DM's opera site
libretti & information
ComposersOperasLinksForumAbout
Other “Manon Lescaut” libretti [show]
Italian
English
German
French
Line-by-line [show]
Italian
English
German

Manon Lescaut” by Giacomo Puccini libretto (French)

 Print-frendly
Contents: Personnages; Premier Acte; Deuxième Acte; Troisième Acte; Quatrième Acte
QUATRIÈME ACTE

EN AMÉRIQUE

Une vaste plaine stérile aux confins de la Nouvelle
Orléans.
(Le sol est nu, vallonné, l’horizon sans bornes, le ciel
nuageux. Le soir tombe. Manon et Des Grieux entrent
en scène. Ils sont déguenillés et abattus. Manon,
exténuée, s’appuie sur Des Grieux qui la soutient avec
peine.)

DES GRIEUX
Repose-toi sur moi.
Encore un peu de courage,
et nous verrons le terme
de ce maudit voyage.

MANON
Avance, avance encore,
Voici que la nuit nous entoure...

DES GRIEUX
Repose-toi, Manon.

MANON
Le vent se lève sur la grande plaine
le jour décline...
Avance, avance...
(Elle tombe.)

DES GRIEUX
Manon !

MANON
Je tombe. Je succombe.
Je t’envie ta force...
Moi frêle, faible...

DES GRIEUX
Tu souffres ?

MANON
Affreusement.
(Elle veut le rassurer.)
Non, non, que dis-je ?
Ce sont lâches et folles paroles,
laisse-moi reposer
quelques minutes, ami fidèle...
viens près de moi, plus près.

DES GRIEUX
Manon, écoute-moi...
Écoute-moi, ma vie...
Regarde et vois, c’est moi qui pleure,
j’ai dans mes doigts et j’embrasse
tout l’or de ta chevelure.
Ah ! Manon... réponds à ma voix.
Tu te tais, ô désespoir !
(touchant son front; à part)
C’est la mauvaise fièvre
qui n’épargne personne ;
J’ai le pressentiment
qu’un grand malheur nous menace.
(à Manon)
Réponds-moi, mon aimée...
Tu te tais ! Manon !

MANON (revient à elle, peu à peu)
C’est toi qui pleures,
toi qui m’appelles !
Tout contre mon visage,
j’ai senti tes chaudes larmes
Elles m’ont réveillée.
Ah, c’est toi qui pleures, toi qui m’appelles !
Mon amour, aide-moi !

DES GRIEUX
Mon amour... ô Manon !...
Ah Manon, mon amour !

MANON
Mon amour ! Mon amour, aide-moi !

DES GRIEUX
O ma chère Manon !

MANON
J’ai soif... je souffre... c’est affreux...

DES GRIEUX
Je donnerais tout mon sang pour elle...
(Il fait quelques pas et scrute l’immense horizon.)
Non rien... rien...
Désert aride... terre impitoyable !...
O ciel de plomb !
Seigneur à qui jadis j’adressais des prières,
au secours ! au secours !

MANON
Oui, au secours ! une goutte d’eau !
Écoute, pendant qu’ici
je me reposerai, va là bas,
et cherche un abri pour la nuit.
Dépêche-toi, et reviens bien vite
pour m’annoncer la bonne nouvelle.
(Des Grieux cherche un instant où étendre Manon, fait
quelques pas indécis, puis soudain résolu, s’éloigne.)
Seule, perdue, abandonnée !
Je suis damnée, abandonnée.
N’est-ce pas là que ma tombe se creuse ?
O sort cruel ! Fatale destinée !
Dans ce pays désert, tous m’ont trahie,
ils ont voulu nous séparer.
Seule, damnée, je suis abandonnée!
Ah ! non, je ne veux pas mourir !.
Tout est donc fini.
J’avais pensé trouver la paix.
Ah ! ma beauté funeste
fait mon malheur encore
à lui, ils ont voulu me prendre
Je vois tout mon passé qui me regarde
oui, là, devant mes yeux hagards.
Il rôde, c’est l’Ange de la Mort !
Tout est fini,
et je désire pour mon repos la tombe.
Ah ! non, je ne veux pas mourir!
Mon amour, aide-moi! Non!
(Des Grieux va vivement à Manon.)
Pour la dernière fois, dans tes bras ?
Apportes-tu la bonne nouvelle ?

DES GRIEUX
Je n’ai rien vu, cette terre
est partout inhumaine.
En vain, j’ai suivi la plaine.

MANON
Je meurs et les ténèbres
sur moi déjà descendent.

DES GRIEUX (avec une grande passion)
Non, non, c’est le délire, cette maudite fièvre !
Sur mon cœur viens revivre,
repose-toi, Manon.

MANON
Je t’aime tant et je meurs.
Vois, c’est à peine si... je puis parler...
Et je veux dire que je t’aime, je t’aime...
Suprême enchantement,
adorable ivresse,
O mon dernier désir !
Combien je t’aime, mon chevalier.

DES GRIEUX
(touchant sa joue : à lui-même)
Le froid de la mort...
Ah ! mon amoureuse épouse.

MANON
Mon tendre époux, courage,
plus de larmes,
mêlons plutôt nos âmes.
Les heures passent, embrasse-moi.

DES GRIEUX
Délices d’amour divines !
Nos flammes sont éternelles.

MANON
La flamme s’éteint,
Parle...mais parle !

DES GRIEUX
Manon !

MANON
Je ne t’entends plus, hélas
Viens là, ton visage tout près du mien.
Tes lèvres contre les miennes.
Unissons-les.
Hélas !

DES GRIEUX
Sans toi, Manon,
je ne puis exister.

MANON (dans un dernier effort)
Je ne veux pas ! Adieu !
Ma nuit commence.
J’ai froid.
Elle t’aimait follement, Manon, tu sais ?
Dis ?... les jours heureux de notre jeunesse
je ne les verrai plus.

DES GRIEUX
Mon Dieu !

MANON
Sur mes fautes c’est l’éternel oubli
mais nos amours... vivront...
(Elle meurt et Des Grieux, dans un mouvement
convulsif, tombe tout contre le corps de Manon qu’il
enlace.)

FIN
 
Contents: Personnages; Premier Acte; Deuxième Acte; Troisième Acte; Quatrième Acte

 Print-frendly

comments powered by HyperComments