausamen, haltet ein!
Seid menschlich! Tötet uns nicht!

LIÙ
Ach, mein Herr liegt am Boden!
Wer hilft mir, ihn aufzurichten?
Mein Herr liegt am Boden!
Gnade, Gnade!

DER UNBEKANNTE PRINZ
(kommt hinzu und erkennt seinen Vater)
Vater! Mein Vater!
O, Vater, hab’ ich dich wieder!
Sieh mich an! Es ist kein Traum!

DIE WACHEN
Zurück!

LIÙ
Mein Gebieter!

DIE MENGE
Warum, o Gott, schlagt ihr uns?

DER UNBEKANNTE PRINZ
Vater, so höre mich!
Vater! Ich bin es!
Sei mir gesegnet, Schmerz,
um dieser Freude willen,
die ein gnädiger Gott uns gab!

LA FOULE
Ô mère !
Oh ! mes enfants !
Arrêtez, cruels !
Soyez humains. Ne nous faites pas de mal !

LIÙ
Ce vieillard est tombé !
Qui m’aidera à le soutenir ?
Ce vieillard est tombé !
Pitié ! pitié !

LE PRINCE INCONNU
(accourt. Il reconnaît son père. Il pousse un cri.)
Père ! mon père !
Ô père, je te retrouve !
Regarde-moi ! ce n’est pas un rêve !

LES GARDES
Arrière !

LIÙ
Mon seigneur !

LA FOULE
Pourquoi nous frappez-vous ? hélas !

LE PRINCE INCONNU
Père ! Écoute-moi !
Père, c’est moi !
Et bénie soit la douleur
Pour cette joie que nous donne
Un Dieu secourable.

TIMUR
O mein Sohn! Du lebst!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Still, still!
Der die Krone dir geraubt,
der sucht mich und verfolgt dich!
Es gibt keine Zuflucht für uns,
Vater, auf der Welt!

TIMUR
Also fand ich den Sohn,
den ich tot gewähnt!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Ich habe dich beweint, Vater,
und küsse deine heil’gen Hände!

TIMUR
Mein Sohn, ich hab’ dich wieder!

DIE MENGE
Seht die Knechte des Henkers!
Er sterbe, er sterbe!

TIMUR
Die Schlacht verloren, bin ich
ein alter König ohne Reich;
nur eine Stimme hörte
ich mir sagen:
„Komm mit mir, ich will dich führen...“
Das war Liù!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Sie sei gesegnet!

TIMUR
Ô mon fils ! toi ! vivant ?

LE PRINCE INCONNU
Tais-toi !
Celui qui a usurpé ta couronne
Me cherche et te poursuis !
Il n’est pas pour nous, mon père,
D’asile en ce monde !

TIMUR
Je t’ai cherché, mon fils,
Et je t’ai cru mort !

LE PRINCE INCONNU
Je t’ai pleuré, mon père,
Et je baise ces mains sacrées !...

TIMUR
Ô mon fils retrouvé !

LA FOULE
Voici les servants du bourreau.
À mort ! à mort !

TIMUR
La bataille une fois perdue,
Vieux Roi sans royaume et en fuite,
J’entendis une voix
Qui me disait :
« Viens avec moi, je serai ton guide... »
C’était Liù !

LE PRINCE INCONNU
Qu’elle soit bénie !

TIMUR
Und als ich brach zusammen,
da trocknete mir die Tränen
sie und bettelte für mich!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Liù, wer bist du?

LIÙ
Ich bin niemand...
Eine Sklavin, mein Gebieter...

DIE MENGE (hinter der Szene)
Schleift das Messer!
Schleift das Messer!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Und warum hast du solche Not geteilt?

LIÙ
Weil ihr mir... einst im Schlosse
zugelächelt.
(Die Henkersknechte treten auf mit den Trägern des
großen Steins, an dem das Richtschwert geschliffen
wird.)

DIE MENGE
Schleift das Messer! Schleift!

DIE HENKERSKNECHTE
Ölt und schleift,
daß die Schneide Blut
und Funken sprühe!
Herrlich ist für uns die Arbeit,
wo Prinzessin Turandot regiert!

TIMUR
Et je tombai épuisé ;
Elle, elle essuyait mes larmes
Et mendiait pour moi !

LE PRINCE INCONNU
Liù, qui es-tu ?

LIÙ
Je ne suis rien...
Une esclave, seigneur...

LA FOULE (alentour)
Tournez la meule !
Tournez la meule !

LE PRINCE INCONNU
Et pourquoi as-tu partagé tant d’angoisses ?

LIÙ
Parce qu’un jour... dans le palais,
Tu m’as souri.
(Entre un groupe de servants du bourreau, précédé de
porteurs de la meule destinée à aiguiser le grand
cimeterre du bourreau.)

LA FOULE
Tourne la meule ! Tourne !

LES SERVANTS DU BOURREAU
Graisse, aiguise,
Que la lame fonce, fasse gicler
Feu et sang !
Jamais le travail ne chôme
Là où règne Turandot !

DIE MENGE
Wo Prinzessin Turandot regiert!
Ihr Freier, kommt nur weiter!

DIE HENKERSKNECHTE
Mit spitzen Haken und scharfen Messern
sind wir jederzeit bereit,
euch zu töten!

DIE MENGE
Wer den Gong ertönen läßt,
dem erscheint sie sofort!
Weiß wie Jade,
kalt wie Stahl:
das ist die schöne Turandot!

DIE HENKERSKNECHTE
Wenn der Gong ertönt,
fühlt der Henker Freude!

DIE MENGE
Vergebens ist die Liebe,
lächelt ihr kein Glück!

MENGE und KNECHTE
Die Rätsel sind drei,
der Tod ist einer!
Wenn der Gong ertönt, usw.
(Als die Knechte dem Henker das geschliffene Schwert
reichen, schaut die Menge zum Himmel, der sich
langsam verfinstert.)

DIE MENGE
Warum geht der Mond nicht auf,
der bleiche Geselle?

LA FOULE
Là où règne Turandot !
Doux amants, approchez, approchez !

LES SERVANTS DU BOURREAU
Avec pinces et couteaux
Nous sommes tout prêts à broder
Vos peaux !

LA FOULE
Celui qui frappera ce gong
La verra apparaître !
Blanche comme le jade,
Froide comme cette lame
Est la belle Turandot !

LES SERVANTS DU BOURREAU
Quand le gong résonne
Le bourreau se réjouit !

LA FOULE
L’amour est vain
Là où n’est pas la chance !

LA FOULE et LES SERVANTS
Les énigmes sont trois,
La mort est une,
Quand le gong résonne, etc.
(Pendant que les serviteurs s’éloignent pour porter au
bourreau le cimeterre affilé, la foule scrute le ciel qui
s’obscurcit graduellement.)

LA FOULE
Pourquoi la lune tarde-t-elle ?
Visage pâle !

Zeige dich am Himmel!
Eil dich, geh auf!
Du Kopf ohne Glieder!
Komm, du trister Geselle!
Du Gott des Schweigens!
Bleicher Buhle der Toten!
Schon erwartet der Friedhof
dein Totenlicht!
Seht den fernen Schimmer,
Eil dich, geh auf! usw.
Seht den fernen Schimmer,
seht ihn sich mehren
in fahlem Licht!
Pu-Tin-Pao!
Der Mond geht auf!

KNABEN
Fern auf den östlichen Bergen
klaget der Kranich sein Weh:
Weiche dem Lenz, Winterfrost,
Sonne, schmilz den weißen Schnee!
Von der Wüste weit bis hin ans Meer
seufzen tausend Herzen schwer:
„O Prinzessin, still mein Weh!
Dann blüht der Lenz,
dann schmilzt der Schnee
und alles blüht von neuem! Ah!...“
(Eine Gruppe von Männern führt den jungen persischen
Prinzen aufs Schafott. Beim Anblick des verträumten
Opfers verwandelt sich der Grimm des Volkes in
Mitleid.)

DIE MENGE
O schöner Knabe!
Gnade, Gnade!

Apparais dans le ciel !...
Vite, viens, apparais !
Ô tête coupée !
Ô blême ! Viens !
Ô exsangue, ô taciturne !
Ô blême amante des morts !
Combien les cimetières attendent
Ta funèbre lueur !
Voilà qu’une lueur là-bas
Viens, vite, etc.
Voilà qu’une lueur là-bas
Épand dans le ciel
Sa lumière funèbre !
Pu-Tin-Pao !
La lune s’est levée !

ENFANTS
Là-bas, sur les monts de l’est,
La cigogne a chanté,
Mais avril n’a pas refleuri,
Mais la neige n’a pas fondu.
Du désert à la mer
N’entends-tu pas mille voix
Soupirer : « Princesse,
Descends vers moi !
Tout fleurira,
Tout resplendira ! Ah !... »
(Le cortège royal qui conduit à l’échafaud le jeune
Prince de Perse apparaît. À la vue de la victime qui
avance, pâle et comme dans un rêve, la férocité de la
foule se change en pitié.)

LA FOULE
O adolescent !
Grâce ! grâce !

Wie fest ist sein Schritt!
Wie süß ist sein Antlitz!
Seine Augen sind trunken
von Wonne und Freude!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Gnade, Gnade!

DIE MENGE
Gnade für ihn! Gnade!
Prinzessin,
Gnade, Gnade!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Sehen will ich diese Frau
und verfluchen die Unbarmherzige!

DIE MENGE
Prinzessin, Gnade für ihn, Gnade! usw.
(Die Menge starrt auf die Kaiserlaube, in der Turandot
erscheinen wird. Sie tritt auf, als wäre es eine Vision.
Ein Mondstrahl fällt auf sie. Die Menge sinkt nieder.
Nur der persische Prinz, der unbekannte Prinz und der
Henker bleiben stehen. Turandot macht eine
gebieterische und abweisende Geste: das Todesurteil.
Der Zug setzt sich in Bewegung.)
Prinzessin, Gnade für ihn, Gnade! usw.

DER UNBEKANNTE PRINZ
(gebannt von der Erscheinung Turandots)
O göttliche Schönheit, o Wunder,
o Traum!
(Der Zug ist verschwunden.)

Comme son pas est ferme !
Comme son visage est doux !
L’ivresse est dans ses yeux !
La joie est dans son cœur !

LE PRINCE INCONNU
Ah ! grâce !

LA FOULE
Pitié pour lui ! Pitié !
Princesse !
Grâce ! Pitié !

LE PRINCE INCONNU
Que je te voie pour te maudire !
Cruelle !

LA FOULE
Princesse ! Pitié ! etc.
(Le peuple est tourné vers la loggia où doit se montrer
Turandot. Elle apparaît, telle une vision. Un rayon de
lune l’enveloppe. La foule se prosterne. Seuls restent
debout le Prince de Perse, le Prince Inconnu et le
bourreau. Turandot fait un geste définitif et impérieux.
C’est la condamnation. Le cortège se met en marche.)
Princesse ! Pitié ! Grâce ! etc.

LE PRINCE INCONNU
(est comme fasciné par la vision de Turandot.)
Ô beauté divine ! ô merveille !
Ô rêve !
(Le cortège est sorti.)

WEISSE PRIESTER
Großer Kuang-Tse!
Möge des Opfers Seele
zu dir schweben!
(Auf dem halbdunklen Platz bleiben nur der Prinz,
Timur und Liù zurück. Der von Angst erfüllte Vater tritt
zum Sohne, ruft ihn an, schüttelt ihn.)

TIMUR
Mein Sohn, was tust du?

DER UNBEKANNTE PRINZ
Fühlst du nicht, wie
ihr süßer Duft durchdringet
Luft und Seele?

TIMUR
Du bist verloren!

DER UNBEKANNTE PRINZ
O göttliche Schönheit, o Wunder!
Ich leide, Vater, leide!

TIMUR
Nein! Schmieg dich an mich!
Liù, sprich zu ihm!
Führ ihn fort von hier!
Nimm ihn fest bei der Hand,
so daß er dir folge!

LIÙ
Gebieter, laß uns von hier gehen!

LES PRÊTRES BLANCS
Ô grand Kouang-tzé !
Puisse l’esprit du mourant
Arriver jusqu’à toi !
(Dans la pénombre de la grande esplanade déserte,
seuls restent le Prince, Timur et Liù. Le père s’approche
avec inquiétude de son fils, l’appelle, le secoue.)

TIMUR
Fils, que fais-tu ?

LE PRINCE INCONNU
Ne sens-tu pas ?
Son parfum est dans l’air !
Et dans l’âme !

TIMUR
Tu te perds !

LE PRINCE INCONNU
Ô divine beauté, ô merveille !
Je souffre, père, je souffre !

TIMUR
Non ! Non ! Viens près de moi !
Liù, toi, parle-lui !
Ici, il n’est pas de salut !
Prends dans ta main
Sa main !

LIÙ
Seigneur ! Allons... au loin !

TIMUR
Nur fern von hier ist Heil!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Hier allein ist das Leben, Vater!

TIMUR
Nur fern von hier ist Heil!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Ich leide, Vater, leide!

TIMUR
Das Heil ist nicht hier!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Das Leben, Vater, ist hier!
Turandot! Turandot! Turandot!

DER PERSISCHE PRINZ (hinter der Szene)
Turandot!

DIE MENGE
Ah!

TIMUR
Willst du so sterben?

DER UNBEKANNTE PRINZ
Siegen, Vater,
um ihrer Schönheit willen!

TIMUR
Willst du so enden?

TIMUR
Là-bas est la vie !

LE PRINCE INCONNU
Ici est la vie, mon père !

TIMUR
Là-bas est la vie !

LE PRINCE INCONNU
Je souffre, père, je souffre !

TIMUR
Ici, il n’est pas de salut !

LE PRINCE INCONNU
La vie est ici, mon père !
Turandot ! Turandot ! Turandot !

LE PRINCE DE PERSE (au dehors)
Turandot !

LA FOULE
Ah !

TIMUR
Veux-tu mourir ainsi ?

LE PRINCE INCONNU
La vaincre, père,
Dans sa beauté !

TIMUR
Veux-tu finir ainsi ?

DER UNBEKANNTE PRINZ
Glorreich siegen
um ihrer Schönheit willen!
(Er stürzt auf den Gong zu. Aber plötzlich treten drei
geheimnisvolle Masken zwischen ihn und den Gong:
Ping, Pang und Pong, die drei Minister des Kaisers:
Kanzler, Marschall und Küchenmeister. Der unbekannte
Prinz weicht zurück.)

DIE MINISTER
Nimm dich in acht, Verwegener!
Was willst du hier bei uns?
Geh weiter, weiter, weiter!
Das ist viel gescheiter!
Mach, daß du fortkommst!
Hier wird man dich nur schlagen,
dich martern,
dich foltern!
Hier geht’s dir ans Leben!
Geh weg, geh weg!
Wir sehn dich schon gebunden
und jämmerlich zerschunden!
Am Ende bist du lebensmüde?
So geh in dein Heimatland
und hänge dich da auf!
Nur nicht hier!
Nur nicht hier!
Nur nicht hier!
Geh fort von hier!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Gebt mir den Weg frei!

LE PRINCE INCONNU
La vaincre glorieusement
Dans sa beauté !
(Il s’élance contre le gong. Mais soudain, entre lui et le
disque lumineux se dressent trois mystérieux
personnages : Ping, Pang et Pong, les trois ministres de
l’Empereur, plus précisément le Grand Chancelier, le
Grand Pourvoyeur, le Grand Cuisinier. Le Prince Inconnu
recule.)

LES MINISTRES
Arrête ! Que fais-tu ? Arrête !
Oui es-tu ?
Que fais-tu ?
Que veux-tu ?
Va-t-en ! Va ! ici est la porte
Du grand charnier.
Fou, va-t-en !
Ici on étrangle !
On hache !
On égorge !
On écorche !
On déchire et on mutile !
On scie et on éventre !
Vite, sans tarder,
Retourne à ton pays
À la recherche d’un poteau
Sur lequel briser tes cornes !
Mais pas ici, pas ici !
Fou, va-t-en !

LE PRINCE INCONNU
Laissez-moi passer !

PONG
Unsere Friedhöfe haben keinen Platz mehr!

PANG
Fremde Narren brauchen wir nicht!

PING
An den eigenen haben wir genug!

PONG und PANG
Lauft fort, sonst wird
dein Grabmal schon bereitet!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Gebt mir den Weg frei!

PONG und PANG
Für eine Prinzessin, pah!

PONG
Was ist das schon?

PANG
Eine Frau mit einer Krone im Haar!

PONG
Mit einem Mantel aus Perlen!

PING
Doch wenn du sie entkleidest...

PONG
... ist es Fleisch!

PONG
Ici tous les cimetières sont occupés.

PANG
Ici les fous indigènes suffisent.

PONG
Nous ne voulons plus de fous étrangers !

PONG et PANG
Tu vas fuir, ou bien ton enterrement
S’apprête !

LE PRINCE INCONNU
Laissez-moi passer !

PONG ET PANG
Pour une Princesse ! Peuh !

PONG
Qu’est-elle ?

PANG
Une femme avec une couronne sur la tête !

PONG
Et un manteau à frange !

PING
Mais si tu la déshabilles...

PONG
C’est de la chair !

PANG
Ist es pures Fleisch!

DIE MINISTER
Den Stoff kann man nicht essen,
ha, ha, ha!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Gebt mir den Weg frei!

PING
Sei doch vernünftig!
Nimm lieber hundert Frauen,
denn schließlich hat die schönste
Turandot der Welt nichts als
ein Gesicht, zwei Arme und zwei Beine!
Herrlich, kaiserlich, aber nur zwei Beine!
Drum nimm dir hundert Frauen,
so hast du was zu schauen,
so kannst du hundertfach dich letzen,
dich hundertfach ergötzen
und voller Inbrunst nippen
wohl an zweihundert Lippen!

DIE MINISTER
Für hundert Betten eins? Ha, ha!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Gebt mir den Weg frei!

DIE MINISTER
Fort von hier, pack dich!
(Eine Gruppe junger Mädchen zeigt sich an der
Brüstung der Schloßgalerie; sie strecken die Hände
beschwichtigend vor.)

PANG
C’est de la chair crue !

LES MINISTRES
C’est une denrée qu’on ne mange pas !
Ah ! ah ! ah !

LE PRINCE INCONNU
Laissez-moi passer !

PING
Laisse là les femmes !
Ou bien prends cent épouses, car, au fond,
La plus sublime Turandot
Du monde a un visage,
Deux bras et deux jambes, oui,
Belles, impériales, oui, oui,
Belles, oui, mais des jambes tout de même !
Avec cent épouses, ô nigaud,
Tu auras des jambes à n’en savoir que faire !
Deux cents bras,
Et cent poitrines douces
Éparses dans cent lits !

LES MINISTRES
Dans cent lits ! Ah ! ah !

LE PRINCE INCONNU
Laissez-moi passer !

LES MINISTRES
Fou ! va-t-en ! va-t-en !
(Un groupe de servantes se penche sur la balustrade
de la loggia : elles tendent les mains.)

DIE KAMMERMÄDCHEN TURANDOTS
Was soll der Lärm?
Wer spricht da unten?
O schweiget, schweiget!
Die süße Schlafzeit ist gekommen.
Sie schläft, und ihr Duft
schwebt durch die Nacht!

DIE MINISTER
Macht euch fort, Schwatzbasen!
(Die Mädchen ziehen sich zurück.)
Gebt acht auf den Gong!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Und ihr Duft schwebt durch die Nacht!

DIE MINISTER
Aufgemerkt, Pong!
Aufgemerkt, Ping!
Aufgemerkt, Pang!
Er hört nicht mehr, ist trunken,
in Wahn versunken!

TIMUR
Er hört nicht auf sie – o Gott!

DIE MINISTER
Auf! Ein letzter Versuch!
Finstere Nacht...
tiefer Schacht einer Zisterne...
sind heller noch
als die Rätsel Turandots!
Eisen, Bronze, Mauer, Felsen...
... selbst dein harter Narrenschädel...

LES SERVANTES
Holà ! silence !
Qui parle là-bas ?
Silence ! C’est l’heure très douce
Du sommeil !
Le sommeil effleure les yeux !
Il embaume pour elle l’obscurité.

LES MINISTRES
Hors d’ici, femmes bavardes !
(Les jeunes filles se retirent)
Attention au gong !

LE PRINCE INCONNU
Il embaume pour elle l’obscurité !

LES MINISTRES
Regarde-le, Pong !
Regarde-le, Ping !
Regarde-le, Pang !
Il est abasourdi, hébété !
Halluciné !

TIMUR
Il ne les écoute plus, hélas !

LES MINISTRES
Allons ! Parlons-lui tous trois !
Nuit sans lumignon...
... Âtre noir d’une cheminée...
Sont plus clairs
Que les énigmes de Turandot !
Fer, bronze, mur, roche...
... Ta caboche obstinée...

sind viel weicher,
als die Rätsel Turandots!
So geh von uns!
Nimm Abschied von hier!
Zieh über Berge, schwimm durch Ströme!
Geh weit fort
von den Rätseln Turandots!
(Der Prinz kann beinahe nicht mehr Widerstand leisten.
Auf der Ringmauer erscheinen und verschwinden die
Schatten der für Turandot Gestorbenen. Ihre Stimmen
hört man geheimnisvoll, wie von ferne. Sie stoßen
langgezogene Töne aus und halten die Hände wie
Muscheln vor den Mund, so daß ein schauerliches
Geräusch entsteht)

DIE STIMMEN DER ERMORDETEN
Säume nicht länger!
Wenn du sie rufst, wird sie
erscheinen, sie, von der wir
noch nach dem Tode träumen!
Du mußt sie beschwören!
Ich liebe sie! Ich liebe sie!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Nein, nein! Ich allein liebe sie!

DIE MINISTER
Du liebst sie? Was, wen?
Turandot? Ha, ha, ha!

PONG
O dummer Geselle!

Sont moins durs
Que les énigmes de Turandot !
Ainsi, va-t-en !
Salue tout le monde !
Franchis les montagnes, traverse les flots !
Tiens-toi loin
Des énigmes de Turandot !
(Le Prince n’a presque plus la force de réagir. Mais
soudain des appels incertains, non pas des voix mais
des ombres de voix, se répandent à travers l’obscurité
des remparts. Ça et là, à peine perceptibles, puis au fur
et à mesure plus livides et phosphorescents
apparaissent les fantômes. Ce sont les amoureux de
Turandot qui, ayant été vaincus dans la tragique
épreuve, ont perdu la vie.)

LES FANTÔMES
Ne tarde pas !
Si tu appelles, celle qui, même morts,
Nous fait rêver, apparaîtra !
Fais qu’elle parle !
Fais que nous l’entendions !
Je l’aime ! je l’aime !

LE PRINCE INCONNU
Non ! Non ! Moi seul, je l’aime !

LES MINISTRES
Tu l’aimes ? Quoi ? Qui ?
Turandot ? Ah ! ah ! ah !

PONG
Ô jeune dément !

PANG
Turandot existiert nicht!

PING
Nur das Nichts existiert,
in das du dich wirfst!...

PONG und PANG
Turandot existiert nicht!

PING
Turandot! Du bist wie jene Narren,
die für sie ihr Leben gaben!
Der Mensch, Gott, das Ich!
Die Völker, Könige.. Pu-Tin-Pao...

DIE MINISTER
Nur das Tao existiert!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Mir der Sieg!
Mir die Liebe!
(Er will sich auf den Gong stürzen, als auf der
Ringmauer der Henker mit dem Kopf des persischen
Prinzen in der Hand erscheint.)

DIE MINISTER
Narr! So sieht deine Liebe aus!
So wird der Mond
dich küssen!

TIMUR
Mein Sohn, so ließest du wirklich zu,
daß dein Vater allein durch die Welt
sein gebrechliches Greisentum schleife?

PANG
Turandot n’existe pas !

PING
Seul existe le Néant
Dans lequel tu t’annihiles !...

PONG ET PANG
Turandot n’existe pas !

PING
Turandot ! Comme tous les autres nigauds
Tes pareils !
L’homme ! le Dieu ! Moi !
Les peuples ! Les souverains... Pu-Tin-Pao...

LES MINISTRES
Seul existe le Tao !

LE PRINCE INCONNU
À moi le triomphe !
À moi l’amour !
(Il veut s élancer vers le gong, mais le bourreau
apparaît au haut du bastion, portant la tête coupée du
Prince de Perse.)

LES MINISTRES
Pauvre fou ! Voilà l’amour !
Ainsi la lune baisera
Ton visage !

TIMUR
O mon fils, veux-tu donc que tout seul,
Que tout seul je traîne par le monde
Ma vieillesse torturée ?

Zu Hilfe! Vermag es denn niemand,
den grausamen Sinn dir zu rühren?

LIÙ (nähert sich weinend dem Prinzen.)
Hör mich an, o Herr!
Ach, ich bitt’ dich: höre!
Liù erträgt das nicht!
Nach soviel Sehnsucht und endlosem Wandern,
im Herzen deinen Namen und auf den Lippen!
Wenn sich dein Schicksal
morgen wird entscheiden,
bringt’s dir den Tod
und bittres Leid uns beiden:
Weil er den Sohn verliert...
und ich... den Schatten eines Lächelns!
Liù erträgt das nicht!
Oh! Dies Leid!

DER UNBEKANNTE PRINZ
O weine nicht, Liù!
Wenn einst vor langer Zeit
ich dir hab’ zugelächelt:
um dieses Lächelns willen
hör mich an, o Mägdlein.
Dein alter, treuer Herr
wird vielleicht morgen auf der Welt allein sein.
Verlaß ihn niemals,
niemals, Liù!

LIÙ
Bittrer Tod, fern vom Heimatland!

TIMUR
Bittrer Tod!

Au secours ! N’est-il pas une voix humaine
Qui puisse toucher ton cœur féroce ?

LIÙ (s’approche du Prince en pleurant.)
Seigneur, écoute-moi ! Ah ! seigneur, écoute !
Liù ne se soutient plus !
Son cœur se brise !
Hélas ! hélas ! quel long chemin parcouru
Avec ton nom dans le cœur,
Avec ton nom sur les lèvres !
Mais si ton destin
Demain doit se briser,
Nous mourrons sur la route de l’exil !
Lui perdra son fils...
Moi... l’ombre d’un sourire !
Liù ne se soutient plus !
Ah ! pitié !

LE PRINCE INCONNU
Ne pleure pas, Liù !
Si un jour lointain
Je t’ai souri,
Par ce sourire,
Ma douce enfant,
Écoute-moi : peut-être ton maître
Sera demain seul au monde...
Ne l’abandonne pas,
Emmène-le avec toi !

LIÙ
Nous mourrons sur la route de l’exil !

TIMUR
Nous mourrons !

DER UNBEKANNTE PRINZ
Ja, leidensvoll sind der Verbannung Wege.
Drum hilf ihm, hilf, liebreiche Liù!
Hilf ihm, dies Leid zu ertragen:
tu’s dem zuliebe,
der nie mehr lächeln wird!

TIMUR
Ah! Zum letzten Mal!

LIÙ
Besiege den blöden Zauber!

DIE MINISTER
Das Leben ist so schön!

TIMUR
Erbarm dich mein!

LIÙ
Hab Mitleid mit Liù!
Herr, Erbarmen!

DIE MINISTER
Zerstöre dich nicht selbst!
Ergreift ihn, schleppt ihn fort!
Ergreift den Rasenden!
Du bist außer Sinnen!
Das Leben ist schön!

TIMUR
Erbarm dich mein!
Ich kann dich nicht lassen!
Ich will dich nicht lassen!

LE PRINCE INCONNU
De l’exil adoucis pour lui les routes !
C’est cela, cela, ma pauvre Liù,
Que demande, à ton petit cœur qui ne cède pas,
Celui qui ne sourit plus...
Qui ne sourit plus !

TIMUR
Ah ! pour la dernière fois !

LIÙ
Surmonte cet horrible envoûtement !

LES MINISTRES
La vie est si belle !

TIMUR
Aie pitié de moi !

LIÙ
Aie pitié de Liù !
Seigneur, pitié !

LES MINISTRES
Ne te perds pas de la sorte !
Saisis-le, emmène-le !
Retiens ce fou furieux !
Tu es fou !
La vie est belle !

TIMUR
Aie pitié, pitié de moi !
Je ne peux pas m’arracher à toi !
Je ne veux pas m’arracher de toi !

Erbarmen! Ich werfe mich zu deinen Füßen!
Erbarmen!
Laß mich nicht sterben!

LIÙ
Erbarmen, Herr!
Erbarmen für Liù, Herr!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Ich muß um Erbarmen bitten!
Niemand kann ich mehr hören!
Ich sehe ihr leuchtendes Antlitz!
Ich sehe sie! Sie ruft mich!
Sie ist es!
Gib Verzeihung dem,
der nicht mehr lächeln wird!

PING
Ein letzter Versuch:
Laßt uns ihn forttragen!

DIE MINISTER
Laßt uns ihn forttragen!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Laßt mich!
Ich habe zuviel gelitten!
Der Ruhm wartet hier auf mich!
Menschliche Gewalt kann mich
nicht fortreißen von hier!
Ich folge meinem Schicksal!
Ich fühle in mir ein Fieber,
ein Delirium!
Meine Sinne quälen mich wild!

Pitié ! Je me jette à tes pieds
En gémissant. Aie pitié !
Ne me fais pas mourir !

LIÙ
Pitié, seigneur !
Pitié pour Liù !

LE PRINCE INCONNU
C’est moi qui demande pitié !
Je n’écoute plus personne !
Je vois son visage éclatant !
Je la vois, elle m’appelle !
Elle est là...
Je demande ton pardon
Comme quelqu’un qui ne sourit plus !

PING
Allons, un dernier effort,
Emportons-le !

LES MINISTRES
Emportons-le !

LE PRINCE INCONNU
Laissez-moi :
J’ai trop souffert !
La gloire m’attend là-bas !
Il n’est nulle force humaine
Qui puisse me retenir !
Je suis ma destinée !
J’ai la fièvre,
Je délire !
Tous mes sens me sont une torture atroce !

Meine ganze Seele ist
nur ein Schrei:
Turandot! Turandot! Turandot!

TIMUR
Du trittst auf ein armes Herz,
das in Liebe für dich verblutet!
Noch niemand hat die Rätsel gelöst!
Das Schwert hat alle gerichtet!
Ich werfe mich zu deinen Füßen!
Quäle mich nicht zu Tode!
Der Tod! Der Tod!

LIÙ
Ah, erbarm dich unser!
Haben wir nicht Leids genug?
Herr, wir sind verloren! Mit dir!
Laßt uns fliehen, Herr!
Der Tod! Der Tod! Der Tod!

DIE MINISTER
Das Gesicht, das du siehst, ist Illusion!
Das Licht, das glänzt, ist der Tod!
Du läufst in dein Verderben!
Du spielst um deinen Kopf: Tod!
Sieh den Schatten des Henkers!
Du läufst in dein Verderben!
Das Leben ist kein Rätselspiel!
Der Tod! Der Tod! Der Tod!

CHOR
Wir graben schon dein Grab,
der du nach Liebe suchst!
Im Schattenreich, o Gott,
ist dein Schicksal schon besiegelt!

Chaque fibre de mon âme
À une voix pour crier :
Turandot ! Turandot ! Turandot !

TIMUR
Tu piétines mon pauvre cœur
Qui en vain saigne pour toi !
Personne n’a jamais vaincu, personne !
Sur tous le sabre est tombé !
Je me jette à tes pieds !
Ne cherche pas ma mort !
La mort ! La mort !

LIÙ
Ah ! Pitié ! Pitié de nous !
Si ce tourment ne suffit pas,
Seigneur, nous sommes perdus ! Avec toi !
Ah ! fuyons, seigneur, fuyons !
La mort ! La mort ! La mort !

LES MINISTRES
Le visage que tu vois est une illusion !
La lumière qui brille est funeste !
Tu joues ta perte !
Tu joues ta tête ! La mort !
Il y a l’ombre du bourreau là-bas !
Tu cours à ta ruine !
Ne joue pas ta vie !
La mort ! La mort ! La mort !

LE CHŒUR
Déjà nous creusons la fosse
Pour toi qui veux défier l’amour !
De ténèbres, hélas ! est marqué
Ton cruel destin ! Ah !

(Turandot anrufend, stürzt sich der unbekannte Prinz
zum Gong, schwingt den Hammer und schlägt ihn
dreimal gegen die Scheibe.)


DIE MINISTER
So müssen wir ihn lassen!
In keiner Sprache ist mit ihm zu reden,
sei es Sanskrit, chinesisch oder mongolisch!
Wenn der Gong ertönt,
jubelt der Tod!
Ah, ah, ah!
(Sie gehen höhnisch ab.)

(En invoquant Turandot, le Prince Inconnu s’est jeté
vers le gong. Il saisit le battant et frappe trois coups.)


LES MINISTRES
Laissons-le donc aller !
Il est vain de crier
En sanscrit, en chinois, en langue mongole !
Lorsque résonne le gong
La mort se réjouit.
Ah ! ah ! ah !
Ils s’enfuient en ricanant.)

ZWEITER AKT

Erste Szene

Ein großer Zeltpavillon
(Die Zeltwand seltsam verziert mit symbolischen und
phantastischen, chinesischen Figuren. Die Szene ist
ganz im Vordergrund und hat drei Ausgänge: einen
mittleren und zwei seitliche. Ping lugt herein durch die
mittlere Öffnung. Er dreht sich zuerst nach rechts, dann
nach links und ruft seine Gefährten. Diese treten auf; es
folgen ihnen drei Diener mit einer roten, einer grünen
und einer gelben Laterne, welche sie symmetrisch in die
Mitte der Szene stellen, wohin sie gleichfalls einen
niedrigen Tisch und drei Schemel bringen. Die Diener
ziehen sich sodann in den Hintergrund zurück, wo sie in
hockender Stellung verharren.)


PING
Holla, Pang! Holla, Pong!
Wenn der tödliche Gong erklungen
wohl über Schloß und Stadt,

DEUXIÈME ACTE

Première scène

Un pavillon
(Il est formé d’une vaste tente étrangement décorée
par de symboliques et fantastiques personnages
chinois. Trois ouvertures : une au centre et deux
latérales. Ping apparaît à celle du centre. Se tournant
d’abord à gauche puis à droite, il appelle ses
compagnons. Ceux-ci entrent, suivis par trois
serviteurs portant respectivement une lanterne rouge,
une lanterne verte et une lanterne jaune, qu’ils
déposent ensuite sur une table basse, entourée de trois
tabourets. Ensuite, les serviteurs se retirent dans le
fond, où ils restent accroupis.)


PING
Holà, Pang ! Holà, Pong !
Puisque le gong funeste réveille
Le palais et la ville,

harren wir auf das Ergebnis:
Wenn der Sieg dem Fremden lacht,
so gibt es eine Hochzeit;
und wenn der Fremde fehlrät,
ein Begräbnis.

PONG
Ich bereite die Hochzeit!

PANG
Und ich das Begräbnis!

PONG
Ich festliche rote Laternen!

PANG
Ich traurige weiße Laternen!

PANG und PONG
Und Weihrauch und Opfer...

PONG
Goldmünzen aus Pappe...

PANG
Tee, Zucker und Muskatnuß!

PONG
Die feine scharlachrote Sänfte!

PANG
Den Sarg aus schönem Holz!

PONG
Und Bonzen zum Festgesang...

Nous sommes prêts à toute éventualité :
Si l’étranger gagne,
Pour ses noces ;
Et s’il perd,
Pour l’enterrement.

PONG
Moi, je prépare les noces !

PANG
Et moi les funérailles !

PONG
Les rouges lanternes de fête !

PANG
Les blanches lanternes de deuil !

PANG ET PONG
Les encens et les offrandes...

PONG
Des monnaies de papier doré...

PANG
Thé, sucre, noix muscade !

PONG
Le beau palanquin écarlate !

PANG
Le cercueil grand et bien fait !

PONG
Les bonzes qui chantent...

PANG
Und Bonzen zum Leidgesang..

PONG und PANG
Und alles, was dazu gehört,
wie’s alte Sitte fordert...
die jedem eingefleischt!

PING
O China, o China!
In deinen Grundfesten
seh’ ich dich erbeben!
Es ist vorbei, dein seit Jahrtausenden
träges, sorgenfreies Leben!

DIE MINISTER
Alle Dinge nahmen ihren Lauf
nach jahrtausendalter Regel.
Da ward Turandot geboren...

PING
Und seit Jahren schon gibt man bei
unseren Festen dasselbe Schauspiel:

PONG
... dreimal schlagen sie den Gong...

PANG
... dreimal raten sie...

PING
... und dann den Kopf ab!

PONG
... und dann den Kopf ab!

PANG
Les bonzes qui gémissent...

PONG ET PANG
Et tout le reste,
Selon que l’exige le rite...
Minutieux, infini !

PING
Ô Chine ! ô Chine qui maintenant
Tressailles et t’inquiètes, autant
Que tu dormais tranquille,
Gonflée de tes soixante-dix mille
Siècles !

LES MINISTRES
Tout se déroulait selon
La très ancienne règle du monde.
Puis Turandot naquit...

PING
Et voilà des années que nos fêtes
Se réduisent à des joies dans le genre de celles-ci :

PONG
Trois coups de gong...

PANG
... Trois devinettes...

PING
Et bas les têtes !

PONG
... Et bas les têtes !

PANG
Im Jahre der Maus waren’s sechs.

PONG
Im Jahre des Hundes waren’s acht.

DIE MINISTER
Und in diesem Jahr,
dem furchtbaren Jahr des Tigers,
sind es schon dreizehn,
die wir ins Jenseits gehen sahen!
Welche Last! Welcher Ekel!
Wohin sind wir gekommen?
Wir sind Minister eines Henkers!

PING
Fern in Honan guckt mein Haus
hinterm Zaun aus Bambusrohr
aus dem blauen Teich heraus.
Doch ich Tor bin lang’ schon hier
und studier’, und studier’
die heil’gen Schriften...
Könnt’ ich doch zurück sogleich,
wo am stillen, blauen Teich
friedsam liegt mein Bambusreich!

PONG
So geh zurück!
Ich hab’ Wälder nah’ bei Tsiang,
schön’re Wälder gibt es nicht,
doch ihr Schatten gilt nicht mir.
Ich hab’ Wälder,
schön’re Wälder gibt es nicht!

PANG
L’année de la Souris il y en eut six.

PONG
L’année du Chien il y en eut huit.

LES MINISTRES
Dans l’année en cours,
La terrible année du Tigre,
Nous sommes déjà au treizième,
En comptant celui-ci !
Quel travail ! Quel ennui !
À quoi sommes-nous réduits ?
Nous sommes les ministres du bourreau !

PING
J’ai une maison dans le Honan,
Avec son petit lac bleu
Tout entouré de bambous !
Et je reste ici, à dissiper ma vie,
À épuiser mon cerveau
Sur les livres sacrés...
Alors que je pourrais retourner là-bas,
Près de mon petit lac bleu
Tout entouré de bambous !

PONG
Retourner là-bas !
J’ai des forêts près de Tsiang,
Et il n’en est pas de plus belles,
Et elles n’ont pas d’ombre pour moi.
J’ai des forêts
Et il n’en est pas de plus belles !

PANG
So geh zurück!
Bei Kiù hab’ ich einen Garten,
den ließ ich, um hierher zukommen.
Werd’ ich ihn jemals wiederseh’n?

DIE MINISTER
Jetzt sind wir hier,
um sinnlos zu studieren
die heil’gen Bücher.

PONG
Könnt’ ich doch zurück nach Tsiang...

PING
Könnt’ ich doch sogleich zurück...

PANG
Könnt’ ich doch zurück nach Kiù...

PING
... in mein Bambusblütenreich!

PONG
Tsiang...

PANG
Kiù...

PING
Honan...
in mein Bambusblütenreich!

PONG
Könnt’ ich doch zurück nach Tsiang!

PANG
Retourner là-bas !
J’ai un jardin près de Kiou,
Que j’ai laissé pour venir ici
Et que je ne reverrai jamais plus !

LES MINISTRES
Et nous restons ici
À épuiser notre cerveau
Sur les livres sacrés !

PONG
Et je pourrais retourner à Tsiang...

PING
Et je pourrais retourner là-bas...

PANG
Et je pourrais retourner à Kiou...

PING
... À jouir du lac bleu...

PONG
Tsiang...

PANG
Kiou...

PING
Honan...
Tout entouré de bambous !

PONG
... Et je pourrais retourner à Tsiang !

PANG
Könnt’ ich doch zurück nach Kiù!

DIE MINISTER
Die Welt ist voll von liebestollen Narren!
Wir sah’n die Freier kommen!
O, die Scharen, die Scharen!
Wir sah’n die Freier kommen!
Die Welt ist voll von liebestollen Narren!

PING
Erinnert ihr euch noch
des Königssohns
aus Samarkand?
Der wollte Rätsel raten,
doch Turandot schickt’ ihm den Henker!

CHOR
Ölt und schleift,
daß die Schneide Blut
und Funken sprühe!

PONG
Und aus Indien der schöne Sagarika
mit den Bimbamglöckchen hinterm Ohr?
Liebe suchte er
und fand den Henker!

PANG
Und der aus Birma?

PONG
Und der Prinz der Kirgisen?

PANG
... Et je pourrais retourner à Kiou !

LES MINISTRES
Ô monde plein d’amoureux fous !
En avons-nous vu arriver des prétendants !
Ô combien ! Ô combien !
En avons-nous vu arriver des prétendants !
Ô monde plein d’amoureux fous !

PING
Vous souvenez-vous du Prince royal
De Samarcande ?
il fit sa demande,
Et elle, avec quelle joie
Elle lui a envoyé le bourreau !

LE CHŒUR
Graisse, aiguise, que la lame
Bondisse et fasse gicler
Feu et sang !

PONG
Et l’indien couvert de pierreries, Sagarika,
Avec des boucles d’oreilles semblables à des
clochettes ?
Il demanda l’amour,
Il fut décapité !

PANG
Et le Birman ?

PONG
Et le Prince des Khirghiz ?

DIE MINISTER
Kopf ab! Kopf ab!

PING
Und der Tartar mit dem
sechs Ellen langen Bogen!
Gehüllt war er in weichen Pelz.

CHOR
Ölt und schleift, usw.

PONG und PANG
Hingerichtet!

PING
Geköpft...

CHOR
Wo Turandot regiert,
gibt es immer Arbeit!

DIE MINISTER
Töten... und hinrichten...
Schlachten..
Liebe, ade!
Sippe, ade!
Göttliche Rasse, ade!
Mit China ist es aus!
Aber sollte
die Nacht der Kapitulation kommen...

PONG
Das Federbett will ich
ihr aufschütteln!

LES MINISTRES
Tués ! Tués !

PING
Et le Tartare
À l’arc de six coudées,
Enveloppé de fourrures précieuses ?

LE CHŒUR
Graisse, aiguise, etc.

PONG et PANG
Mort !

PING
Et décapité...

LE CHŒUR
Là où règne Turandot
Le travail jamais ne manque !

LES MINISTRES
Tue... et extermine...
Égorge...
Adieu amour !
Adieu race !
Adieu origine divine !
Et la Chine finit !
Si venait
la nuit de la soumission.

PONG
Je battrai pour elle
Le duvet mœlleux !

PANG
Den Alkoven will ich mit Düften umhüllen!

PING
Das Brautpaar will ich
mit der Laterne führen!

DIE MINISTER
Dann singen wir frei von Sorgen
im Garten alle drei
bis zum frühen Morgen...
wie jetzt.. .wie jetzt:
Nicht länger gibt’s für uns
in China Glück,
da eine Frau der Liebe sich entzieht!
Das kann nur eine,
die aus Eis war und
jetzt in Liebe glüht!
Prinzessin, dein Reich
erstreckt vom Tse-Kiang sich
bis hin zum Jang-Tse!

PING
Doch hinter den Vorhängen deiner Kammer,
da herrscht ein Gatte über dich!

DIE MINISTER
Du fühlst schon die Glut deiner Küsse,
du bist schon Frau,
Sehnsucht erfüllt sich!
Im Garten, da wehen Lüfte,
da erklingen Glocken aus Gold...
Die Blumen flüstern Liebesworte
und erglänzen im Tau!

PANG
Moi, je veux parfumer son alcôve !

PING
Je guiderai les époux
En portant la lampe !

LES MINISTRES
Puis tous trois dans le jardin,
Nous chanterons l’amour
Jusqu’au matin...
Nous chanterons ainsi :
Il n’est plus en Chine,
Pour notre bonheur,
Une femme qui renie l’amour !
il n’y en avait qu’une seule,
Et cette unique qui fut de glace
Est maintenant tout feu et ardeur !
Princesse, ton empire
S’étend du Tsé-Kiang
À l’immense Yang-Tsé !

PING
Mais là, entre les rideaux vaporeux,
Il y a un époux qui règne sur toi !

LES MINISTRES
Déjà tu goûtes le parfum des baisers,
Désormais tu es femme,
Tu es toute langueur !
Dans les jardins les choses susurrent
Et tintent des clochettes d’or...
On soupire des mots d’amour,
Les fleurs s’emperlent de rosée !

Gloria dem entblößten Leib,
der das Mysterium erfahren hat!
Gloria der Wollust und der Liebe,
die gesiegt und unserem China
den Frieden wiedergegeben hat!

PING
Derweil wir träumen, wimmelt’s
im Palaste von Laternen,
Sklaven und Soldaten!
Man hört die große Trommel
des grünen Tempels schon!
Man hört unzählige Schritte
des Volkes von Peking!

PONG
Man hört die Trompeten!
Das ist unser Frieden!

PANG
Die Festlichkeit hat begonnen!

DIE MINISTER
Es bleibt uns nichts übrig,
als wieder dabei zu sein!


Zweite Szene

Ein riesiger Platz innerhalb des Palastes
(In der Mitte eine große Marmortreppe, die sich nach
oben zwischen den perforierten Bögen der
Laubengänge verliert. Die Treppe führt über drei große
Absätze. Zahlreiche Diener bringen überall rote
Laternen an. Die Menge dringt nach und nach auf den


Gloire au beau corps découvert
Qui désormais sait le mystère ignoré !
Gloire à l’ivresse et à l’amour
Qui a vaincu et qui à la Chine
Redonne la paix !

PING
Nous rêvons, et le palais
Fourmille de lanternes,
De serviteurs et de soldats !
Entendez le grand tambour
Du temple vert !
Déjà on entend le bruit des savates innombrables
De Pékin !

PONG
Entendez les trompettes !
Ah oui ! la paix...

PANG
La cérémonie commence !

LES MINISTRES
Allons nous régaler
Du nième supplice.


Deuxième scène

La vaste esplanade du palais
(Presque au centre se trouve un énorme escalier de
marbre qui se perd au sommet parmi les arcs ajourés.
L’escalier comprend trois larges paliers. De nombreux
serviteurs placent des lanternes bariolées. La foule,
petit à petit, envahit l’esplanade. Les mandarins


Platz. Die Mandarine, in blaugoldenen Festgewändern,
treten auf. Die acht Weisen, sehr große und stattliche
Männer, schreiten vorüber. Sie sind sehr alt, von fast
gleichmäßiger riesenhafter und massiver Gestalt. Sie
bewegen sich langsam und gleichzeitig. Jeder hält drei
versiegelte Seidenrollen in der Hand. Diese Rollen
enthalten die Lösung zu Turandots Rätseln.)


DIE MENGE
Seht! In abgemess’nen Schritten
mit den Lösungen der Rätsel
kommt der Weisen Schar.
Da sind auch Ping, Pong und Pang.
(Aus den Weihrauchwolken erscheinen die weißen und
gelben Standarten des Kaisers. Oberhalb der Treppe
wird, aufeinem großen Elfenbeinturm sitzend, der
Kaiser Altoum sichtbar Er ist ganz weiß, uralt,
verehrungswürdig. Er gleicht einem Gott.)
Zehntausend Jahre und ewiger
Ruhm unserem Kaiser!
(Die Menge sinkt nieder, mit dem Gesicht zu Boden, in
der Haltung großer Ehrfurcht. Der Platz ist in rotes
Licht gehüllt. Der unbekannte Prinz steht am Fuße der
Treppe, Timur und Liù links in der Menge.)

DER KAISER
Ein schlimmer Eid, den ich einst geschworen,
zwingt mich aufs neue zu dem Schreckensamte.
Und dieses heil’ge Szepter
trieft doch schon von Blut!
Ich will kein Blut mehr sehen!
Jüngling, hinweg!

arrivent, vêtus de bleu et or. On voit passer les huit
savants, très grands et pompeux. Ils sont vieux, presque
identiques, énormes. Leurs gestes sont très lents et
simultanés. Chacun deux tient à la main trois rouleaux
de soie scellés : les rouleaux qui contiennent la réponse
aux énigmes de Turandot.)


LA FOULE
Graves, énormes et imposants,
Avec le mystère fermé des énigmes
Déjà s’avancent les savants.
Voici Ping. Voici Pong. Voici Pang.
(Parmi les nuages d’encens, on voit apparaître les
étendards jaunes et blancs de l’Empereur. Puis, au
sommet de l’escalier, assis sur le large trône d’ivoire, on
voit l’Empereur Altoum. Il est très vieux, tout blanc,
vénérable. On dirait un dieu apparaissant parmi les
nuages.)
Dix mille ans à notre
Empereur ! Gloire à toi !
(Toute la foule se prosterne le visage contre terre, dans
une attitude de grand respect. L’esplanade est
enveloppée d’une vive lumière rouge. Le Prince Inconnu
est au pied de l’escalier. Timur et Liù, à gauche, mêlés à
la foule.)

L’EMPEREUR
Un serment atroce m’oblige
À être fidèle au pacte cruel,
Et le sceptre saint que je tiens
Ruisselle de sang !
Assez de sang !
Jeune homme, va-t-en !

DER UNBEKANNTE PRINZ
Sohn des Himmels! Laß mich
bestehen diese Probe!

DER KAISER
Laß mich sterben, ohne daß
auch dein junges Leben noch
die Seele mir belaste!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Sohn des Himmels, laß mich
bestehen diese Probe!

DER KAISER
Bestehe nicht darauf, daß nicht die Welt
noch einmal erbebe vor Grauen!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Sohn des Himmels, laß mich
bestehen diese Probe!

DER KAISER
Wohlan, du todestrunkener Fremdling!
Es sei!
So möge dein Schicksal sich vollenden!

DIE MENGE
Zehntausend Jahre unserem Kaiser!

DER MANDARIN
Volk von Peking, höre!
Die Satzung lautet:
Turandot die Reine eh’licht
den Mann von königlichem Blute,

LE PRINCE INCONNU
Fils du Ciel ! Je demande
À affronter l’épreuve !

L’EMPEREUR
Fais que je puisse mourir
Sans porter le poids
De ta jeune vie !

LE PRINCE INCONNU
Fils du Ciel ! Je demande
À affronter l’épreuve !

L’EMPEREUR
Ne fais pas que ce palais,
Le monde, se remplissent d’horreur !

LE PRINCE INCONNU
Fils du Ciel ! Je demande
À affronter l’épreuve !

L’EMPEREUR
Étranger ivre de mort !
Soit !
Que ton destin s’accomplisse !

LA FOULE
Dix mille ans à notre Empereur !

LE MANDARIN
Peuple de Pékin !
Voici la loi :
Turandot, la pure, sera l’épouse
De celui – pourvu qu’il soit de sang royal

der die drei Rätsel löst,
die sie ihm aufgibt.
Doch wer die Probe sucht
und nicht besteht,
soll fallen durch die Hand
des Henkers!

KNABEN
Von der Wüste bis ans Meer
hört man nicht tausend Stimmen
seufzen: „Prinzessin, komm zu mir!
Und alles wird im Glanz erstrahlen!“
(Der Mandarin zieht sich zurück. Turandot kommt nach
vorn, bis zum Thron. Schön und kalt, schaut sie den
Prinzen mit eisigen Augen an.)

TURANDOT
In diesem Schloß,
vor vielen tausend Jahren,
ertönte einst verzweiflungsvoll ein Schrei.
Der Schrei,
er drang durch lange Ahnenreihen
bis her zu mir und füllt nun meine Seele.
O Prinzessin Lo-u-ling,
meine große, tapf’re Ahnfrau,
die du schweigsam wohl und still,
doch in reiner Freude herrschtest,
immer unbeugsamen Stolz
roher Gewalt entgegensetztest,
du auferstehst in mir!

DIE MENGE
Das war, als der Tatarenkönig zog
mit sieben Fahnen gegen uns!

Qui résoudra les trois énigmes
Qu’elle lui proposera.
Mais celui qui, ayant affronté le combat,
Y sera vaincu,
Verra tomber sa tête fière
Sous la hache du bourreau.

LES ENFANTS
Du désert à la mer,
N’entends-tu pas mille voix qui soupirent :
« Princesse, descends vers moi !
Tout resplendira !»
(Le Mandarin se retire. Turandot avance et va se placer
devant le trône. Très belle, impassible, elle regarde le
Prince Inconnu avec des yeux glacés.)


TURANDOT
Dans ce palais,
Il y a mille et mille ans,
Retentit un cri de désespoir.
Et ce cri,
Par-delà des générations et des générations,
A trouvé refuge dans mon âme !
Princesse Lo-ou-Ling,
Aïeule douce et sereine,
Qui régnais dans ton silence sombre,
Dans une joie pure,
Toi qui as défié, inflexible et sûre,
L’âpre domination,
Aujourd’hui, tu revis en moi !

LA FOULE
Ce fut quand le Roi des Tartares
Déploya ses sept drapeaux !

TURANDOT
Doch in der Zeit, wie jeder von euch lernte,
war viele Furcht und großer Lärm der Waffen!
Das Reich besiegt! Vom Feind bezwungen!
Und Lo-u-ling, die Ahne mein,
entführet von einem Mann
wie du, von einem Fremden!
Bis in der grauenvollsten aller Nächte
Lo-u-lings Stimme frischer Klang verstummte!

DIE MENGE
Seit tausend Jahren schläft sie
in ihrem Riesengrabe!

TURANDOT
Ihr Prinzen,
die ihr mit langen Karawanen herkommt
aus aller Herren Länder
und euer Glück hier sucht:
Ich sühne jenen Tod,
ich sühne jene Untat
an euch mit eurem Tode!
Keiner wird mein Gemahl!
Denn die Missetat des Fremdlings
flößte zuviel Grau’n mir ein!
Nein, niemand soll mich haben!
In mir lebt wieder auf der Stolz
der unberührten Frau!
O Fremdling! Keiner soll mich je besitzen!
Drei sind die Rätsel,
einer ist der Tod!

TURANDOT
En ce temps-là, que chacun se remémore,
Il y eut de l’angoisse, de la terreur et le fracas des armes !
Le royaume fut vaincu ! Le royaume fut vaincu !
Et Lo-ou-Ling, mon aïeule,
Fut entraînée par un homme,
Semblable à toi, semblable à toi, étranger ;
Là, dans l’atroce nuit,
Se perdit sa voix fraîche !

LA FOULE
Depuis des siècles elle dort
Dans son tombeau énorme !

TURANDOT
Ô Princes,
Qui en longues caravanes
Venez de tous les coins du monde
Jouer ici votre sort,
Je venge sur vous
Cette pureté, ce cri
Et cette mort !
Jamais nul ne m’aura !
L’horreur de celui qui la tua
Est vivante dans mon cœur !
Non, non ! jamais nul ne m’aura !
D’une telle pureté
L’orgueil renaît en moi !
Étranger ! ne tente pas la fortune !
Les énigmes sont trois,
La mort est une !

DER UNBEKANNTE PRINZ
Nein, nein! Drei sind die Rätsel,
eines ist das Leben!

DIE MENGE
So gib dem fremden Prinzen
jetzt deine Rätsel auf,
o Turandot!
(Trompetenstöße. Stille. Turandot verkündet das erste
Rätsel.)

TURANDOT
Wohlan, so höre!
„Durch die tiefe Nacht schwebt
ein farbig schillerndes Phantom,
schwebet auf und nieder
über der Menschen endlosem Gewühl!
Fassen möcht’ es ein jeder,
um durch die Welt mit ihm zu fliegen!
Das Phantom ist am Morgen verschwunden,
doch wird es aufs neue geboren!
Wird jede Nacht geboren,
um jeden Tag zu sterben!“

DER UNBEKANNTE PRINZ
Ja! von neuem, von neuem,
wird geboren und trägt mich
zu dir hin, Turandot:
die Hoffnung!

DIE WEISEN (öffnen die erste Rolle.)
Die Hoffnung!

LE PRINCE INCONNU
Non, non ! Les énigmes sont trois,
La vie est une !

LA FOULE
Au Prince étranger
Offre la dure épreuve,
Ô Turandot ! Turandot !
(Les trompettes sonnent. Silence. Turandot proclame la
première énigme.)

TURANDOT
Étranger, écoute !
« Dans la nuit sombre
Vole un fantôme iridescent.
Il s’élève et ouvre les ailes
Sur l’humanité noire, infinie ;
Chacun l’invoque
Et chacun l’implore !
Mais le fantôme disparaît avec l’aurore
Pour renaître au cœur !
Et chaque nuit il naît,
Et chaque jour il meurt !»

LE PRINCE INCONNU
Oui ! Elle renaît !
Elle renaît et dans la joie
Elle m’emporte avec elle, Turandot,
C’est l’Espérance !

LES SAVANTS (ouvrant le premier rouleau)
L’Espérance !

TURANDOT
Ja! Die Hoffnung, die noch jeden trog!
„Lodernd gleich einer Flamme,
und doch selbst keine Flamme,
manchmal rasend im Fieber,
und ungestüm verlangend!
In Ruhe sich verzehrend wie die Sehnsucht!
Wenn du zugrunde gehest,
wird es kalt!
Wenn du den Sieg erträumst, glüht es auf!
Eine Stimme hat es, der du bebend lauschest,
und gleich der Son’ am Abend ist sein Glanz!“

DER KAISER
Verlier dich nicht, o Fremdling!

DIE MENGE
Es geht um dein Leben! Sprich!
Fremdling verlier dich nicht!
Sprich!

LIÙ
Es geht um die Liebe!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Ja, Prinzessin!
Es schmachtet voller Glut
nach dir,
in meinen Adern:
das Blut!

DIE WEISEN (öffnen die zweite Rolle.)
Das Blut!

TURANDOT
Oui ! L’Espérance qui toujours déçoit !
« Il jaillit comme la flamme
Et n’est pas flamme !
Parfois il est délire !
Il est fièvre par l’élan et l’ardeur !
L’inertie le change en langueur !
Si tu te perds ou meurs
Il se refroidit !
Si tu rêves de conquête, il brûle !
Il a une voix que tu écoutes éperdu
Et du couchant l’ardente lueur. »

L’EMPEREUR
Ne te perds pas, étranger !

LA FOULE
C’est pour la vie ! Parle !
Ne te perds pas, étranger !
Parle !

LIÙ
C’est pour l’amour !

LE PRINCE INCONNU
Oui, Princesse !
Dans mes veines
Il brûle et languit à la fois,
Si tu me regardes :
Le Sang !

LES SAVANTS (ouvrant le deuxième rouleau)
Le Sang !

DIE MENGE
Nun löse auch das dritte Rätsel!

TURANDOT (zu den Wachen, auf die Menge weisend)
Schlagt mit Geißeln die Frechen!
(Sie steigt die Treppe hinab und beugt sich über den
Prinzen, der auf die Knie fällt.)
„Eis, das sich entzündet
und durch dein Feuer noch mehr erstarret!
Klar ist’s und doch dunkel!
Wenn’s frei dich will,
so mehrt es deine Knechtschaft!
Wenn es zum Knecht dich nimmt,
so wirst du König!“
Armer Fremdling!
Die Angst macht dich erbleichen!
Diesmal fühlst du dich verloren!
Rede, Fremdling! Sag an,
an welchem Eise man verbrennt?

DER UNBEKANNTE PRINZ (springt auf und ruft)
Du Eis, das mir verfallen
nach meinem dritten Sieg,
an meinem Feuer taust du auf:
Turandot!

DIE WEISEN (öffnen die dritte Rolle.)
Turandot!

DIE MENGE
Turandot!
Gloria dem Sieger!
Dein harrt das Leben!
Dein harrt die Liebe!

LA FOULE
Courage, toi qui sais résoudre les énigmes !

TURANDOT (montrant la foule aux gardes)
Frappez ces lâches !
(Elle descend l’escalier, se penche sur le Prince Inconnu
qui tombe à genoux.)
« Gel qui te brûle
Et à ton feu gèle encore plus !
Immaculée et sombre !
En te voulant plus libre
Il te rend plus esclave !
S’il t’accepte pour esclave
Il te fait roi !»
Allons, étranger !
La peur te fait pâlir !
Et tu te sens perdu !
Allons, étranger, le gel
Qui brûle, qu’est-il ?

LE PRINCE INCONNU (se redresse d’un bond et s’écrie.)
Ma victoire désormais
T’a donnée à moi !
Que mon feu te réchauffe :
Turandot !

LES SAVANTS (ouvrant le troisième rouleau)
Turandot !

LA FOULE
Turandot !
Gloire à toi, vainqueur !
Puisse la vie te sourire !
Puisse l’amour te sourire !

Zehntausend Jahre unserem Kaiser!
Licht, du König der Welt!

TURANDOT
O Sohn des Himmels!
Hoher Vater! Nein!
Wirf deine reine Tochter nicht
dem Fremdling in die Arme!

DER KAISER
Der Eid ist heilig!

TURANDOT
Doch nicht so heilig
wie dein eignes Kind!
Du kannst mich nicht geben
wie eine Sklavin! Nein!
Ich sterbe vor Scham!
(zum Prinzen)
Was schaust du mich so an?
Verlachst gar meinen Stolz!
Ich werde nie die Deine! Niemals!

DER KAISER
Der Eid ist heilig!

DIE MENGE
Der Eid ist heilig!

TURANDOT
Nein, sieh mich nicht so an,
ich werde nie die Deine.

Dix mille ans à notre Empereur !
Lumière, Roi du monde entier !

TURANDOT
Fils du Ciel !
Père auguste ! Non !
Ne jette pas ta fille
Dans les bras de l’étranger !

L’EMPEREUR
Le serment est sacré !

TURANDOT
Non, ne dis pas cela !
C’est ta fille qui est sacrée !
Tu ne peux pas me donner à lui, à lui
Comme une esclave. Ah ! Non !
Mourant de honte !
(au Prince)
Ne me regarde pas ainsi !
Toi qui nargues mon orgueil,
Je ne serai pas tienne ! Je ne veux pas !

L’EMPEREUR
Le serment est sacré !

LA FOULE
Le serment est sacré !

TURANDOT
Non, ne me regarde pas ainsi,
Je ne serai pas tienne !

DIE MENGE
Du bist besiegt, Prinzessin!
Er wagte für dich sein Leben!

TURANDOT
Nie wird er mich besitzen!

DIE MENGE
Du bist der Preis seiner Kühnheit!
Er wagte für dich sein Leben!
Der Eid ist heilig!

TURANDOT
Willst du mich, Fremdling,
mit Gewalt in deine Arme zwingen?

DER UNBEKANNTE PRINZ
Nein, nein, Prinzessin!
Ich will dich in Liebe erglühend!

DIE MENGE
Kühner Fremdling!
O Held!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Drei Rätsel gabest du mir auf!
Und drei hab’ ich geraten!
Jetzt geb ich dir
ein einzig Rätsel auf:
Meinen Namen weißt du nicht!
Nenn meinen Namen,
eh’ der Tag beginnt!
Dann will ich
morgen sterben!
(Turandot beugt zustimmend das Haupt.)

LA FOULE
Il a vaincu, Princesse !
Pour toi, il a offert sa vie !

TURANDOT
Personne jamais ne m’aura !

LA FOULE
Sois le prix de sa hardiesse !
Pour toi il a offert sa vie !
Le serment est sacré !

TURANDOT
Me veux-tu dans tes bras
De force, révoltée, frémissante ?

LE PRINCE INCONNU
Non, non, Princesse altière !
Je te veux ardente d’amour !

LA FOULE
Courageux ! Audacieux !
Homme fort !

LE PRINCE INCONNU
Tu m’as proposé trois énigmes !
Et j’ai résolu les trois !
Je t’en proposerai
Une seule :
Tu ne sais pas mon nom !
Dis-moi mon nom,
Dis-moi mon nom
Avant l’aube !
Et à l’aube je mourrai !
(Turandot incline la tête en signe d’accord.)

DER KAISER
Der Himmel füge,
daß du beim ersten Sonnenstrahl
mein Sohn wirst!

DIE MENGE
Wir sinken vor dir nieder,
Licht, König der ganzen Welt!
Für deine Weisheit,
für deine Güte
geben wir uns dir,
glücklich in unserer Erniedrigung!
Unsere Liebe steige zu dir empor!
Zehntausend Jahre unserem Kaiser!
Laß zu dir, dem Erben des Hien-Wang,
uns rufen:
Zehntausend Jahre unserem großen Kaiser!
Alle Fahnen wehen
Gloria für dich! Gloria für dich!

L’EMPEREUR :
Fasse le ciel
Qu’au lever du soleil
Tu sois mon fils !

LA FOULE
Nous nous prosternons à tes pieds.
Lumière, Roi du monde entier !
Par ta sagesse,
Par ta bonté,
Nous nous donnons à toi,
Heureux dans notre humilité !
Que notre amour monte vers toi !
Dix mille ans à notre Empereur !
À toi, héritier de Hien-Wang
Nous crions :
Dix mille ans à notre grand Empereur !
Haut ! Haut les étendards !
Gloire à toi ! Gloire à toi !

DRITTER AKT

Erste Szene

Der Schloßgarten
(Rechts ein Pavillon, zu dem man auf fünf Stufen
emporsteigt, dahinter eine reich bestickte Zeltwand.
Der Pavillon dient als Eingang zu einem der
Palastflügel, wo sich die Gemächer Turandots befinden.
Es ist Nacht. Aus der Ferne erklingen die Stimmen der
Herolde, die in der Stadt den königlichen Befehl
verkünden. Auf den Stufen des Pavillons ruht der Prinz.
In der Stille der Nacht horcht er den Heroldsrufen, als
lebte er nicht mehr in der wirklichen Welt)


TROISIÈME ACTE

Première scène

Le jardin du palais
(À droite s’élève un pavillon auquel on accède par cinq
marches, et terminé par une tente richement brodée.
Le pavillon forme l’entrée de l’un des corps de bâtiment
du palais, du côté des appartements de Turandot. C’est
la nuit. De très loin arrivent les voix des hérauts qui
parcourent l’immense ville en proclamant l’ordre
impérial. Sur les marches est étendu le Prince. Dans le
grand silence nocturne, il écoute l’appel des hérauts
comme s’il vivait hors du monde réel.)


HEROLDE
Hört wohl, was Turandot befiehlt:
„Diese Nacht soll niemand schlafen
in Peking!“

FERNE STIMMEN
Keiner schlafe!
Keiner schlafe!

HEROLDE
„Bei Todesstrafe sei der Name
des Fremdlings offenbart,
ehe noch der Tag graut!“

FERNE STIMMEN
Bei Todesstrafe!

HEROLDE
„Diese Nacht soll niemand schlafen
in Peking!“

FERNE STIMMEN
Keiner schlafe!
Keiner schlafe!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Keiner schlafe! Keiner schlafe...
Auch du, Prinzessin,
in deinen kalten Räumen,
blickst schlaflos nach den Sternen,
die flimmernd von Lieb’
und Hoffnung träumen!
Doch mein Geheimnis wahrt mein Mund,
den Namen tu’ ich keinem kund!

LES HÉRAUTS
Turandot ordonne ceci :
« Que cette nuit, nul ne dorme
Dans Pékin. »

DES VOIX DANS LE LOINTAIN
Que nul ne dorme !
Que nul ne dorme !

LES HÉRAUTS
« Que, sous peine de mort, le nom
De l’inconnu soit révélé
Avant le matin !»

DES VOIX DANS LE LOINTAIN
Sous peine de mort !

LES HÉRAUTS
« Que cette nuit nul ne dorme
Dans Pékin !»

DES VOIX DANS LE LOINTAIN
Que nul ne dorme !
Que nul ne dorme !

LE PRINCE INCONNU
Que nul ne dorme !
Que nul ne dorme...
Toi non plus, ô Princesse !
Dans ta chambre glacée
Tu regardes les étoiles qui tremblent
D’amour et d’espérance !
Mais mon mystère est enfermé en moi !
Personne ne saura mon nom !

Nein, nur auf deinen Lippen sag’ ich ihn,
sobald die Sonne aufgeht!
Der Kuß allein soll dieses Schweigen lösen,
durch den du mein wirst!

FRAUENSTIMMEN
Wenn niemand seinen Namen weiß,
dann müssen wir den Tod erleiden!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Die Nacht entweiche!
Der letzte Stern erbleiche!
Damit der Tag ersteh’ und,
mit dem Tag, mein Sieg!
(Zwischen Gebüschen schleichen die drei Minister
heran an der Spitze von bunten Gestalten, die immer
zahlreicher werden.)

PING
Statt deinen Blick nach den Sternen zu lenken,
solltest du auf uns deine Augen senken!

PONG
In deiner Hand liegt unser Leben!

PANG
Ja, unser Leben!

PING
Kennst du den Aufruf?
Durch ganz Peking rennt der
Tod und klopft an jede Tür:
Der Name!

Non, je le dirai sur ta bouche
Lorsque brillera la lumière !
Et mon baiser brisera le silence
Qui te fait mienne !

DES VOIX DE FEMMES
Personne ne saura son nom...
Et nous devrons, hélas, mourir !

LE PRINCE INCONNU
Dissipe-toi, ô nuit !...
Disparaissez, étoiles !
À l’aube je vaincrai !
Je vaincrai ! Je vaincrai !
(Glissant entre les buissons, entrent les trois ministres
à la tête d’une petite foule qui ira toujours en
augmentant.)

PING
Toi qui regardes les étoiles,
Abaisse les yeux.

PONG
Notre vie est en ton pouvoir !

PANG
Notre vie !

PING
As-tu entendu le décret ?
À travers les rues de Pékin, à chaque porte
La mort frappe et crie :
Le nom !

DIE MINISTER
Der Name! Unser Blut!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Was verlangt ihr von mir?

DIE MINISTER
Sag, was du willst!
Suchest du wirklich die Liebe?
Wohlan: so bediene dich!
(stößt dem Prinzen eine Gruppe sehr hübscher,
halbnackter Mädchen vor die Füße)
Sieh nur
diese schlanken Mädchen!

PONG und PANG
Oh, schöne Weiber...

PING
O berauschende Formen
der jungen Leiber!

FRAUEN
Ah, ah!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Nein, nein!

PONG und PANG
Suchst du Reichtum?
Er werde dir zuteil!
(auf einen Wink werden Körbe mit Gold und Kleinodien
gebracht)

LES MINISTRES
Le nom ! Ou le sang !

LE PRINCE INCONNU
Que voulez-vous de moi !

LES MINISTRES
Dis toi-même ce que tu veux ?
Est-ce l’amour que tu cherches ?
Et bien : tiens !
(Il pousse aux pieds du Prince un groupe de très belles
jeunes filles presque nues.)
Regarde, elles sont belles
Dans leurs voiles brillants !

PONG et PANG
Des corps flexibles...

PING
Toutes les ivresses et les promesses
De prodigieux enlacements !

LES FEMMES
Ah ! ah !

LE PRINCE INCONNU
Non ! Non !

PONG et PANG
Que veux-tu ? Des richesses ?
Tous les trésors sont à toi !
(Sur un geste, des corbeilles, des coffrets, des sacs
pleins d’or et de bijoux sont portés devant lui.)

PING
Durch tiefstes Dunkel leuchten diese Steine...

PONG
Blaue Feuer!

PING
Glänzende Edelsteine!

PANG
Grünes Flimmern!

PONG
Bleiche Hyazinthen!

PANG
Rote, flammende Rubine!

PING
Tränen sind’s aus Sternen!

PONG und PANG
Blaue Feuer!
Rote Flammen!

PING
Nimm: alles sei dein!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Nein! Reichtümer will ich nicht!

DIE MINISTER
Willst du den Ruhm?
Wir verhelfen dir zur Flucht...

PING
Elles brisent la nuit noire...

PONG
Lueurs bleues !

PING
... Ces gemmes fulgurantes !

PANG
Vertes splendeurs !

PONG
Pâles hyacinthes !

PANG
Les flammes rouges des rubis !

PING
Ce sont des gouttes d’astres !

PONG et PANG
Feux azurés !
Flammes rouges !

PING
Prends ! Tout est à toi !

LE PRINCE INCONNU
Non ! Aucune richesse ! Non !

LES MINISTRES
Veux-tu la gloire ?
Nous te ferons fuir...

PONG und PANG
... und du wirst den Sternen nachziehen,
ferne Märchenreiche zu erobern!

ALLE
Flieh, flieh von hier!
Daß du uns verläßt,
ist allein unsere Rettung!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Tag, brich an!
Daß der Alpdruck von mir weiche!

PING
Du weißt noch nicht,
wozu die Grausame fähig ist!
Du weißt es nicht!

DIE MINISTER
Du weißt nicht, welche
Qualen China erfinden wird,
wenn du bleibst und uns
deinen Namen nicht nennst!

ALLE
Die Schlaflose kennt kein Verzeihen!
Wir sind alle verloren!
Es wird ein furchtbares Gemetzel geben!
Scharfe Eisen!
Quälendes Rädern!
Glühende Zangen!
Langer, qualvoller Tod!
Verdirb uns nicht!

PONG et PANG
... Et tu iras au loin, guidé par les étoiles
Vers des empires fabuleux !

TOUS
Fuis ! Fuis !
Va ! Va au loin !
Et nous sommes tous sauvés !

LE PRINCE INCONNU
Aube, viens !
Dissipe ce cauchemar !...

PONG
Étranger, tu ne sais pas
De quoi la Cruelle est capable
Tu ne sais pas !

LES MINISTRES
Tu ne sais pas quelles horribles souffrances
La Chine peut inventer
Si tu restes et ne nous révèles pas
Ton nom !

TOUS
Celle qui est là sans sommeil ne pardonne pas !
Nous serons perdus !
Ce sera une horrible torture !
Les fers aiguisés !
Les roues hérissées !
La morsure ardente des tenailles !
La mort, gorgée par gorgée !
Ne nous fais pas mourir !

DER UNBEKANNTE PRINZ
Vergeblich alles Bitten!
Vergeblich alles Drohen!
Mag die Welt untergehen:
ich will Turandot!

DIE MENGE
Sie wird nie dein! Nein!
Weil du noch vor uns stirbst!
Verfluchter!
Sag uns deinen Namen!
(Eine Gruppe von Häschern schleppt den alten Timur
und Liù herbei. Beide bluten.)

HÄSCHER
Hier ist der Name!
Wir haben ihn!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Die beiden kennen
meinen Namen nicht!

PING
Der Alte und das Mädchen,
die gestern mit ihm sprachen!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Laßt sie los!

PING
Sie kennen das Geheimnis!
Wo habt ihr sie gefangen?

LE PRINCE INCONNU
Prières inutiles !
Inutiles menaces !
Dût le monde s’écrouler,
Je veux Turandot !

LA FOULE
Tu ne l’auras pas ! Non !
Tu mourras avant de nos mains !
Sois maudit !
Parle ! Ton nom ! Ton nom !
(Un groupe de sbires traîne le vieux Timur et Liù, les
vêtements en lambeaux, brisés par les coups, ensanglantés.)

LES SBIRES
Le voilà, le nom !
Le voilà ! le voilà !

LE PRINCE INCONNU
Ces gens ne savent pas !
Ils ignorent mon nom...

PING
C’est le vieillard et la jeune fille
Qui, hier soir, parlaient avec toi !

LE PRINCE INCONNU
Laissez-les !

PING
Ils savent le secret !
Où les avez-vous ramassés ?

HÄSCHER
An der Stadtmauer
sahen wir sie gehen!

MINISTER und MENGE
Prinzessin! Prinzessin!
(Turandot erscheint. Alles sinkt zu Boden. Nur Ping tritt
äußerst untertänig vor und sagt:)

PING
Göttergleiche Prinzessin!
Des Unbekannten Name steckt
hinter diesen Lippen verschlossen.
Doch gibt es Eisen, diese
Zähne zu brechen
und diesen Mündern
den Namen zu entreißen!

TURANDOT
Wie bleich wirst du, Fremdling!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Die eigne Angst nur
läßt dir mein Antlitz
bleich erscheinen!
Den beiden bin ich unbekannt!

TURANDOT
Wir werden sehen!
Du, Alter. sprich!
Ich will, daß er spricht!
Sein Name!

LES SBIRES
Alors qu’ils erraient là-bas
Près des murailles !

LES MINISTRES et LA FOULE
Princesse ! Princesse !
(Turandot paraît au bord du pavillon. Tous se
prosternent jusqu’à terre. Ping seul, approchant avec
grande humilité, parle.)

PING
Princesse divine !
Le nom de l’inconnu est enfermé
Dans ces bouches silencieuses.
Et nous avons des instruments
Pour déclouer ces dents,
Et nous avons des pinces
Pour arracher ce nom !

TURANDOT
Tu es pâle, étranger !

LE PRINCE INCONNU
Ton inquiétude
Voit la pâleur de l’aube
Sur mon visage !
Ces gens ne me connaissent pas !

TURANDOT
Nous verrons !
Allons, parle, vieillard !
Je veux qu’il parle !
Son nom !

LIÙ
Den Namen, den ihr suchet,
kenn’ ich allein!

DIE MENGE
Wir sind gerettet,
atmen wieder auf!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Was weißt du, Sklavin, denn!

LIÙ
Ich weiß den Namen...
Welche Wonne,
allein den Namen zu wissen
und ihn nie zu verraten!

DIE MENGE
Spannt sie auf die Folter!
Sie soll reden oder sterben!

DER UNBEKANNTE PRINZ
(stellt sich schützend vor Liù)
Büßen sollt ihr diese Tränen!
Ihre Leiden sollt ihr büßen!

TURANDOT
Bindet Ihn!

LIÙ
Gebieter, rede nicht!
(Der Prinz wird von den Wachen gefesselt; Liù, von
ihren Qualen ermattet, ist auf die Knie gesunken.)

LIÙ
Je suis seule à connaître
Le nom que vous cherchez.

LA FOULE
Notre vie est sauve.
Le cauchemar s’est dissipé !

LE PRINCE INCONNU
Tu ne sais rien, esclave !

LIÙ
Je sais son nom...
C’est mon bonheur suprême
De le tenir secret et de le posséder
Moi seule.

LA FOULE
Qu’elle soit liée ! Qu’on la déchire !
Pour qu’elle parle, pour qu’elle meure !

LE PRINCE INCONNU
(se place devant Liù pour la protéger)
Vous paierez ses larmes !
Vous paierez ses tourments !

TURANDOT
Saisissez-le !

LIÙ
Seigneur, je ne parlerai pas !
(Le Prince est saisi par les sbires et immobilisé,
attaché ; Liù saisie par ses persécuteurs est tombée à
genoux par terre.)

PING
Sein Name!

LIÙ
Nein!

PING
Sein Name!

LIÙ
Vergib, Gebieter, der Sklavin:
sie kann nicht mehr gehorchen!
(Ein Häscher dreht ihr das Handgelenk um.)
Ah!

TIMUR
Warum schreist du?

DER UNBEKANNTE PRINZ
Laßt sie!

LIÙ
Nein...nein...Ich schrei’ nicht mehr!
Niemand tut mir weh!
Niemand rührt mich an.
(zu den Häschern)
Fester...
Aber schließt mir den Mund,
sodaß er mich nicht hört!
Ich halte es nicht länger aus!

DIE MENGE
Sag seinen Namen!

PONG
Le nom !

LIÙ
Jamais !

PING
Le nom !

LIÙ
Ta servante te demande pardon,
Mais elle ne peut obéir !
(Un sbire lui serre les poignets.)
Ah !

TIMUR
Pourquoi cries-tu ?

LE PRINCE INCONNU
Laissez-la !

LIÙ
Non... non... Je ne crie plus !
Ils ne me font pas mal !
Non. Personne ne me touche.
(aux sbires)
Serrez...
Mais fermez-moi la bouche
Afin qu’il ne m’entende pas !
Je ne résiste plus !

LA FOULE
Parle ! Son nom !

TURANDOT
Laßt sie frei!
Sprich!
(Liù wird entfesselt.)

LIÙ
Dann lieber den Tod!

TURANDOT
Wer hat deinem Herzen
solchen Heldenmut gegeben?

LIÙ
Die Liebe, Prinzessin!

TURANDOT
Die Liebe?

LIÙ
Diese heimliche Liebe,
die ich nie eingestand;
sie ist so gewaltig,
daß die Folter mir süß,
wie ein Geschenk an meinen Herrn, erscheint...
Denn durch mein Schweigen
schenk’ ich ihm deine Liebe...
Dich, Prinzessin, schenk ich ihm,
und selbst verlier’ ich alles
bis auf den letzten Hoffnungsschimmer...
So fesselt mich und foltert mich!
Zeigt nur kein Mitgefühl!
Quält mich! Alle Qualen
sind meine Liebesgabe!

TURANDOT
Qu’on la laisse !
Parle.
(On libère Liù.)

LIÙ
Je mourrai plutôt !

TURANDOT
Qui a mis tant de force
Dans ton cœur ?

LIÙ
Princesse, l’amour !

TURANDOT
L’amour ?

LIÙ
Tant d’amour, secret et inavoué,
Si grand, que ces tourments
Sont doux pour moi,
Car j’en fais don
À mon seigneur...
Car, en me taisant, je lui donne
Ton amour...
Je te donne à lui, Princesse,
Et je perds tout !
Même l’impossible espoir !...
Liez-moi ! Déchirez-moi !
Donnez-moi les tourments et les peines !
Ah ! comme une offrande suprême
De mon amour !

TURANDOT
Entreißt ihr das Geheimnis!

PING
So ruft Pu-Tin-Pao!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Nein, du Verfluchter!

DIE MENGE
Den Henker ruft!

PING
Er soll sie foltern!

DIE MENGE
Schnell auf die Folter! Rede!

LIÙ
Ich kann nicht länger widerstehen!
Ich habe Angst vor mir!
Laßt mich hindurch!

DIE MENGE
Rede! Rede’

LIÙ
Nun denn, Prinzessin, höre!
Du bist von Eis umgürtet,
doch solcher Glut wirst du erliegen,
und dann wirst lieben ihn auch du!
Eh’ noch der Morgen dämmert,
schließ müde ich die Augen,
damit er nochmals siege...
Und ich ihn nimmer wiederseh’!

TURANDOT
Arrachez-lui son secret !

PING
Appelez Pu-Tin-Pao !

LE PRINCE INCONNU
Non, maudit, maudit !

LA FOULE
Le bourreau !

PING
Qu’on la mette à la torture !

LA FOULE
À la torture ! Oui, le bourreau ! Qu’elle parle !

LIÙ
Je ne résiste plus !
J’ai peur de moi-même !
Laissez-moi passer !

LA FOULE
Parle ! Parle !

LIÙ
Oui, Princesse, écoute-moi !
Toi qui es ceinte de glace,
Vaincue par une telle flamme
Toi aussi tu l’aimeras !
Avant cette aurore,
Fatiguée, je ferme les yeux,
Pour qu’il soit encore vainqueur...
Pour ne plus le voir !

(Sie ergreift plötzlich den Dolch eines Soldaten und
stößt ihn sich in die Brust. Sie erblickt den Prinz und
sieht ihn voller Zärtlichkeit an. Dann sinkt sie tot vor
seinen Füßen zusammen.)


DIE MENGE
Rede! Rede!
Sag uns den Namen!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Ah! Tot ist sie,
meine arme, kleine Liù!
(Turandot starrt auf die am Boden liegende Liù, dann
reißt sie zornig einem Häscher eine Peitsche aus der
Hand und schlägt damit dem Soldaten, der sich von Liù
das Messer hatte nehmen lassen, ins Gesicht Der
unbekannte Prinz wird aus seinen Fesseln befreit Dann
erhebt sich der alte Timur wie ein Irrsinniger und geht
wankend zu der Toten. Kniet ergriffen nieder und sagt:)

TIMUR
Liù...Liù...Erhebe dich!
Die Stunde ist da,
wo alles erwacht!
Der Morgen ist da, Liù...
Öffne deine Augen, Täubchen!
(Eine Regung des Mitleids geht durch die Menge. Auf
dem Antlitz Turandots bemerkt man den Ausdruck von
Furcht. Ping geht roh zum alten Timur, um ihn
fortzuführen. Aber als er nahe bei ihm ist, wird seine
Grausamkeit besiegt und die Härte seines Tons
gemildert.)

(Elle saisit par surprise le poignard d’un soldat et se
blesse mortellement. Elle tourne des yeux égarés,
regarde le Prince encore retenu par les gardes. Elle
chancelle près de lui et tombe morte à ses pieds.)


LA FOULE
Ah ! Parle ! Parle !
Son nom ! Son nom !

LE PRINCE INCONNU
Ah ! Tues morte,
Ô ma petite Liù !...
(Il se fait un grand silence, plein de terreur. Turandot
fixe Liù étendue par terre ; puis, d’un geste plein de
colère, elle arrache à un aide du bourreau, qui se
trouve près d’elle, une verge et en frappe en plein
visage le soldat qui s’est laissé arracher son poignard
par Liù. Le Prince est libéré. Alors le vieux Timur,
comme hors de lui, se lève, se rapproche de la petite
morte, s’agenouille et parle.)


TIMUR
Liù... Liù... Lève-toi !
C’est l’heure claire
De tout réveil !
C’est l’aube, ô ma petite Liù...
Ouvre les yeux, ma colombe !
(Chacun éprouve une sensation de pitié, de remords.
Sur le visage de Turandot passe une expression
d’angoisse. Ping s’en aperçoit et va rudement vers le
vieillard pour l’écarter. Mais lors qu’il est près de lui, sa
cruauté naturelle est vaincue et la dureté de sa voix s’atténue.)

PING
Erhebe dich, Alter! Sie ist tot!

TIMUR
Ah! Fürchterliche Untat!
Dafür büßen wir alle!
Ihre gekränkte Seele wird sich rächen!
(Da ergreift eine ungeheure Furcht die Menge: die
Furcht, daß jene Tote nun ein Geist geworden sei und
sich in einen Vampir verwandelt habe-gemäß
chinesischem Aberglauben. Während Kammerfrauen
das Antlitz Turandots mit einem Schleier bedecken, ruft
die Menge flehend.)

DIE MENGE
Klagender Schatten, vergilt es nicht an uns!
Klagender Schatten, gib uns Vergebung!
(Andächtig wird der kleine Körper emporgehoben,
während die Menge ergriffen zuschaut. Timur geht zu
dem Leichnam und ergreift eine Hand der Toten, neben
ihr gehend.)


TIMUR
Liù... so treu!
Liù... so treu!
Laß uns von neuem auf die Wand’rung gehen,
ich fasse deine Hand, daß du mich führst!
Wohin, das weiß ich wohl.
Und folgsam wie bisher
will den letzten Gang ich tun,
um dann für immer neben dir zu ruh’n!

PING
Lève-toi, vieillard ! Elle est morte !

TIMUR
Ô crime affreux !
Nous expierons tous !
L’âme offensée se vengera !
(Alors, une terreur superstitieuse saisit la foule : la
terreur que la morte, devenue esprit malfaisant parce
que victime d’une injustice, soit changée, selon la
croyance populaire, en vampire. Et, tandis que deux
servantes couvrent le visage de Turandot d’un voile
blanc brodé d’argent, la foule supplie.)

LA FOULE
Ombre dolente, ne nous fais pas de mal !
Ombre offensée, pardonne ! pardonne !
(Avec une pitié religieuse, le petit corps est soulevé,
dans le profond respect général. Le vieillard s’approche,
serre tendrement une main de la morte et marche près
d’elle.)

TIMUR
Liù... bonté !
Liù... douceur !
Ah ! marchons ensemble encore une fois,
Ainsi, ta main dans ma main !
Je sais bien où tu vas.
Et je te suivrai
Pour me reposer près de toi
Dans la nuit qui n’a pas de matin !

PING
Heute zum ersten Mal entlockt
mir der Tod kein höhnisch Lachen!

PONG
Allzusehr spür’ ich heute
das Herz, das in mir erwachte
und mich quält.

PANG
Dieses tote Mädchen lastet
wie ein Stein auf mir!
(Während des Trauerzuges spricht die Menge:)

DIE MENGE
Liù... du Gute... vergib uns!
Liù... du Süße... schlafe!
Liù... Poesie... vergiß!
(Alle haben den Platz verlassen. Nur der Prinz und
Turandot bleiben zurück.)

DER UNBEKANNTE PRINZ
Prinzessin des Todes!
Prinzessin von Eis!
O steig herab auf die Erde
aus deinem freudlosen Himmel!
Hebe empor deinen Schleier...
Gönn’ deinen grausamen Augen
den Anblick des Bluts,
das geflossen für dich!
(Er stürzt vor und entreißt ihr den Schleier)

TURANDOT
Fremder Mann, was erkühnst du dich?
Ich bin kein Menschenwesen...

PING
Ah ! pour la première fois
Je ne ricane pas devant la mort !

PONG
La vieille machine, le cœur,
S’est réveillée là-dedans
Et me tourmente.

PANG
Cette enfant sans vie pèse
Sur mon cœur comme une meule !
(Pendant que le cortège se met en route, la foule parle.)

LA FOULE
Liù... bonté... pardonne !
Liù... douceur, dors !
Oublie ! Liù... Poésie !
(Tous sont sortis. Seuls restent le Prince et Turandot.)

LE PRINCE INCONNU
Princesse de mort !
Princesse de glace !
De ton ciel tragique
Descends sur la terre !
Ah ! Soulève ce voile...
Regarde... regarde, cruelle,
Ce sang très pur
Qui fut versé pour toi !
(Il se jette sur elle et lui arrache son voile.)

TURANDOT
Qu’oses-tu faire, étranger ?
Je ne suis pas chose humaine...

Ich bin die Tochter
des Himmels!
Nun hältst du wohl meinen Schleier,
doch an meine Seele reichst du nicht!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Deine Seele mag fern sein,
doch dein Leib, der ist nah!
Und mit brennenden Händen
will ich fassen den goldenen Saum
des Sternenmantels, der dich einhüllt.
Meine bebenden Lippen will ich pressen auf dich.

TURANDOT
Entweih’ mich nicht!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Ich will dich lebend fühlen!

TURANDOT
Hinweg!
Entweih’ mich nicht!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Deine Kälte ist Lüge!

TURANDOT
Nie beug’ ich mich dem Mann!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Ich will, daß du mein wirst!

TURANDOT
Was die Ahnfrau erduldet,
soll mir nicht gescheh’n!

Je suis la fille du ciel...
Libre et pure.
Tu étreins mon voile froid,
Mais mon âme est là-haut !

LE PRINCE INCONNU
Ton âme est là-haut !
Mais ton corps est tout proche.
De mes mains brûlantes, j’étreindrai
Les lisières d’or de ton manteau étoilé...
Je presserai sur la tienne
Ma bouche frémissante...

TURANDOT
Ne me profane pas !

LE PRINCE INCONNU
Ah ! Te sentir vivante !

TURANDOT
Arrière !
Ne me profane pas !

LE PRINCE INCONNU
Ta glace n’est que mensonge !

TURANDOT
Non, jamais personne ne m’aura !

LE PRINCE INCONNU
Je te veux mienne !

TURANDOT
La torture de mon aïeule
Ne se renouvellera pas ! Non !

DER UNBEKANNTE PRINZ
Ich will, daß du mein wirst!

TURANDOT
Rühr’ mich nicht an!
Es ist Frevel!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Dein Kuß gibt mir die Ewigkeit!

TURANDOT
Frevel!
(Nach seinem letzten Wort, im Bewußtsein seines
guten Rechtes und seiner Leidenschaft, reißt er
Turandot in seine Arme und bedeckt sie mit glühenden
Küssen. Solchem Ungestüm weicht Turandots
Widerstand; sie hat keine Stimme, keine Kraft, keinen
Willen mehr. Die Umarmung hat sie verwandelt. In
flehendem, fast kindlichem Ton flüstert sie:)
Was ist mir geschehen?
Ich bin verloren!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Du morgenfrische Blume!
Ich atme deinen Duft!
Ich fühle dich mit Wonne
an meiner Brust erbeben!
In Ohnmacht dich vor Lust versinken!
Du lilienweiße,
in deinem Silbergewande!

STIMMEN VON INNEN
Ah! Ah!

LE PRINCE INCONNU
Je te veux mienne !

TURANDOT
Ne me touche pas, étranger !
C’est un sacrilège !

LE PRINCE INCONNU
Non. Ton baiser me donne l’éternité !

TURANDOT
Sacrilège !
(Et en parlant ainsi, le Prince Inconnu, fort de la
conscience de son droit et de sa passion, renverse
Turandot dans ses bras et l’embrasse frénétiquement.
Turandot – sous une telle fougue – ne résiste plus, n ‘a
plus de force, n ‘a plus de volonté. L’incroyable contact
l’a transfigurée. Avec un accent de prière presque
enfantin, elle murmure :)
Que m’arrive-t-il ?
Je suis perdue !

LE PRINCE INCONNU
Ma fleur !
O ! ma fleur du matin !
Ma fleur, je te respire !
Tes seins de lis,
Ah ! tremblent sur mon cœur !
Déjà je te sens défaillir de douceur,
Toute blanche dans ton manteau d’argent !

LES VOIX DANS LE LOINTAIN
Ah ! Ah !

TURANDOT
Wie konntest du siegen?

DER UNBEKANNTE PRINZ
Du weinst?

TURANDOT
Es tagt! Es tagt!
Und Turandot geht unter!

STIMMEN VON INNEN
Morgen! Licht und Leben!
Alles ist rein!
Alles ist heilig!
Wie süß sind deine Tränen!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Es tagt! Es tagt!
Mit der Sonne geht die Liebe auf!

TURANDOT
Niemand soll mich seh’n...
Mein Ruhm ist hin!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Nein! Er beginnt erst!

TURANDOT
Scham über mich!

DER UNBEKANNTE PRINZ
O Wunder!
Wie Glorienschein krönt
dich der Zauber
des ersten Kusses, der ersten Tränen.

TURANDOT
Comment as-tu vaincu ?

LE PRINCE INCONNU
Tu pleures ?

TURANDOT
C’est l’aube ! C’est l’aube !
L’astre de Turandot décline !

DES VOIX DANS LE LOINTAIN
L’aube ! Lumière et vie !
Tout est pur !
Tout est sain !
Quelle douceur dans tes larmes !

LE PRINCE INCONNU
C’est l’aube ! C’est l’aube !
Et l’amour naît avec le soleil !

TURANDOT
Que personne ne me voie...
Ma gloire est finie !

LE PRINCE INCONNU
Non ! Elle commence !

TURANDOT
La honte est sur moi !

LE PRINCE INCONNU
Miracle !
Ta gloire resplendit
Dans l’enchantement du premier baiser,
Des premières larmes.

TURANDOT
Die ersten Tränen... ach!
Ja, die ersten Tränen fühle ich.
Fremdling, als du gekommen,
empfand ich mit Schauder
dieses Lust- und Wehgefühl.
Wie viele sah ich für mich sterben!
Ich habe sie verachtet,
doch dich hab’ ich gefürchtet!
Aus deinen Augen strahlte
der Glanz der Helden!
Aus deinen Augen strahlte
die kühnste Sicherheit...
Dafür hab’ ich dich geliebt,
gequält und zerrissen
von zwei verzehrenden Ängsten:
Dich zu besiegen oder besiegt zu werden...
Und ich bin besiegt...
Ah! Nicht siegte über
mich die Prüfung so sehr
als dieses Feuer,
das aus dir strömte!

DER UNBEKANNTE PRINZ
Sei mein! Mein!

TURANDOT
Das war’s, was du verlangtest.
Jetzt hast du es erreicht.
Verlange nicht nach größ’rem Sieg...
Verlaß mich, Fremdling,
nimm dein Geheimnis mit dir!

TURANDOT
Des premières larmes... ah !
Oui, des premières larmes.
Étranger, quand tu es arrivé,
J’ai senti avec angoisse
Le frisson fatal de ce mal suprême.
Combien en ai-je vu mourir pour moi !
Et je les ai tous méprisés ;
Mais toi, je t’ai craint !
Il y avait dans tes yeux
L’éclat des héros !
Il y avait dans tes yeux
La fière certitude...
Et je t’ai haï à cause d’elle...
Et à cause d’elle je t’ai aimé,
Tourmentée, partagée
Entre deux terreurs égales :
Vaincre ou être vaincue...
Et je suis vaincue.. Ah !
Vaincue, plus encore que par l’épreuve,
Par cette fièvre
Qui me vient de toi !

LE PRINCE INCONNU
Tu es mienne ! mienne !

TURANDOT
C’est cela, cela que tu demandais.
Tu le sais maintenant.
Ne cherche pas une victoire plus grande...
Pars, étranger...
Avec ton mystère !

DER UNBEKANNTE PRINZ
Mein Geheimnis?
Ich habe es nicht mehr!
Sei mein! Die du bebst,
sobald ich dich berühre,
die du erbleichst, wenn ich dich küsse;
du kannst mich verderben, wenn du willst.
Meinen Namen und mein Leben
geb’ ich dir.
Ich bin Calaf, des Timur Sohn!

TURANDOT
Ich kenne deinen Namen!

CALAF
Mein Ruhm ist deine Umarmung!

TURANDOT
Hör’ die Trompeten!

CALAF
Mein Leben ist dein Kuß!

TURANDOT
Die Stunde ist da!
Die Stunde der Prüfung!

CALAF
Ich fürcht’ sie nicht!

TURANDOT
O Calaf, komm vor das Volk mit mir!

CALAF
Du hast gesiegt!

LE PRINCE INCONNU
Mon mystère ?
Je n’en ai plus !
Tu es mienne !
Toi qui trembles si je t’effleure !
Toi qui pâlis si je t’embrasse,
Tu peux me perdre si tu le veux.
Mon nom et ma vie
À la fois je te les donne.
Je suis Calaf, fils de Timur !

TURANDOT
Je sais ton nom !

CALAF
Ma gloire est dans ton étreinte !

TURANDOT
Entends-tu ? Les trompettes sonnent !

CALAF
Ma vie est dans ton baiser !

TURANDOT
Voilà ! C’est l’heure !
C’est l’heure de l’épreuve !

CALAF
Je ne la crains pas !

TURANDOT
Ah ! Calaf, devant le peuple avec moi !

CALAF
Tu as vaincu !

Zweite Szene

Die malerische Außenseite des Kaiserpalastes
(Ganz in weißem Marmor, auf dem die Morgenröte
gleichsam Blumen malt, über einer Treppe, in der Mitte
der Bühne, thront der Kaiser, umgeben vom Hof, den
Würdenträgern und Weisen.
Auf beiden Seiten des Platzes, in weitem Halbkreis,
eine zahllose, jubelnde Volksmenge.)


DIE MENGE
Zehntausend Jahre unserm Kaiser!
(Die drei Minister breiten einen goldenen Mantel über
den Boden, als Turandot die Treppe emporsteigt.
Plötzlich tritt Stille ein.)

TURANDOT
Mein Herr und Vater!
Ich weiß des Fremdlings Namen!
Sein Name ist: Gemahl
(Calaf stürmt die Treppe empor. Die beiden
Liebenden sinken sich in die Arme.)

DIE MENGE
Gemahl!
O Sonne! Leben! Ewigkeit!
O Liebe, Licht der Welt!
Wir jubeln und singen der Sonne
die Unermeßlichkeit uns’res Glücks!
Glück dir! Segen dir!


ENDE
Deuxième scène

La façade du palais impérial
(Il est tout de marbre blanc sculpté, sur lequel les
reflets rosés de I ‘aurore s’allument comme des fleurs.
Sur un grand escalier, au centre de la scène, l’Empereur
entouré de sa cour, des dignitaires, des savants, des
soldats. Des deux côtés de l’esplanade, en un vaste
demi-cercle, l’énorme foule qui acclame.)


LA FOULE
Dix mille ans à notre Empereur !
(Les trois ministres étendent par terre un manteau d’or,
tandis que Turandot gravit l’escalier. Soudain, c’est le silence.)

TURANDOT
Père auguste.. je sais le nom
De l’étranger !
Son nom est... Amour !
(Calaf gravit l’escalier d’un bond. Les deux amants se
jettent dans les bras l’un de l’autre.)

LA FOULE
Amour !
O Soleil ! Vie ! Éternité !
L’amour est la lumière du monde !
Dans le Soleil rit et chante
Notre bonheur infini !
Gloire à toi ! Gloire à toi !


FIN

 Print-frendly

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